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Palestine: L'escalade meurtrière de Sharon
by Christian Piquet Friday February 01, 2002 at 02:03 PM
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La stratégie de la tension conduite par le gouvernement israélien n'a jamais été aussi proche de l'irréparable.

Ariel Sharon n'aura pas mis un mois à torpiller le cessez-le-feu auquel s'étaient ralliées toutes les organisations palestiniennes. L'arraisonnement du "Karine A", ce navire transportant des armes que Jérusalem considéra être à destination de l'Autorité palestinienne, n'allait pas tarder à entraîner une action du Hamas. L'assassinat "ciblé" de Mohammad Raad al-Karmi, un responsable des Brigades des martyrs Al-Aqsa, structure combattante liée au Fatah, engendrait l'attentat du 17 janvier, qui fit six morts près de Tel-Aviv. Les Brigades Al-Aqsa ayant revendiqué cette action, Tsahal en profitait alors pour resserrer l'étau dans lequel elle asphyxie les territoires palestiniens. Une escalade qui aura débouché, le 22 janvier, sur le nouvel attentat de Jérusalem.
Sans doute les opérations visant des civils israéliens sont -elles totalement condamnables. Mais elles sont la conséquence, aussi funeste que recherchée, de la stratégie de tension conduite depuis des mois. Les zones autonomes, définies après Oslo, se retrouvent sous le contrôle armé d'Israël. Le propre parti de Yasser Arafat s'avère à présent dans la ligne de mire de Sharon, lequel ne fait nul mystère de sa volonté de supprimer ses principales figures. Les Etats-Unis venant d'apporter leur total appui à la politique israélienne et les dirigeants arabes n'émettant pas la moindre protestation devant l'entreprise criminelle en cours, le gouvernement de Jérusalem pourrait être tenté d'aller au terme de son action, par exemple par l'expulsion du président de l'Autorité palestinienne.
Une telle décision éliminerait pour longtemps toute issue politique au conflit. Ce que dénoncent des voix en Israël même, à l'image de Hemi Shalev, l'un des éditorialistes du "Ma'ariv": "Les tactiques employées récemment procèdent d'une stratégie claire. D'abord Karmi est assassiné. Sa mort est suivie par une escalade, et en réponse, les symboles de l'Autorité palestinienne sont détruits, les zones sous son contrôle sont divisées et isolées et Arafat pris en otage." Mais que pèse pareille lucidité devant le climat guerrier entretenu par la droite israélienne et le naufrage moral de la gauche travailliste?
Une chose est certaine, Yasser Arafat rencontre les limites de ses capacités de man oeuvre. Il s'est laissé enfermer dans un redoutable piège. Cédant aux injonctions israéliennes, il sera allé jusqu'à faire arrêter le numéro un du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qui avait revendiqué l'assassinat du ministre israélien du Tourisme, une figure de l'extrême droite ultrasioniste. Ce faisant, il se sera davantage coupé des secteurs radicalisés de la société palestinienne. Pour autant, n'ayant pas renoncé à une souveraineté totale sur Gaza et la Cisjordanie, il est devenu l'ennemi à abattre pour des gouvernants israéliens qui n'entendent pas, eux, renoncer au fait accompli de la colonisation des territoires occupés.
Dans l'isolement tragique qui est le sien, le peuple palestinien doit plus que jamais pouvoir compter sur notre solidarité.