arch/ive/ief (2000 - 2005)

Porto Alegre - Forum Social Mondial 2002
by m_reboucas (trad boadicea) Friday January 18, 2002 at 12:31 AM
m_reboucas@yahoo.com

La re-édition de l'espace consacré aux sommets, à la récupération et à un faux dialogue.


Une fois de plus, des milliers de personnes de tous les continents se précipiteront au FSM: les gouvernements de gauche, les entités cléricales, les ONG, des intellectuel-le-s et des titulaires de chaires universitaires. Des étudiant-e-s, des groupes idéologiques détenteurs des grandes vérités ou de humbles demi-vérités, politiciens professionels et des syndicalistes… autrement dit, des représentants et des spécialistes de toutes sortes, ainsi que des personnnes naives et curieuses; beaucoup de touristes et même quelques individu-e-s et collectifs révolutionnaires, organisées ou non, quelques-unes honnêtes et bien intentionnées.
Un arc-en-ciel, mis en scène pour nous éblouir.

De toute manière, nous pouvons déjà prévoir les résultats de ce spéctacle: la promesse de lutter contre et en faveur de certaines choses. Lutter contre la domination du capital spéculatif sur le productif; contre le modèle économique générateur d'exclusions; pour la participation populaire, la coopération et l'auto-gestion locale; pour des moyens concrètes d'augmenter la pleine citoyenneté; pour un effort de développer l'activité de la société civile et d'agrandir et démocratiser davantage les programmes et les finialités des institutions globales de financement de projets sociaux, (efforts proposés il y a longtemps déjà par les secteurs hégémoniques du capital transnational, via la Banque Mondiale, la Banque Interaméricaine de Développement et autres instruments). Les protagonistes du FSM lutteront pour beaucoup de choses, dès que celles-ci conduisent au bien-être de l'état dit démocratique et à un bon développement capitaliste avec la distribution des bénéfices et la justice sociale - comme si cela fut possible sous la domination mondialisée du marché du système étatique.
Tout cela, sans jamais mettre en échec le développement capitaliste.

Quand les cartes sont marquées, le seul acteur véritable est celui qui les distribue. Les autres joueurs et joueuses ne sont que des figurants qui, consciemment ou dupes, colorent et participent à accréditer la farse. De cette manière, le FSM constitue un espace des spécialistes des sommets, des dirigents et petits chefs de la société civiles bourgeoise; pour lesquels la perpétuation de la condition de salarié-e est l'objectif essentiel à atteindre, pour autant qu'il soit pourvu d'un bon salaire et capacité de consommation. Voici donc la garantie qu'il y aura toujours des electeurs et des bases politiques, syndicales…etc, qui assurent la force et la légitimité des institutions démocratiques et de représentation, ainsi que le pouvoir dont celles-ci sont pourvoyeurs. Le FSM est un paradis de spécialistes de gauche, un exercice exemplaire des séparations entre celles qui pensent et celles qui font, ceux qui parlent et ceux qui écoutent, ceux qui décident et celles qui exécutent. La passivité qui confie la résistence au système est renforcée dans le FSM au travers des joutes verbales et de ses petits arrangements cosmetiques - comme les ateliers et les camps qui tentent de séduire les jeunes et beaucoup d'anticapitalistes. Ceux-ci se retrouvent incorporés comme masse laborieuse ou, dans le meilleur des cas, comme vanguarde critique, étant donné qui leurs discours et leurs initiatives autonomes sont avalées par une suprématie officielle qui seule peut être neutralisée et détruite via des espaces qui lui sont radicalement antagonistes.

RECUPERATION
Un spectacle comme le FSM est un moment central du système, étant donné que son objet est de forger un pacte social-démocratique qui mettra en laisse le mouvement contestataire mondial, et qui mettra cette laisse entre les mains des idéologues fidèles et les représentants gauchistes du capital.

La gauche du capital tente désespérement de récuperer les organisations et les combats de ceux et celles de la base. Depuis Seattle et les insurrections de l'Equateur, de la Bolivie; depuis Gênes, et plus recemment depuis l'insurrection des proletarisé-e-s vivant sous et contre l'Etat argentin, la gauche du capital essaye frénétiquement d'implémenter le projet de capturer et dévitaliser l'autonomie. Voici donc la vraie intention du FSM: placer les rébelles sous la domination institutionnelle. Cette intention s'est renforcée dans le climat de "la guerre et l'anti-terrorisme", ce phénomène obligera les "mouvements anti-globalistes" à pratiquer d'avantage la modération, la caution et la sagesse - selon les idéologues hypocrites qui veillent sur nous.

Le FSM ne pourra pas supporter les relations horizontales des actions directes. Le FSM est plutôt l'espace de sommet des agents du capital, c'est la cupole, le sommet des corrupteurs des resistences partielles quotidiennes. Pendant que les agents hégémoniques du FSM stimulent, dans la vie quotidienne, la reproduction des hiérarchies du monde marchand, les restistances authentiques et les luttes sociales perdent constamment leur capacité d'évoluer en tant qu'initiatives autonomes, directes et solidaires. Le FSM nous empêche de développer dans le sens d'une négation pratique du capital, capable de parer aux attaques directes ou composées que ce dernier lance afin de prévenir une action collective anti-marché et anti-Etat.

FAUX DIALOGUE
Tout comme les autres forces de l'ordre démocratique du capital, le FSM établit, subtilement, par le biais d'un faux dialogue, la conservation des hiérarchies. Le faux dialogue apparait même avant le FSM, étant donné que le Forum n'est possible qu'à partir du spectacle vécu tous les jours par les organisations et les luttes de résistance. Il suffit d'observer comment les valeurs et les méthodes de l'ordre état-marchand (la tutelle des leaders; l'autoritarisme, le verticalisme dans l'organisation, le machisme, l'homophobie…) sont enracinées dans les expériences de "résistance".

Nous ne pouvons pas parler de relations directes, d'horizontalité et de dialogue pratique dans des espaces qui n'ont pas leurs fondements dans la socialisation directe des expériences effectives de lutte contre le capital.


Janvier 2002, aux sons et couleurs de l'insurrection des prolétarisées contre l'etat argentin.

Coletivo Acrático Proposta, (Belo Horizonte), proletarizad@s contra a corrente, (Fortaleza) et anticapitalistas do Rio Grande Sul e do Ceará, Moésio Rebouças (São Paulo)...

Vivant sous l'Etat brésilien et contre l'Etat brésilien!

m_reboucas@yahoo.com

traduction approximative d'un partie du texte se trouvant: