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Confédération Nationale du Travail - 2ème Union Régionale - Publication
by anar-cat Wednesday January 23, 2002 at 07:53 PM
cnt@cnt-2eme-ur.org

Ces extraits de deux articles, résumant la stratégie de la CNT 2ème UR, proviennent du numéro 75 de notre bulletin d'information, publié sur notre site web. On trouvera aussi sur ce dernier, le catalogue 2002 de notre librairie. Près de 300 ouvrages que l'on peut se procurer par correspondance. Bonne lecture!

PAGE 1:

GARDONS LES PIEDS SUR TERRE


"L'ARGENTINE peut-elle sortir du chaos ?". Cette pressante question ornait sur quatre colonnes la une du quotidien Le Monde du 3 janvier 2002.
Pourquoi pas le Brésil, la Corée ou le transport en Ile de France? Et pourquoi pas "Le chaos peut-il sortir d'Argentine ?". Il faudrait alors supposer qu'il puisse s'établir ailleurs. Or il est déjà partout : Afghanistan,
Moyen-Orient, élections américaines, justice, économie mondiale qui par l'accumulation de richesses augmente le
champs de la pauvreté etc. Pas un continent, pas un pays, pas une ville n'échappent sur l'ensemble de la
planète, au chaos économique, politique et social.

"L'Argentine peut-elle sortir du chaos ?". Deux possibilités s'offrent à l'esprit dès lors que s'impose l'impérieuse
nécessité d'une réponse affirmative. La première est utopique : pour sortir du chaos, l'Argentine devrait quitter la Terre.
Seule la second est, quoi que difficile, réalisable.
Les Argentins, comme le reste des Terriens, n'ont d'autre solution, pour "sortir" du chaos, que de le détruire en
bâtissant pierre à pierre un ordre véritablement humain. Un tel ordre suppose l'égalité économique, sans
laquelle il ne peut y avoir qu'une prétendue "égalité devant la loi"et en dehors de laquelle la liberté politique n'a d'autre réalité que celle d'un hochet idéologique. C'est dans cette direction, quelque peu oubliée, que nous
devons nous efforcer de faire tendre les énergies de la rébellion. Libérer le travail humain du joug capitaliste.

PAGE 6:

LES "BLACK BLOCS" ET LEURS LIMITES

L'appellation "Black blocs"aurait été inventée par la police allemande dans
les années 80 pour désigner les groupes "autonomes" qui manifestaient
avec violence.

La presse a de nouveau employé cette expression lors des manifestations
américaines en opposition à la guerre dite "du Golfe", en 1991. Finalement,
ceux que ce terme montrait du doigt l'ont repris à leur compte pour qualifier
leur mode d'organisation en petits groupes et leur apparence : cagoules,
foulards et vêtements souvent de couleur noire. C'est seulement à partir des
événements de Seattle, en 1999, que l'appellation "Black blocs"a été
employée régulièrement pour désigner les auteurs d'actions violentes et
rapides dirigées contre les capitalistes et les représentants des états les plus
industrialisés réunis en "sommets".

Certains Black blocs, qui se font et se défont au gré de ces manifestations,
se réclament des idées anarchistes. D'autres se définissent plutôt selon un
patchwork de revendications contestataires. Durant les années 90, des
groupes aux bagages idéologiques plus affirmés se fixaient un objectif
d'autodéfense. Il s'agissait d'empêcher les forces de police d'arrêter des
manifestants. Ou bien, de "libérer", pour un temps plus ou moins long, une
rue, un quartier -ce qu'ils appellaient des "zones autonomes temporaires"-
de toute représentation étatique. Plus récemment quelques-uns des Black
blocs se sont engagés dans l'action violente systématique, dirigée contre des
symboles capitalistes comme les banques ou les grands magasins. Ceci
rappelle les méthodes des "autonomes" qui n'avaient d'autre tactique, tels
des gamins jouant aux cow-boys, que l'action violente de rue et
l'affrontement avec la police pour s'attaquer à la puissance étatique.

Les Black blocs, dont le mode de regroupement temporaire, groupusculaire,
plus ou moins spontané, est axé vers la bagarre de rue et le harcèlement de
la police, ne prennent pas le chemin d'une stratégie constructive capable de
favoriser l'émergence d'un mouvement composé d'organisations libertaires
qui se donneraient les moyens théoriques et pratiques de combattre le
système d'oppression constitué par le capitalisme et l'Etat. Ils montrent ainsi
leurs limites, leur vision réductrice de l'action directe ou de la propagande
par le fait, leur manque de vision dans la construction d'un avenir meilleur
pour l'humanité.

Les pouvoirs financiers et politiques ne seront pas déstabilisés par des
actions de casse limitées, à prétentions révolutionnaires, provoquées par de
petits groupes sans assise populaire, aux cours de "manifs" aux
revendications réformistes. Tout au plus un gouvernement pourrait-il
"tomber", si une révolte de grande intensité éclatait, comme en Argentine
ces derniers jours. Dans un tel cas, d'ailleurs, ces petits groupes n'auraient
qu'une influence minime dans la propagation d'une révolte suscitée par le
ras-le-bol d'une population économiquement désenchantée, après quelques
années d'une relative et artificielle prospérité.

N'oublions pas que le Pouvoir s'est bâti, renforcé, grâce aux violences
guerrières et économiques, génératrices de profits et de domination. Ce
système autoritaire a l'expérience de la violence, des manipulations de
toutes sortes à l'encontre de la population. Même confronté à une situation
de révolte qui lui échappe un certain temps, si celle-ci n'est pas soutenue par
un mouvement révolutionnaire conséquent, il arrive à rétablir sa domination.
C'est comme cela que fonctionne et perdure ce régime barbare qu'est le
capitalisme.

Les évènements de Gènes, cet été, ont montré que les affrontements
pouvaient être utilisés, voire provoqués, par les exploiteurs. Leurs agents de
désinformation, les médias, en ont profité pour tenter de discréditer un
mouvement de contestation d'importance internationale qui dérange, par son
mérite à les rendre visibles, les projets économiques mondiaux des puissants
de la planète. Sans toutefois les contrecarrer, car cette contestation est
orientée vers la réforme du système de l'exploitation de l'homme par
l'homme, non son éradication. Les représentants de la gauche européenne,
en criant "sus aux casseurs!", ont en fait renforcé cette illusion largement
provoquée qu'on avait, à Gènes, assisté à une catastrophe. Et qu'elle aurait
mise en péril les réformes proposées, susceptibles d'être retenues par les
capitalistes, finalement devenus compréhensifs. Quant aux anarchistes, ils
devraient savoir -s'ils veulent absolument s'impliquer dans des actes de
violence- qu'ils peuvent être sujets à manipulations et provocations. Il est
apparu à Gènes que les Black blocs, libertaires ou autres, s'étant formés
pour l'occasion, n'étaient pas préparés et organisés pour les déjouer et les
rendre inopérantes.

Limiter le champ de l'action aux "manifs", à la casse de dimension
groupusculaire aboutit à l'impasse. C'est sur les lieux où sévit l'exploitation,
plus que dans la rue, que l'anarchisme trouvera le terrain où se développer.
C'est au sein d'associations de toutes sortes, de groupes coopératifs, fédérés
entre eux, poursuivant un but commun que les libertaires montreront leur
capacité à construire un monde civilisé, égalitaire et solidaire.

Crocquant