L'Autre Davos, 'Public Eye on Davos' et Forum Social Mondial 2002. by Attac Monday January 28, 2002 at 06:38 PM |
Quelques extraits du 'Courriel d'information' (n°303 de Vendredi 25 janvier 2002), e-lettre d'Attac, qui nous informe sur ce que la societe civile fait pendant que l'elite politique et economique se voient au WEF a New York. (Een nederlandse vertaling volgt op het einde van deze week).
VOULOIR CHANGEMENT.
par Courrier de Genève
http://www.lecourrier.ch
Ces articles sont publiés dans le cadre de la
collaboration internationale "FSM Direct"
A - Le WEF à New York? «L'Autre Davos» ne
désarme pas
CONFÉRENCE «Guerre antiterroriste», sanspapiers
et alternatives à la mondialisation
néolibérale. Voici le menu de la deuxième édition
de «L'Autre Davos» qui se tiendra à Zurich, le
26 janvier.
Par SIMON PETITE
Le Forum économique mondial de Davos (World
Economic Forum, WEF) a quitté la station
grisonne pour New York. «L'Autre Davos», quant
à lui, reste fidèle à la Suisse. Comme l'année
dernière, le forum de «l'autre mondialisation» –
organisé en collaboration avec le Forum social
mondial de Porto Alegre – se tiendra à Zurich, le
26 janvier prochain. «Que les soi-disant global
leaders se réunissent à Davos ou à New York ne
change rien. Pour sa part, le mouvement contre
la mondialisation du capital doit trouver son
propre rythme, son propre agenda et ses
propres lieux de rencontre», clame Peter
Streckeisen, coordinateur de la réunion
alternative et membre d'Attac-Suisse.
Depuis quelque temps, les gouvernements, les
institutions internationales - Banque mondiale,
Fonds monétaire international ou OMC - ainsi
que le WEF multiplient les appels du pied en
direction de la société civile et des mouvements
«antimondialisation». Une quarantaine d'ONG
ont ainsi été conviées dans la Grande Pomme et
on a entendu Klaus Schwab, directeur du WEF,
déclarer que le rendez-vous new-yorkais serait
«l'occasion pour d'autres points de vue de
s'exprimer».
NE PAS SE LAISSER COOPTER
Les promoteurs de «L'Autre Davos» font partie
de ceux qui refusent catégoriquement de rentrer
dans ce jeu-là. Approché par le WEF, Attac-
Suisse donne ton: «Notre réflexion et nos
propositions s'adressent aux salariés, aux
opprimés, aux plus démunis et à ceux qui sont
privés de droits.» Une démarche aux antipodes
d'un «dialogue» avec les élites politiques ou
économiques. Car «L'Autre Davos» se conçoit
comme un espace de discussion d'alternatives à
la mondialisation capitaliste et prône le
développement d'un mouvement autonome
représentant les aspirations venues de la base.
Selon Peter Streckeisen, les avances des grands
pontes de l'économie et de la politique ne visent
qu'à coopter ceux qui acceptent le dialogue pour
mieux stigmatiser puis réprimer ceux qui le
refusent.
ARGENTINE ET TERRORISME
Depuis les attentats du 11 septembre, «un autre
monde» est plus que jamais nécessaire. En
effet, «le premier conflit du XXIe siècle» mené
par Washington bafoue les droits démocratiques
et sociaux d'une grande partie de la population
mondiale. «La dynamique de répression
déclenchée sous le label de la lutte antiterroriste
constituera le fil rouge de la conférence»,
annonce Peter Streckeisen. A partir de 19 h 30,
une table ronde intitulée «Combat contre le
terrorisme: une nouvelle phase de la domination
impérialiste?» réunira entre autres l'écrivain
pakistanais Tariq Ali, Gilbert Achcar, journaliste
au Monde diplomatique, et l'économiste Charles-
André Udry. Un message de soutien de Pierre
Bourdien sera prononcé. Un atelier de
discussions – avec Paolo Gilardi, du Groupe pour
une Suisse sans armée, et Winfried Wolf, député
néocommuniste allemand – analysera les liens
entre mondialisation et guerre.
Autre événement important qui a marqué
l'année 2001: la crise en Argentine. La faillite
des potions néolibérales administrées par le FMI
sera attentivement analysée dans le cadre des
discussions sur «la finance contre les peuples».
FAIM ET PROFITS
Les questions des services publics et de la
précarisation des salariés à cause des
restructurations seront également abordées.
Quant au problème de l'influence des
multinationales, il sera traité à travers deux
exemples: les profits que tire l'industrie
d'alimentation de la faim dans le monde et «le
rôle de Nestlé et de Coca-Cola en Colombie».
Participera notamment aux débats Edgar Paez,
syndicaliste colombien. Enfin, actualité oblige,
un atelier sera consacré à la question des sanspapiers.
Lors de l'édition précédente, quelque 1200
personnes avaient participé aux discussions à
Zurich. Cette année, les organisateurs espèrent
que l'affluence ne souffrira pas du fait que les
regards seront tournés vers New York.
B - «Public Eye on Davos» veut des règles
Par BENITO PEREZ
«Antidémocratique», «privatisation du
politique», «mondialisation à sens unique»,
«résistance»... La présentation officielle du
troisième «Public Eye on Davos» ne laisse planer
aucun doute. Les dix ONG, regroupées autour de
la Déclaration de Berne, n'ont visiblement pas
l'intention de lâcher d'une semelle la troupe
d'élite de Klaus Schwab. Du 31 janvier au 3
février, elles rééditeront donc leur «Œil public»
et critique sur le Forum économique mondial
(WEF en anglais).
«Le WEF a une trop grande influence sur le
monde politique. C'est pourquoi, nous tenterons
de contrebalancer sa réunion annuelle à New
York.» Pas plus que les Alpes suisses, Manhattan
ne sera le havre de paix souhaité par les global
leaders. Les suivant à la trace, «Public Eye»
installera sa contre-conférence au cœur même
du quartier onusien, qui devrait abriter le WEF.
La justice sociale et l'environnement seront au
cœur des débats alternatifs.
À SENS UNIQUE
Contrairement à son concurrent, «Public Eye on
Davos» se veut parfaitement transparent et
ouvre ses portes tant aux spécialistes qu'au
grand public. Cette «plate-forme d'expression»,
comme la définissent ses promoteurs, donnera
une visibilité inégalée à des dizaines de
représentants du Nord comme du Sud. Au
travers de sept conférences, ils pourrons faire
valoir «leurs griefs contre la mondialisation
économique à sens unique». Plus précisément,
indiquent les organisateurs, «Public Eye»
n'entend pas faire le procès de la mondialisation,
mais dénonce le fait que celle-ci profite surtout
aux pays industrialisés et aux entreprises, au
détriment des pays du Sud, des standards
sociaux et de l'environnement. L'analyse de ces
mécanismes constituera d'ailleurs l'un des gros
morceaux du contre-forum, avec pas moins de
trois conférences.
Rien de plus logique lorsque son voisin se targue
de regrouper les mille plus importantes sociétés
transnationales, dont certaines, comme Nike ou
Rio Tinto, sont connues pour exploiter les plus
pauvres ou détruire massivement
l'environnement, selon Mathias Herfeldt. De
même, le coordinateur de «Public Eye on Davos»
dénonce le fait que, par ses pratiques de
lobbying opaque sur les chefs d'Etat invités au
Forum, le WEF «privatise la politique mondiale
et accentue le processus de libéralisation». Pour
M. Herfeldt, il ne fait aucun doute que le seul
objectif du Forum économique mondial est
d'«accroître la puissance et le profit de
l'économie privée».
A contrario, les dix ONG exigent que les
«thèmes d'intérêt général discutés au Forum
économique mondial et les grandes orientations
qui y sont fixées» soient traités dans «un espace
ouvert, public et ayant une légitimité
démocratique».
MISER SUR L'ONU
Voilà pour la forme. Sur le fond, les ONG se
battront pour «révoquer le processus de
libéralisation en cours», seul moyen d'assurer,
selon elles, «un développement économique
réellement soucieux des droits sociaux et de
l'environnement». Pour cela, plaide Miriam
Behrens, membre de Pro Natura, «il est
nécessaire d'avoir des règles contraignantes
pour les entreprises. Les Nations Unies doivent
obtenir les compétences juridiques nécessaires
pour fixer un cadre politique bien déterminé aux
activités des entreprises globales.»
Une nécessité tant sociale que démocratique, car
«le lobby de l'économie n'a pas reçu de permis
pour diriger le monde».
En ce sens, une discussion sur «le pouvoir des
entreprises et la gouvernance globale» – prévue
le 1er février – aura pour but de préparer la
Conférence de l'ONU pour le développement
durable (Rio+10) de septembre à Johannesburg.
Au menu: «la faillite de l'autorégulation par le
secteur privé et des nouveaux modes de
régulation des multinationales».
Des conférences-débats sur le dialogue entre les
religions, la critique économique de la théorie du
libre-échange et les conséquences de la
mondialisation pour les femmes sont aussi
prévues. Le tout fera l'objet d'une publication
disponible dès le 6 février.
C- Le second FSM veut des alternatives
concrètes
PORTO ALEGRE. Premiers pas pour un Forum
social placé sous l'étendard pacifiste.
Par JOSÉ GALLEGO / PORTO ALEGRE
A une semaine de l'ouverture du second Forum
social mondial (FSM), la tension populaire et
médiatique s'est accrue, lundi à Porto Alegre,
avec l'arrivée sur place de certains membres du
comité brésilien d'organisation, établi à Sao
Paulo. Lors de sa première conférence de
presse, organisée par les comités brésilien et
gaucho, Olivio Dutra, gouverneur de l'Etat du
Rio Grande do Sul, a donné les grandes lignes
de cet immense événement. «La paix sera le
thème central de cette seconde édition, car
l'économie a besoin de produire la paix, si
nécessaire, en s'attaquant au capitalisme
sauvage et en exterminant les paradis fiscaux»,
a-t-il déclaré.
Un discours offensif que les organisateurs
veulent transformer en actes. Aux dires de
Carlos Tiburcio de Oliveira, membre d'Attac-
Brésil, le second FSM cherchera avant tout à
«produire» des propositions concrètes et
apporter des alternatives viables aux
problématiques de la société mondiale. Parmi
celles-ci, le Forum proprement dit a retenu
quatre axes thématiques: la production de
richesses et la reproduction sociale, l'accès aux
richesses, l'affirmation de la société civile et des
espaces publics, le pouvoir politique et l'éthique.
Parallèlement au Forum social seront organisés,
comme lors de la première édition, le Forum
parlementaire et celui des autorités locales.
Importante nouveauté, un Forum des juges et
une réunion préparatoire écologiste,
consensuellement dénommée «Rio+10», sont
prévus. Outre les centaines d'ateliers les plus
divers, prendront encore place, des conférences
sur la sécurité alimentaire et la réforme agraire,
ainsi qu'une rencontre de la jeunesse, au
camping intercontinental.
Par ailleurs, M. de Oliveira a informé que des
tractations sont en cours pour la réalisation
d'une téléconférence avec des représentants du
Forum économique mondial, réunis
simultanément à New York. Dans l'émission
pourraient intervenir des membres d'autres
institutions, comme le Fonds monétaire
international.