Le GIA, d'après Habib Souaïdia by do Saturday February 09, 2002 at 05:55 PM |
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En Algérie, on dit souvent que les GIA sont les " groupes islamistes de l'armée "
Il faut en finir avec l'omerta sur la " sale
guerre " en Algérie Habib Souaïdia Texte de la
conférence donnée le 31 janvier 2002 par Habib Souaïdia au Circulo de Bellas
Artes de Madrid, à l'occasion de la parution de la traduction espagnole de son
livre " La sale guerre " chez Ediciones B, publié par
Algeria-Watch, 31 janvier 2002. Depuis 1992, la
guerre qui déchire mon pays a été présentée par les autorités civiles et militaires
comme une lutte de défense de la société et de la démocratie contre le danger
islamiste. Ce que je voudrais expliquer ici, à partir de mon expérience, c'est
que la réalité est tout à fait différente. Si l'objectif était de mettre hors
d'état de nuire la petite minorité qui rêvait d'instaurer une dictature islamiste,
cela aurait pu être réalisé très rapidement et depuis longtemps, et par des
moyens conformes au droit international. Mais l'objectif
n'était pas celui-là : pour la poignée de généraux qui détiennent le pouvoir
en Algérie, le but était de plonger la population dans un climat permanent de
terreur et de violence de façon à " éradiquer " toute volonté de contester
son pouvoir criminel et corrompu. Ils ont mobilisé pour cela un incroyable arsenal
de techniques répressives et de manipulations, qui continue à être utilisé aujourd'hui. La politique de la terreur Le 26 décembre
1991, la victoire inattendue des islamistes aux élections législatives a provoqué
les généraux dans leur arrière-cour. Avec leurs alliés civils, et sans aucun
état d'âme, ils ont alors préparé l'organisation de la lutte anti-terroriste,
qui allait plonger l'Algérie dans une guerre sans fin. Comme bien d'autres
armées dans les dictatures du tiers monde, l'Armée nationale et populaire (ANP)
a alors été détournée par nos " décideurs " de sa mission naturelle :
elle est passée d'un dispositif " classique ", organisé pour défendre
l'intégrité du territoire, ses frontières et pour contribuer au développement
du pays ainsi qu'à l'édification d'une société moderne, à un " hyper-terrorisme ",
dirigé contre l'ensemble de la population nationale. En principe, quand
une armée s'engage dans une guerre, c'est parce que ses chefs s'estiment assurés
de vaincre avec " succès et honneur " : c'est du moins ce que
l'on nous a appris à l'école de formation des officiers. Malheureusement, la
logique des putschistes algériens, qui ne disposent ni de la légitimité historique,
ni de la légitimité populaire, est tout autre : ils ont pris le pouvoir
par la force, en recourant à la répression et à la terreur, non pas pour sauver
la république et la démocratie du péril islamique comme ils veulent le faire
croire, mais simplement pour garder le pouvoir. Et pour réussir, ils se sont
appuyés sur deux axes : d'une part, les unités des " forces spéciales "
de l'ANP et du Département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité
militaire, que tout le monde, en Algérie continue à appeler " SM ")
pour mater les gens qui pensent différemment d'eux ; et, d'autre part,
les revenus du pétrole et du gaz qui leur offrent l'appui politique, diplomatique,
financier et militaire des grandes puissances mondiales. C'est ainsi qu'en
février 1992, le " Haut Comité d'État " a déclaré l'état d'urgence,
et la junte a engagé sa politique " sécuritaire " fondée sur la répression
et la violence. Des dizaines de milliers d'innocents ont été envoyés en prison
et dans des camps de concentration du sud algérien, sans parler des humiliations,
de la torture et des exécutions extrajudiciaires qui sont devenues depuis 1992
des pratiques courantes des seigneurs de la guerre. L'ampleur de la répression
a rapidement dépassé l'imagination, après la mise sur pied en septembre 1992
d'un nouveau corps d'élite (dont j'ai fait partie), commandé par le général-major
Mohamed Lamari, le CCCLAS (Centre de commandement et de coordination de la lutte
anti-subversive). Composé principalement
des unités de forces spéciales (cinq régiments de parachutistes au départ) et
de la Sécurité militaire, celui-ci a pendant les premières années été déployé
essentiellement dans le centre du pays, l'Algérois, où l'opposition islamiste
était la plus forte. En un temps record, le CCCLAS est devenu une machine à
tuer au service du pouvoir afin d'anesthésier les forces vives de la nation
en semant la mort. C'est au cours
de mon passage dans ces unités, de 1992 à 1995, que le rideau qui me cachait
la vérité s'est déchiré dans ma conscience et que le cauchemar est devenu une
réalité que je vis toujours aujourd'hui. Alors que nous pensions être engagés
contre des groupes terroristes bien identifiés, notre mission a très vite pris
une autre tournure : au lieu de débusquer l'ennemi par de grandes opérations
organisées par les bataillons et les divisions, nous partions en pleine nuit
" semer la terreur " dans la population civile. Nous nous métamorphosions
en commandos de chasse, en commandos de la mort. Les moyens les plus extrêmes,
de la torture par la gégène ou le supplice de la baignoire jusqu'aux exécutions
extrajudiciaires, ont été utilisés systématiquement sur ordre explicite du haut
commandement. Dans mon unité
basée dans la ville de Lakhdaria, à l'est d'Alger, le 25e régiment de reconnaissance,
j'ai été témoin à de nombreuses reprises de la façon dont procédaient les hommes
du DRS, avec notre soutien. Quand un homme jugé " suspect " était
arrêté, il était entravé, cagoulé et conduit en voiture vers le centre de détention.
Une fois arrivé, sa cagoule était enlevée, il était obligé de se déshabiller
complètement et ses papiers d'identité étaient brûlés devant lui. Généralement,
le nouveau venu était accueilli par les cris et les supplices d'une autre victime
interrogée dans une petite salle réservée à cet usage. C'est à partir de ce
moment-là que le sujet était soumis à toutes les cruautés : les
séances de torture commençaient le plus souvent par des coups, puis l'homme
était allongé tout nu sur un sommier métallique, attaché par des sangles et
torturé de toutes les façons (électricité, supplice du chiffon, etc.). Au bout
de quelques jours, le corps de la victime devenait méconnaissable. S'il ne mourait
pas sous la torture, il était alors abattu, parfois brûlé vif, et sa dépouille
n'avait même pas droit à un enterrement. Nous étions isolés,
nous n'avions ni le droit de contester les ordres, ni celui de démissionner.
Nous étions cadrés par la propagande et cela dès le commencement de la lutte
anti-terroriste. Une information à sens unique qui soulignait les " actions
bénéfiques conduites par l'armée ". Malgré cela, assez rapidement, nous
avons été nombreux, parmi les jeunes officiers des forces spéciales, à penser
que les mauvaises méthodes de travail que l'on nous imposait, comme les coups
tordus des hommes de la SM, n'étaient pas le fruit du hasard ou de l'incompétence,
mais bien une politique délibérée. Objectif : pousser les jeunes à prendre
les armes, augmenter le niveau de la violence terroriste pour maintenir la population
dans la peur. D'ailleurs, entre nous, y compris ceux qui n'hésitaient pas à
faire les sales besognes, nous disions souvent : « Tiens, qu'est-ce
qu'à encore fait la " société " aujourd'hui ? » La
" société " (charika en arabe), c'était pour nous la " Société
nationale de formation des terroristes ", c'est-à-dire l'armée, où du moins
ses grands chefs. Tout au long de
notre tragédie, qui dure depuis dix ans, les décideurs algériens ont toujours
recouru à la violence pour mettre en échec non pas les islamistes seulement,
mais aussi la majorité écrasante du peuple algérien qui demande l'instauration
d'un État démocratique. Les moyens matériels mis en œuvre sont colossaux, et
les généraux ne reculent devant aucune dépense, même humaine, pour mener à bien
leur plan. Pour eux, la vie des civils, mais aussi celles des soldats, n'a aucune
valeur. Leur seule culture est celle de la mort. Mais il n'y a pas
que les ratissages et les exactions directement pratiquées par les forces de
sécurité (torture, exécutions sommaires, enlèvements nocturnes et massacres
collectifs d'innocents). L'action psychologique joue un rôle fondamental dans
cette " sale guerre ", à travers la désinformation et l'intoxication,
la constitution de " groupes d'autodéfense ", la création de commandos
de la mort, les assassinats d'intellectuels, de journalistes, de personnalités
politiques. C'est de cela dont je voudrais parler maintenant. La " guerre psychologique " Les deux principaux
responsables de la manipulation de la violence sont le général Mohamed Médiène,
dit " Tewfik ", patron des services de renseignements, le DRS, depuis
la mi-1990, et son bras droit, le général Smaïn Lamari. Tout les deux sont en
principe les adjoints du général major Mohamed Lamari, qui a obtenu les pleins
pouvoirs en 1992. Depuis le " poste
de commandement opérationnel " au siège de la DRS, Tewfik " la tête "
et Smaïn Lamari " les jambes " ont mené les opérations les plus incroyables,
une guerre de manipulation et de " coups tordus ". Dés le début de
la lutte anti-terroriste, la priorité de Tewfik était l'infiltration des groupes
islamiques armés (GIA) afin de les manipuler puis de les contrôler, avec trois
objectifs principaux : maintenir un climat de terreur, isoler les partisans
du Front islamique du salut (FIS) et obtenir le soutien des puissances occidentales. Le cas de Antar
Zouabri, l'un des " émirs " actuels des GIA, est à cet égard révélateur.
Il a été dit en Algérie que son groupe était responsable de l'assassinat des
moines de Tibhérine en mai 1996 et des grands massacres de civils (Raïs, Bentalha,
Sidi-Hamed…) de l'automne 1997. Or, très curieusement, depuis 1996, sa mort
a été annoncée officiellement plusieurs fois par la presse aux ordres, nouvelle
chaque fois démentie sur le terrain. En fait, dès 1992, les chefs radicaux des
premiers GIA (comme Moh Leveilley, Abdelhak Layada, Jaffar " Al Afghani "
ou Chérif Gousmi) ont tous été liquidés par les hommes de Smaïn Lamari, qui
a profité de l'occasion pour faire infiltrer les groupes par ses agents afin
d'utiliser les GIA comme des instruments. De nombreux observateurs
pensent que Antar Zouabri est l'un de ces agents. Cela n'est pas établi formellement,
mais je suis en tout cas absolument convaincu que, comme pour les autres GIA,
plusieurs de ses lieutenants sont des hommes du DRS, chargés depuis des années
par Tewfik et Smaïn d'encadrer des jeunes égarés pour leur faire commettre des
massacres effroyables de civils, soit disant au nom de l'islam. Et que ces jeunes
peuvent se transformer en véritables bêtes sauvages parce qu'ils ont été drogués
au préalable, comme le sont les militaires chargés de la lutte " anti-subversive ".
(Comme je l'ai expliqué dans mon livre, près de 80 % des hommes de troupe
et des sous-officiers, mais aussi certains officiers, se droguent quotidiennement ;
le haschich, l'ecstasy et l'héroïne sont vendus à l'intérieur des casernes,
la drogue la plus demandée étant celle que les soldats ont surnommée " Madame
courage " : il s'agit de l'Artane qui, pris à fortes doses, permet
de tuer n'importe qui sans même se rendre compte de ce qu'on fait). C'est pour toutes
ces raisons qu'en Algérie, on dit souvent que les GIA sont les " groupes
islamistes de l'armée ", chargés avant tout de persécuter les civils partisans
du FIS. Alors que pour la propagande du pouvoir, relayée par de nombreux journalistes
et intellectuels " éradicateurs ", les GIA et le FIS ne seraient qu'une
seule et même chose. Je n'ai aucune
sympathie particulière pour le FIS, mais pour montrer l'absurdité d'une telle
affirmation, je ne citerai qu'un exemple. Le 24 octobre 1993, trois Français,
membres du consulat de France à Alger, ont été enlevés. Les suites de cet épisode
illustrent la fracture entre les activistes du FIS et les GIA. L'enlèvement
a été revendiqué depuis Londres par une frange du GIA, qui rejetait toute autorité
du FIS. Alors que l'imam Sahraoui, membre honoraire du FIS, a lancé un appel
pour la libération des trois Français " sans aucune condition ", affirmant
que " toute atteinte à la vie et aux biens des étrangers sur le sol musulman
est contraire aux lois et aux traditions islamiques ". En réalité, cet
enlèvement les trois Français seront finalement libérés
était une manipulation de la SM à destination de l'opinion française, pour la
convaincre des dangers du " péril islamiste " et donner au gouvernement
français de " bonnes raisons " de soutenir la junte militaire. C'était
également l'objectif des manipulations des " services " qui sont derrière
le détournement sanglant de l'Airbus d'Air France en décembre 1994 ou l'assassinat
des moines de Tibhérine, deux actions officiellement attribuées aux GIA. Et c'est dans la
même logique que les GIA manipulés par les deux patrons du DRS ont perpétré,
surtout en 1993 et 1994, des assassinats " ciblés " visant les élites
francophones : journalistes, chanteurs, artistes et hommes de culture,
travailleurs expatriés, opposants politiques… Par le choix de ces cibles made
in DRS, il s'agissait de montrer à l'opinion nationale comme internationale
que le FIS était désormais dominé par sa frange radicale qui s'attaquait au
peuple. Et d'isoler les authentiques opposants islamistes de leurs bases arrières
en obtenant le soutien politique, militaire et économique des États européens.
Une stratégie couronnée de succès, comme en témoigne la grande rafle opérée
par la police française, le 9 novembre 1993, de 88 sympathisants du FIS (et
non des GIA) résidents en France. Les opérations de ce type, avec la mise sous
surveillance serrée des militants exilés (il faut savoir que des centaines d'agents
de la SM sont installés en Europe et surtout en France
pour contrôler la communauté algérienne), ont permis d'accentuer le morcellement
du mouvement " fissiste " en laissant la voie libre à Tewfik et aux
GIA. Il est affolant
de constater à quel point l'opinion européenne a pu être ainsi habilement " menée
en bateau " dans ce monde de machination. Il y a malheureusement fort à
parier que, tant que l'omerta restera de rigueur, les illusionnistes continueront
à régner en maîtres absolus. C'est d'abord pour tenter d'en finir avec cette
omerta que j'ai écrit mon livre. Tout en restant lucide sur le fait que mon
seul témoignage ne saurait suffire et que la relative rareté de ce type de témoignage
s'explique précisément par la violence et la sophistication inédite de la terreur
organisée par ces généraux. La mort pour tous les opposants Dès les premières
années de la guerre, en effet, parallèlement à la stratégie d'" hyperterrorisme "
menée contre le peuple, les généraux Mohamed Lamari, Mohamed Médiène et Smaïn
Lamari et leurs collègues ont mené à la manière fasciste une vaste opération
de " nettoyage " contre leurs opposants potentiels, en commençant
à l'intérieur même de l'institution militaire. Plusieurs officiers de très haut
rang et de nombreux officiers subalternes ont ainsi été arrêtés, torturés et
souvent exécutés. Les plus importants ont été victimes d'assassinats déguisés
en " accidents ", comme, en 1995 et 1996, les généraux Mohamed Touahri
(accident d'hélicoptère), Ali Boutighane (attentat) et Saïdi Fodhil
(accident de la circulation). Cette purge permanente
(elle se poursuit jusqu'à ce jour) a particulièrement touché mais
pas seulement les officiers qui avaient un comportement religieux.
Accusés d'appartenance au courant islamiste, ces cadres ont été désignés comme
ennemis potentiels parce qu'ils pratiquaient leurs devoirs religieux comme tout
Algérien. En réalité, leur vrai " crime " était d'être restés honnêtes
et profondément nationalistes, et d'avoir marqué ouvertement leur désaccord
avec la politique démoniaque des généraux. Pour liquider ces
officiers, ces derniers ont opté pour la " méthode choc ", en intimant
à leurs bourreaux, comme le colonel Bachir Tartag (directeur du CPMI, le
centre opérationnel de la DCSA à Ben-Aknoun, dans la banlieue d'Alger) ou le
colonel Djebar (directeur du CTRI, le centre opérationnel du DRS à Blida), l'ordre
de les arrêter et de les exécuter sous le motif classique de " propagation
de propos subversifs visant à porter atteinte aux institutions de l'État "
ou de " relation avec une entreprise terroriste ou non dénonciation d'une
entreprise terroriste ". Beaucoup d'autres officiers, qui n'étaient tout
simplement pas d'accord avec les ordres criminels, ont été condamnés et incarcérés
plusieurs années sous de faux prétextes. C'est ce qui m'est arrivé personnellement
et qui m'a valu de passer quatre ans dans l'effroyable prison militaire de Blida. Mais ce prosélytisme
de la terreur a surtout été dirigé contre les civils. " Encore plus virulente
que la peste, la peur se transmet en un clin d'œil " : c'est ce que
nous ont déclaré les émissaires du général Mohamed Lamari, le général Saïd Bey
(commandant de la première région militaire) et le général Abdelaziz Medjahed
(commandant du secteur opérationnel de Bouira), lors d'un briefing donné aux
officiers au siège de la division à Bouira en janvier 1994, après la mort
de onze militaires dans une embuscade. L'objectif qu'ils assignaient aux forces
spéciales était à la fois de redoubler les violences contre les civils et de
désarticuler la société pour paralyser toute riposte. Nos instructions
étaient claires : « Les islamistes veulent aller au paradis.
Qu'on les y emmène et vite, je ne veux pas de prisonniers, je veux des morts ! »
Ces deux phrases, devenues légendaires, sont sorties de la bouche du patron
du CCCLAS, le général-major Mohamed Lamari. Elles résument on ne peut plus
clairement l'état d'esprit de la haute hiérarchie militaire à l'époque. Le général
Lamari les a prononcées en avril 1993, lors d'une réunion au Commandement des
forces terrestres (CFT), à Alger, réunissant tous les officiers supérieurs engagés
dans la guerre et convoquée après une période où l'armée venait de subir de
lourdes pertes, que nous jugions tous insupportables. Les résultats obtenus
par les forces spéciales ont toujours incité Mohamed Lamari à leur demander
encore plus, jonglant avec les différents commandants d'unité sur le terrain :
le 18e RPC, commandé par le colonel Alaymia, le 12e RPC, commandé
par le colonel Athamnia (celui que j'ai appelé dans mon livre le " régiment
des assassins "), le 25e RR, commandé par le colonel Daoud, et le
GIS commandé par le colonel Abdelkader Kamel. Il est difficile
et même insoutenable de décrire ce que des dizaines de milliers d'Algériens
de tous bords ont vécu et vivent toujours aujourd'hui, quoi qu'on
en dise dans les centres de torture à travers le territoire national.
Je ne suis ni un procureur ni un juge. J'ai été un acteur anonyme, parmi des
milliers d'autres, qui souhaite seulement faire part de son point de vue sur
une " sale guerre " que j'ai découverte à l'age de 21 ans,
avec tristesse et incompréhension. Pendant longtemps,
je n'ai pas compris cette situation, j'ai eu le sentiment d'avoir été trahi
par nos dirigeants et par l'histoire. Aujourd'hui, j'espère seulement que mes
écrits auront un jour quelque utilité. Il est sans doute difficile aux Européens
de comprendre ce que j'ai vécu avec des millions de mes compatriotes, ce que
nous ressentons toujours aujourd'hui alors que la majorité du peuple est en
train de se faire trouer la peau et de vivre dans la misère, tandis qu'une minorité
applaudit à une guerre civile sans fin et aux privilèges de la corruption. Mais
par devoir de justice et pour que la mémoire des victimes de la répression soit
respectée, il faut que tout soit dit de leurs calvaires et de leurs descentes
aux enfers. Et que les coupables soient châtiés. C'est
pourquoi je me bats, avec d'autres, pour établir les responsabilités, toutes
les responsabilités, de Mohamed Lamari, Mohamed Médiène et des autres chefs
militaires assassins. Pour qu'on désigne clairement les coupables et qu'ils
soient jugés pour leurs crimes. Ce n'est qu'à partir de là qu'on pourra parler
de pardon. Habib
Souaïdia _______________________________________ NOTE de do : 1°) L'ancien militaire
algérien qui dit ce texte a commencé à ouvrir les yeux,
et il a le courage de dire ce qu'il voit. Mais, si le rideau qui lui cachait
la vérité s'est déchiré, comme il dit, lui laissant
entrevoir un part de vérité, le-dit rideau n'est pas encore tombé
! Quand ce sera fait, Habib Souaïdia reliera correctement ce dont il témoigne
avec les émeutes algériennes d'octobre 1988, et, derrière
le GIA, il ne verra pas seulement l'uvre des actuels chefs des militaires
algériens, mais aussi celle de l'État français. Il se fera
aussi moins d'illusions sur le FIS, dont il verra les liens avec les USA. Lire
le journal 55
pour plus de précisions. ___________________________________________ Merci pour votre attention,
2°)
Avez-vous déjà visité le site du Mouvement
Algérien des Officiers Libres ? Vous pouvez lire, entre autres,
le " témoignages " si vous n'avez pas le temps de
tout lire.
Meilleures salutations,
do
http://mai68.org