Göteborg : le S.O.S international des militants emprisonnés depuis juin 2001

L'épilogue des émeutes de Göteborg où la police a tiré à balle réelle sur 3 manifestants a tourné en une pratique de corruption de la justice ce qui a eu pour effet de transformer le système judiciaire suédois en un système où les droits légaux de l'individu n'a pas de place. Voilà un résumé de la situation :

1. L'enquête préliminaire en ce qui concerne le jeune de 19 ans blessé par balle a été abandonnée. Les enquêteurs n'ont trouvé aucun soupçon de crime! De même il n'y a eu aucune enquête préliminaire sur les 12 coups de flingue tirés par la police en direction du foule en fuite, 2 autres personnes ayant été légèrement blessées.

2. Sur 182 enquêtes sur "les agissements inappropriés" de la police (tabassages, arrestations illégales, etc…), seule UNE a abouti à une mise en accusation préliminaire, et uniquement parce qu'il s'agissait du tabassage particulièrement sauvage d'un manifestant sans défense par 4 policiers montré à la télé.

3. Il a été prouvé par la télévision nationale que la police a trafiqué les films utilisés lors des procès. Les enquêtes préliminaires ont été abandonnées pour: "non-preuve de crime". (Les preuves n'étaient pas suffisantes pour établir le crime!)

4·La responsabilité de la police en ce qui concerne ses interventions illégales de police aux lycées Hvitfeldtska et Schillerska (où étaient logés presque en totalité mille manifestants) n'a pas été établie. Dans le premier cas, l'école a été entourée de bennes, empêchant les militants de se rendre à la grande manifestation contre la visite de Bush qui a réuni 16 000 personnes - et dans le deuxième cas l'école a été prise d'assaut au milieu de la nuit par une police spéciale équipée de fusils automatiques, les manifestants étant battus et harcelés.

5. les sentences pour des émeutes ont soudainement décuplé voir plus comparé à l'utilisation légale quant au même crime avant juin 2001. Les sentences moyennes pour des émeutes avant juin 2001 étaient des travaux d'intérêt général ou des peines d'emprisonnement de 2 mois avec sursis. La peine moyenne pour les émeutes de Göteborg a été 1 an et 9 mois. Dans de nombreux cas, elle a été jugée plus sévèrement que des viols ou des mauvais traitements ou même des complicités de meurtres où les coupables étaient des Hooligans ou des Nazis.

6·Dans plusieurs affaires, les accusés ont été condamnés collectivement avec des charges identiques et des répercussions identiques. Tous ont été chargés sans que leurs actions individuelles aient été prouvées ou prises en compte. Ce manque de responsabilité individuelle donne un exemple de la non-existence de justice.

7· Plus de 50 personnes ont été accusées ou attendent l'acte d'accusation et beaucoup sont toujours des suspects en attente d'enquête. 350 personnes ont été lavées de tout soupçon en décembre. Les incarcérations de la majorité des accusés - des jeunes gens - ont été extrêmement longues (1-3 mois). Ceux qui ont été incarcérés ont été tenus dans des cellules d'isolement ; 8 jeunes gens ont été tenus dans des cellules d'isolement pendant 100 jours, obligés de prendre des narcotiques lourds pour résister ("la torture mentale" selon l'Amnistie Internationale.)

8· les accusateurs ont catégorisé beaucoup de réunions légales et paisibles, prises d'assaut par la police, comme "des émeutes", ce qui signifie que les gens ne peuvent pas porter témoignage des interférences excessives et des mauvais traitements infligés par la police sans eux-mêmes risquer une accusation pour "des troubles" et une peine de plusieurs années dans la prison.

9.LE SCANDALE PAR DESSUS TOUT D'AUTRES
Le principal procès en cours suite à Göteborg est celui "de la Centrale d'Info". Selon le mythe créé par nos médias cette centrale a aidé à préparer soigneusement les émeutes de Göteborg, les a mises en projets, organisées et commandées par "une commande centrale", qui a dirigé "les vandales" dans les rues. Il y a, cependant, un petit problème avec cette théorie de conspiration : les personnes qui ont prétendument commandé les émeutes ont été arrêtées le premier jour et n'auraient pas pu ainsi avoir un rapport avec les émeutes du vendredi, qui étaient les plus sévères. Ce léger problème de logique ne permet pas d'expliquer la raison de l'augmentation décuplée de la longueur des peines infligées, la raison mentionnée fréquemment dans beaucoup de cas étant les préparatifs prudents, les projets et l'organisation d'émeutes dirigées par "une commande central". Alors quelle est donc cette soi-disant " Centrale d'Info" ?
Huit adolescents dans un appartement équipé d'UN ordinateur et de quelques téléphones cellulaires et un petit appareil pour contrôler la radio de police. C'est tout. Il est entièrement légal de contrôler la radio de police et ils n'ont caché à personne qu'ils faisaient. L'appartement était plein des gens toute la journée et il y avait une liste téléphonique où vous pouviez vous faire inscrire pour des messages de texte de téléphone cellulaire (SMS) pour savoir ce qui se passait dans les rues. Les 8 jeunes gens et probablement plusieurs autres personnes ont alors envoyé des informations sur ce qui se passait dans les rues, sur ce qu'ils avaient entendu à la radio de police et d'après ce qu'ils lisaient sur les journaux des sites web. Pourtant la cour n'a pas prêté attention aux autres personnes qui se trouvaient dans l'appartement ou même elle n'a pas cherché à déterminer qui a fait quoi - ils ont été jugés collectivement. Pourquoi ? Le Cour de 1ère instance a d'abord plaidé : " Instigation d'émeute ". La seule preuve substantielle consiste en 5 SMS (des messages de texte de téléphone cellulaire) envoyés à près de 50-60 personnes. Le plus spécifique et concret des messages se lit comme suit :

"Les gens se préparent à se défendre à l'intérieur d'Hvitfeldtska. La police est trop peu. Tout le monde doit s'y rendre pour aider leurs camarades ! Faites circuler l'info !"

Pour cela et beaucoup d'autres messages peu clairs, ils ont été condamnés par la Cour à des peines variant entre 3 et 4 ans de prison! Depuis environ 60 citoyens courageux pour aider leurs amis illégalement emprisonnés - évidemment - se sont dénoncés comme ayant accompli le même acte très criminel et ils se sont rendus au commissariat de police dans un acte de solidarité. "Devons-nous tous passe 4 ans en prison ?" Telle fut la question qu'ils ont posée. Après appel, la cour a statué sur le cas et le 8 février, les pénalités ont été baissées à 1 an et 4 mois jusqu'à 2 ans et 4 mois de prison et la classification du crime a été changée (!) "de l'incitation d'émeute" "à aide d'émeute" ! La sentence :

"Il n'est pas prouvé que ceux qui ont reçu les messages avaient une relation entre eux ou qu'ils ont agi conséquemment des messages".

Le mot "le scandale" n'est pas assez fort : dans la sentence elle-même, ils admettent qu'IL Y A AUCUNE PREUVE DU CRIME POUR LEQUEL ILS SONT CONDAMNÉS. Autrement dit, la cour a mis de côté le principe même sur lequel le système légal entier repose : NON COUPABLE JUSQU'À CE QU'IL EN SOIT PROUVÉ AUTREMENT. En absence de preuve, la cour se réfère au lieu de cela aux idées politiques de l'accusé et ses intentions présumées, basées sur des découvertes de textes issus d'ordinateur et de "matériel politique" provenant de disque dur ! Comme l'Auteur Suédois Jan Guillou a récemment noté ; non même sous la dictature du roi Gustav Suédois III (1772-1792) il n'était pas possible de mettre de côté le principe de l'habeas corpus. Des procès politiques en Suède - cela est dur à croire ? Vous feriez mieux de le croire !

10.LE MARIAGE ENTRE LES MÉDIAS SUÉDOIS ET LES AUTORITÉS SUÉDOISES DE POLICE
Le fait que les médias Suédois aient tu la vérité sur ces affaires, doit vous permettre cde connaître la situation de nos médias. Savez-vous qu'une seule famille extrêmement puissante (par des mesures Suédoises) - les Bonnier - possède 30 pour cent des médias entiers - et que 80 % de nos quotidiens sont officiellement de droite ?

Les médias ont joué un grand rôle dans les scandales en cours et ils ont permis de tirer un trait sur les droits légaux des accusés. En excluant par conséquent les faits controversés de leur rapport et de la réalité, les journalistes ont trompé le public et ont permis que ces événements, pour lesquels il n'y a aucun équivalent dans l'histoire suédoise, soient ignorés et passent presque inaperçus. Le journaliste soit mentent ou ignorent le problème et les intellectuels semblent vivre sur une autre planète.

Le mythe "de la commande central" est suffisant pour expliquer les sentences ignobles. Il a été créé cet été par les médias, d'après des informations mensongères de la police et avec comme principal but de l'enraciner dans la conscience publique. Le mythe a été créé pour justifier les peines particulièrement dures et c'est pourquoi, les juges s'y accrocheront jusqu'à la fin, jusqu'à ce que cela devienne vraiment absurde (les sentences de la cour d'appel ne le prouvent-elles pas ?). Sinon autrement, il n'y a rien qui les motive - et alors l'ensemble s'écroulera tel un château de cartes !

Notre espoir est que la Cour suprême prendra le cas et examinera de nouveau les preuves. Si les 8 adolescents sont acquittés, cela mènera à plus de cas pouvant être examinés de nouveau par la Cour suprême. Mais cela exige que les journalistes commencent à creuser. Jusqu'ici ils ont seulement montré leur apathie face à la justice, leur aversion pour les manifestants et leur souhait de ne pas tuer un mythe de leur propre fabrication, peu importe qu'il soit absurde et faux.

11.Je finis en citant Erik Wijk, le seul journaliste en Suède qui ait examiné les sentences :

"C'est un contrat social qui est dissous. L'égalité devant la loi, oubliez-la. Une police travaillant pour le bien public, vraiment ? Un corps de journalistes et d'intellectuels comme un contre-pouvoir, quelle plaisanterie …

Les photos de vandalisme dans les rues ont imprimé les rétines des Suédois - ils pensent que notre lutte essentielle pour la Justice et des droits légaux se pose en défense du terrorisme.

Nous nous battons pour une lutte de plus en plus désespérée. On bande les yeux des citoyens suédois, la démocratie somnole et leurs droits légaux sombrent comme un bateau perdu.

arch/ive/ief (2000 - 2005)