arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le gouvernement belge « d'aujourd'hui » ne s'est pas arrêté à la réparation morale à travers ses excuses au peuple congolais pour l'assassinat de P.E. Lumumba. Le volet financier a également figuré au menu des discussions, qui ont abouti à la création d'un fonds spécial de réparation, devant être alimenté à hauteur de 2,5 millions d'Euros (2,2 millions Usd) par l'Etat belge. Selon Le Soir, l'objectif de ce fonds serait double : contribuer à la prévention des conflits en Rd-Congo et, très concrètement, allouer des bourses d'études à des Congolais souhaitant aller en Belgique.
Ce geste politique « déjà très fort », indique la même source, serait accompagné d'un geste humain dans ce sens que le gouvernement belge souhaiterait associer la famille du défunt Patrice-Emery Lumumba à la gestion du fonds. Présentation d'excuses officielles au peuple congolais et création d'un fonds de réparation, c'est de cette manière que le gouvernement belge « d'aujourd'hui » pense clore définitivement le volumineux dossier Lumumba, 41 ans après le déroulement des faits.
Ces gestes de la Belgique suffisent-ils à faire oublier au peuple congolais et à la famille Lumumba les conséquences de l'assassinat du premier Premier ministre de la Rd-Congo, avec la bénédiction « morale » du gouvernement belge « d'hier » ? A ce stade du débat, la majorité des Congolais estiment que ce geste ne constitue pas une fin, mais plutôt le début d'une série de luttes pour le redressement des torts causés à leur pays par la puissance coloniale. « Le tort créé au Congo par l'assassinat du Premier ministre P.E. Lumumba ne saurait être compensé ni par des excuses du gouvernement belge, ni par un fonds de 2,5 millions d'Euros. Si la Belgique est sincère dans son aveu de culpabilité dans le marasme congolais, elle doit assumer toutes les conséquences qui en découlent », estime Cyrille Onyumbe Wemakoy, un des plus fidèles lecteurs de L'Avenir (Internet) à l'étranger, qui a réagi par courrier électronique.
Parmi les conséquences devant être supportées par l'Etat belge, il évoque notamment le remboursement des avoirs de l'Etat congolais détournés par la Belgique à la veille et au lendemain de l'indépendance ; la reconnaissance, par la Belgique de son rôle de financier dans l'avènement, l'interminable et désastreux règne de Mobutu ; l'accord de la Belgique pour indemniser le peuple congolais pour tous les préjudices moraux, physiques et matériels subis avant, pendant et après la colonisation du fait de Léopold II et de ses successeurs.
C'est donc là, selon ce compatriote, « le minimum que nous puissions demander à la Belgique ». Il évoque d'autres réparations dont nos lecteurs pourront prendre connaissance dans l'édition de demain.
Comme on peut le constater, les Congolais restent marqués à jamais par l'assassinat de leur premier Premier ministre, et voudraient également connaître la vraie version des faits.
Cependant, il ne faut pas omettre de reconnaître les efforts que ne cesse de déployer l'actuel gouvernement belge dans la recherche d'une solution définitive et surtout satisfaisante à ce dossier qui a longtemps empoisonné les relations entre l'ex-colonie et son ancienne métropole. L'apport de Louis Michel est à ce point très encourageant. Espérons que cette fois-ci, les choses iront jusqu'au bout et que la Belgique se montrera enfin responsable vis-à-vis des différents drames qui endeuillent globalement les populations des Grands lacs, du fait de sa politique très partiale.