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Le ministre de la justice et les subversifs cingles et dangereux
by Gush Shalom Saturday January 19, 2002 at 08:19 PM
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Ce matin Gush Shalom, le bloc israélien de la paix, a eu 'l'honneur' d'être la cible d'une attaque virulente du ministre de la justice Meir Sheetrit. Le ministre a été apparemment outré par le forum de discussion du 9 janvier tenu sous l'égide de Gush Shalom à Tzavta Hall à Tel Aviv, en particulier par la suggestion de plusieurs intervenants que les groupes israéliens de paix commencent à préparer des dossiers de crimes de guerres contre les officiers militaires connus pour avoir ordonnés ou menés des violations spécifiques des lois internationales (qui sont le plus souvent des violations des lois israéliennes également).

Le ministre de la ju...
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(L'image est celle du général Israel Ziv, commandant de l'Armée Israélienne de Défense (IDF) à Gaza. Les
organisations des droits humains sont priées de diffuser son nom et sa photo.)

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(a) Attaque du ministre de la justice Sheetrit contre le forum sur les crimes de guerre organisé par Gush Shalom
(b) Extraits des discours des membres du panel de discussion : Dr. Yigal Shohat / Dr. Eyal Gross / Brigadier-General (Res.) Dov Tamari / Prof. Adi Ophir /
Moderator Haim Hanegbi / Palestinian lawyer Michael Tarazi / Former Minister Shulamit
Aloni.

(c) Cour Suprême : Gush Shalom devrait obtenir du temps d'antenne pour des images sur les crimes de guerres

(a) Ce matin Gush Shalom, le bloc israélien de la paix, a eu 'l'honneur' d'être la cible d'une attaque virulente du ministre de la justice Meir Sheetrit. Le ministre a été apparemment outré par le forum de discussion du 9 janvier tenu sous l'égide de Gush Shalom à Tzavta Hall à Tel Aviv, en particulier par la suggestion de plusieurs intervenants que les groupes israéliens de paix commencent à préparer des dossiers de crimes de guerres contre les officiers militaires connus pour avoir ordonnés ou menés des violations spécifiques des lois internationales (qui sont le plus souvent des violations des lois israéliennes également). La réaction du ministre chargé du respect des lois : " Une idée très dangereuse et pernicieuse, alors que le pays est dans une situation si difficile. S'il doit y avoir des poursuites ce sera contre ces gauchistes cinglés et subversifs, pas contre les officiers de nos forces de défense. " Était ce juste une emphase démagogique d'un médiocre politicien de droite, ou une menace sérieuse par l'homme ayant la charge suprême du ministère public ?
L'émission de radio n'a pas seulement inclus les remarques du ministre mais aussi des extraits des discours eux même, leur donnant une plus vaste audience que celle présente au Tzavta Hall.
Plus tard dans la journée, le journaliste Gideon Lévy s'est aussi référé aux discussions de Tzavta sur les crimes de guerre lors d'une entrevue télévisée.

(b) La rencontre de mercredi a été unique en réunissant un nombre de personnalités israéliennes, disant des choses qui ne furent jamais dites aussi explicitement. Ci-dessous quelques extraits (les transcrits complets, en Hébreu et Anglais devraient être disponibles sur le site de Gush Shalom dans quelques jours).

Dr. Yigal Shohat, ex-pilote de combat et ex-Colonel de l'Air Force devenu chirurgien a lu un document très personnel et instructif avec une conclusion cinglante :
" Je pense que les pilotes de F-16 devraient refuser de bombarder les villes palestiniennes. Lorsqu'ils reçoivent un tel ordre, ils devraient imaginer la ville où ils vivent être bombardée, et comment ils réagiraient à la destruction de leurs rues. Vous ne pouvez appeler le meurtre de civils durant le bombardement d'une zone urbaine à forte densité 'dommages collatéraux'. Quand vous bombardez une ville, des civils vont être touchés, vous le savez, et cela constitue un crime de guerre. (…) Je regrette de ne pas avoir atteint cette maturité politique et morale lorsque j'étais en service. "

Dr. Eyal Gross, de la faculté de droit de l'université de Tel Aviv, se référant aux poursuites belges controversées contre Ariel Sharon :

" Il est peu connu qu'un des principaux précédant cité en Belgique pour demander juridiction internationale est le procès Eichmann. (…) Notre cour suprême soutient clairement que son droit à poursuivre Eichmann ne vient pas uniquement du fait que les victimes de Eichmann étaient des juifs et qu'Israël est un état juif, mais que tout état a le droit et le devoir de punir les crimes contre l'humanité. (…) Évidemment je ne met pas Sharon et Eichmann sur un pied d'égalité - simplement je remarque que l'état d'Israël a créé un important précédent de juridiction universelle pour les atteintes au droit international (…). La poursuite contre Sharon est problématique car il est un membre actif de gouvernement. La tentative de poursuivre Karmi Gilon au Danemark pour son implication dans la torture a échouée en raison de son immunité diplomatique. Il serait intéressant de voir ce qui arriverait si un pays européen entamait des procédures contre un ancien chef des services de sécurité israélien qui ne bénéficie pas pour le moment de ce type d'immunité. "

Dov Tamari (ex brigadier-général, à présent chercheur en science sociale) :

" les anciennes guerres, auxquelles le monde était habitué au 19e et début du 20e siècle, étaient des guerres opposant armée contre armée; dans certaines guerres les deux armées étaient de taille et de force très inégales, mais les fondements sur lesquels elles opéraient étaient les mêmes. L'autre type de guerre, la guerre entre un état et une entité non-étatique a été marginalisée et pas correctement analysée. Cela ne colle pas avec le critère idéalisé de Clausewitz. Et même si de nos jours la majorité des guerres dans le monde sont du second type, les concepts standard de la guerre sont encore de l'ancien type, vous cherchez un état avec une armée et si vous ne le trouvez pas vous rangez en bloc sous le label simpliste de 'terrorisme'. (…) En 1982, on m'a demandé d'étudier les camps de réfugiés du Liban, que Tsahal venait d'occuper, et d'imaginer des façons de 'démanteler l'infrastructure terroriste'. Je découvrais que le concept 'infrastructure terroriste' était très évasif, quelque fois c'était dans des écoles, parfois dans des associations charitables et des institutions religieuses. C'était en fait composé de personnes. Pour le 'démanteler' vous devez commencer à tuer des personnes en masse, et si vous ne voulez pas le faire alors abandonnez l'idée. "


Prof. Adi Ophir (Département de Philosophie de l'université de Tel Aviv) :
" L'armée dans les territoires est impliquée dans des crimes de guerre - là dessus nous sommes tous d'accord je crois. Le problème est de trouver des tribunaux où ces responsables pourront être jugés. Il pourrait y avoir des tribunaux internationaux existant ou d'autres qui seraient mis en place dans le futur. Il pourrait aussi y avoir des tribunaux simulés mis en place ici en israel, qui au moins donneraient un verdict pour l'opinion publique. Quelque soit le type de tribunal auquel nous pensons, les ONG devraient déjà commencer à compiler des dossiers sur toute personne pouvant être identifiée, avec nom et adresse, et la responsabilité pour des actes donnés. Pourquoi ne pas établir un dossier sur [le ministre de la défense et leader du parti travailliste] Ben Eliezer? Nous savons beaucoup de choses pour lesquels il est responsable. Et alors en descendant les échelons, les généraux, commandants de régiments, commandants de bataillons, jusqu'aux caporaux des check points. Toute personne pouvant être identifiée. Avant même que cela ne vienne à un tribunal, le fait que de tels dossiers soient compilés aura un effet. Les officiers ayant quelque chose à cacher vont commencer à hésiter avant d'aller à l'étranger, vont demander des conseils légaux concernant les lois et les juridictions des pays qu'ils voudront visiter, ils auront des appréhensions. (…) "

Haim Hanegbi (journaliste, modérateur de la discussion) :
" Avant de passer à l'orateur suivant, j'aimerais lire un court document concernant les crimes de guerre. C'est l'ordre opérationnel donné par un commandant militaire israélien en octobre 1953, et qui n'a été connu du grand public que par la publication dans Ha'aretz plus de quarante ans plus tard, en 1994. L'ordre dit : 'Objectif : attaque du village de Kibiya, l'occuper, et causer le maximum de dommages à la vie et à la propriété. Signé : Major Ariel Sharon, Commandant, Forces spéciales unité 101'. "

Michael Tarazi (Conseiller légal, département des négociations de l'OLP, Ramallah) :
" Au début des négociations avec Israel, nous avons demandé à nos interlocuteurs si les négociations auraient lieu dans le cadre du Droit International ou sur la base d'un rapport de force sur le terrain. Tout d'abord les israéliens ont ignoré cette question, alors lorsque nous avons insisté pour avoir une réponse, la réponse fut : 'Nous ne nous plierons à la convention de Genève seulement si et dans les limites auxquelles nous serons contraints'. Cela n'était pas une surprise concernant la politique israélienne mais nous étions néanmoins choqués par la franchise brutale. (…) L'application stricte du Droit International améliorerait fortement la situation de la population palestinienne. Mais qui assurera son application ? L'ONU a adoptée des centaines de résolutions, des milliers. Avec quel effet ? Nous en appelons aux pays signataires de la convention de Genève. Ils nous tapotent la tête et ne font rien de concret pour assurer le respect de la convention qu'ils ont signés. On nous demande d'assurer nous même le respect de celle-ci. C'est comme demander à la victime d'un viol d'assurer elle même l'application de la loi contre le violeur. Si elle avait un tel pouvoir aurait-elle été seulement violée ? (…)

Shulamit Aloni (ex-leader du Meretz et ministre de l'éducation) :
" je ne suis pas si optimiste à propos de tribunaux internationaux sur les crimes de guerre afin de juger les israéliens qui méritent d'y être jugés, à cause du chantage émotionnel très sophistiqué utilisé par notre gouvernement, la manipulation du profond sentiment de culpabilité en occident, dans le monde chrétien, l'étiquetage de toute critique de l'occupation comme 'antisémitisme'.
Que fut la réaction de Sharon lorsque la poursuite a été lancée contre lui en Belgique? " ce n'est pas seulement une attaque contre moi. C'est une attaque contre Israël, contre le Peuple Juif, contre toutes les générations du Peuple Juif. " Donc lui, Sharon, est Israël. Il est le Peuple Juif. Il est toutes les générations du Peuple Juif. Il est sacro-saint. Et si la cour belge continue les poursuite contre lui, c'est une preuve que les belges sont antisémites !
Nous devons dire aux européens, au monde entier, que s'opposer à l'occupation n'est pas de l'antisémitisme. Ce n'est pas de l'antisémitisme que de s'écrier contre la destruction de maisons, la destruction de champs et de vergers et contre les bouclages et les sièges qui font de chaque ville et village palestinien un camp d'emprisonnement. Nous devons appeler un chat un chat. Nous devons dire clairement que notre gouvernement commet des crimes de guerre, le dire clairement et explicitement et le répéter encore et encore. Et oui le temps est venu de compiler des dossiers sur les criminels de guerre! "

(c) Le 9 janvier - quelques heures avant le débat - la Cour Suprême à Jérusalem a entendu l'appel de Gush Shalom contre l'Autorité Israélienne de Diffusion. L' AID n'a pas autorisé Gush Shalom à placer des annonces à la radio israélienne contenant des mises en garde aux soldats concernant les actes illégaux pour lesquels ils devraient désobéir afin de rester dans le cadre de la légalité internationale - parmi lesquels tirer sur des civils désarmés et les destructions de maisons.
L'AID a affirmé que ces annonces sont de la propagande politique ce qu'elle n'a pas le droit de diffuser selon ses règlements. L'avocat de Gush Shalom, Eran Lev défend qu'informer les soldats et les civils en général de l'état actuel du droit international est un important service public et aucunement de la propagande. L'état a répondu qu'un tel sujet appartient aux programmes radios normaux plutôt qu'aux annonces payées. La cour a donné une semaine aux parties pour " se rencontrer et permettre à Gush Shalom de diffuser son point de vue sur les ondes. "

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