arch/ive/ief (2000 - 2005)

De nombreux élus politiques socialistes, écologistes et même libéraux viennent soudainement de se découvrir une passion intense pour le mouvement altermondialiste. Cela est très étonnant lorsque l'on sait qu'aucun de ces élus politiques (sauf très très rares exceptions) n'a été jusqu'à ce jour actif au sein de ce mouvement, et qu'aucun n'a levé le petit doigt lorsque les activistes altermondialistes ont été victimes de violences policières ainsi que des campagnes de calomnie organisées par l'ensemble du monde politique avec la collaboration des média.

C'est sans doute un pur hasard ( ;p) que ce soudain intérêt se manifeste justement au moment où se tient le Forum Social Mondial dont l'importance médiatique est telle qu'elle efface complètement le Forum économique de Davos (déplacé cette année à New-York pour protéger ses participants de l'exaspération d'une partie croissante de la population).

Malheureusement, nos "intègres" élus ne risquent pas de nous lâcher de si tôt car l'évolution du nombre d'adhérentEs actives/ifs au sein d'organisations telles que ATTAC prend des proportions tellement importantes que nos politiques savent bien qu'ils risquent d'en faire les frais lors des prochaines élections.

Alors nos élus font de l'entrisme, par opportunisme électoral, mais également dans l'espoir de reprendre le contrôle de ce mouvement dont l'indépendance ne sert pas leurs intérêts personnels. Ainsi Messieurs Elio Di Rupo (président du PS, Belgique) et Olivier Deleuze (secrétaire d'Etat écologiste, Belgique) viennent de déclarer sur la RTBF que s'ils étaient à Porto Alegre c'est parce qu'ils partageaient les idées du mouvement altermondialiste. Et le premier exemple "d'idée du mouvement" qu'ils citent est celui de la démocratie … parlementaire.

Tiens, tiens …

C'est probablement en raison de leur connaissance encore imparfaite du mouvement altermondialiste que nos élus ignorent que les altermondialistes du monde entier, à l'instar des argentins, n'ont plus aucune confiance dans la démocratie parlementaire. Grâce à Internet qui permet aux média indépendants de propager des informations jusqu'alors très difficiles à obtenir et vérifier, la population réalise enfin que la démocratie représentative est en réalité un écran de fumée qui a pour fonction de masquer la réalité. La réalité c'est la corruption des élus politiques par les lobbies économiques et par des gouvernements. C'est la cas en Argentine, aux USA, en Europe, en Afrique, en Asie, partout dans le monde.

L'exaspération de la population mondiale par rapport à la médiocrité et l'opportunisme de ses élus politiques a dépassé un point de non retour. C'est que, d'autre part, le niveau de maturité de la population et sa capacité à s'autogérer via des mécanismes de démocratie directe sont de plus en plus évidents. La population mondiale, après des millénaires de soumission, est en train de sortir du mode de pensée et de comportement basé sur la soumission des unEs et la domination des autres. Elle commence à comprendre qu'à l'instar des nations et des religions, les partis politiques ne sont que des partitions virtuelles de la société visant à diviser pour mieux régner et asseoir la domination d'une majorité écrasante par une infime minorité de la population. Plus personne n'ignore que les partis politiques de gauche comme de droite mènent des politiques qui ne sont pas fondamentalement différentes, ni qu'un élu politique, qu'il soit de gauche ou de droite, sert son intérêt personnel et celui des ses corrupteurs avant celui de la société (à supposer qu'il serve ce dernier …).

Cette prise de conscience conduit naturellement à la conclusion que le monde n'évoluera positivement que si la population fait ce qu'il faut sans attendre quoi que ce soit des ses élus politiques. C'est précisément ce que réalise le mouvement altermondialiste en organisant le Forum Social Mondial.

Le mouvement altermondialiste entre dans une phase décisive. Bientôt ce dernier va participer à des élections politiques. Les activistes vont devoir se protéger des tentatives d'entrisme et de récupération de la part d'élus de gauche comme de droite. Les activistes vont aussi devoir se protéger d'autres activistes vedettes ou inconnus, qui ont vu très tôt que le mouvement altermondialiste était une vague sur laquelle il fallait surfer pour obtenir un mandat politique et les avantages, financiers et autres, qui y sont liés. Le mouvement écologiste est tombé dans ce piège au début des années 80. Les activistes altermondialistes seraient très naïves/ifs de croire que leur mouvement est vacciné contre les faiblesses de la nature humaine.

Alors que faire ?

Il faut absolument que le remplacement d'un maximum de mécanismes de démocratie parlementaire par des mécanismes de démocratie directe devienne un des thèmes majeures du mouvement altermondialiste. Quiconque se présentera un jour à des élections comme représentantE du mouvement devra s'engager contractuellement à implémenter un programme de substitution "démocratie parlementaire/directe". Ce contrat, défini par le mouvement, déterminera des objectifs précis accompagnés d'échéances. ToutE éluE qui n'atteint pas ses objectifs dans les délais impartis sera contractuellement tenuE de céder son mandat à unE autre activiste éluE directement par le mouvement.