Argentine: Duhalde, l'homme nouveau de l'ancien régime by Zumbi / Carlo Fazio Monday January 07, 2002 at 11:39 PM |
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Qui est le nouveau président argentin?
Quand la
presse traite d'un problème, pour de nombreuses raisons, elle semble
oublier parfois le passé, l'histoire pour expliquer au lecteur,
au téléspectateur, à l'auditeur, un problème. Duhalde
: l'homme nouveau de l'ancien régime Carlos Duhalde,
l'actuel président argentin, fait partie de cette même trame
obscure du pouvoir. Homme de l'appareil du Parti justicialiste, il fut
vice-président de Menem et gouverneur de la province de Buenos
Aires (la capitale) à l'époque de l'apogée du "
gatillo facil ", nom donné aux exécutions sommaires
de présumés délinquants aux mains de la police provinciale,
formée par des cadres qui participèrent à la répression
durant la dictature militaire et qui hérita d'une structure de
pouvoir parallèle basée sur le contrôle de la prostitution
et des drogues. C'est le
même Duhalde qui fut une pièce maîtresse dans la structuration
et la consolidation de l'Etat néo-oligarchique de Menem qui aujourd'hui
subit les foudres de la rue. La mémoire
collective n'oublie pas que quand le pays fut érigé par
les organismes financiers internationaux (FMI, Banque mondiale, Banque
Interaméricaine de Développement) comme un modèle
en matière de réformes monétaires, ces réformes
qui détruisirent la classe moyenne, Duhalde émergea comme
le dauphin, le successeur naturel de Carlos Menem qui devait permettre
à tous les Argentins de faire partie du Premier Monde. Tout comme
Cavallo & Menem, Duhalde a servi aussi cette oligarchie parasitaire
et de rentiers, ce pouvoir conservateur qui a mené à la
désindustrialisation du pays au même moment où les
dessous de tables, l'argent de la drogue et les subsides des entreprises
générèrent une concentration encore plus importante
de la richesse dans les mains de quelques-uns. Duhalde fut
un des artisans importants du projet néolibéral, projet
imposé dans le sang par les militaires, au temps de la dictature
(comme dans le cas de Pinochet au Chili), et qui s'est poursuivi avec
la " démocratisation " ménemiste à coups
d'ajustements structurels, de privatisations, de dérégulations,
de flexibilisation du travail ,
Dans l'Argentine
de Menem, être pauvre équivalait à être délinquant.
Une société dominée par des contre-valeurs où
l'humain disparaissait derrière les chiffres macroéconomiques,
s'est développée alors que la corruption s'érigeait
en système. C'est ce modèle que le président Duhalde
prétend renier aujourd'hui
" Le
pouvoir, c'est jouir de l'impunité ", disait Yabran. Et effectivement,
au milieu d'un climat de grande impunité, dans l'Argentine des
années 90, il existe un lien direct entre le crime organisé
et les fonctions de l'Etat, moyennant lequel des personnages sinistres
de la dictature militaire, des hommes d'affaires, des financiers, des
délinquants, des terroristes d'extrême droite, des fonctionnaires
publics, des policiers, des magistrats et des représentants d'un
pouvoir démocratiquement légitimé restent liés
à tout un ensemble d'intérêts occultes. Après
la chute du radical Fernando de la Rua et la guerre mafieuse entre clans
du parti justicialiste , Carlos Duhalde émerge aujourd'hui comme
le prototype du capitalisme cleptocratique. Face à
un tel pouvoir, c'est de nouveau la rue qui devra, si elle le veut, si
elle le peut, décider. Décembre 2001 a été
un exemple puissant du pouvoir de l'action directe des " masses ",
espérons que ce ne soit qu'un début
Lien conseillé
:
Dans le cas de l'Argentine, c'est essentiel. Si l'on veut comprendre ce
qui se passe aujourd'hui, il est important de regarder en arrière.
Par exemple, pour savoir qui est ce Duhalde, le nouveau président
argentin.
Il ne faut pas se faire d'illusions. Derrière ce semblant de nouveau
discours, derrière les artifices, ce conservateur pragmatique et
populiste est un digne représentant de l'oligarchie dominante qui,
à l'ère du néolibéralisme, a fait du pouvoir
et de l'impunité une manière de vivre.
Source : La Jornada, Mexique >>>
Observatoire Géopolitique des Drogues (OGD) : Le Rapport 1998 -
1999 permet de mieux comprendre le narcosystème de l'ancien président
Menem >>>