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Go Shopping!
by un commando « Critique immuable » Sunday December 23, 2001 at 11:14 PM

Oyez ! Oyez ! Voici un texte écrit par un combattant d'élite mobilisé pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : www.critiqueimmuable.org. Le texte qui suit porte sur l'appel de George W. Bush aux Américains à redevenir des citoyens responsables.

Depuis les événements que l'on connaît, les politiciens des pays occidentaux nous exhortent à ne pas laisser le terrorisme gagner. Ils nous disent : si nous cédons à la peur, les « ennemis de la liberté » auront atteint leur but. Évidemment, si le simple fait de tenter de comprendre les attentats pour leur donner du sens est presque devenu un crime contre l'humanité, il ne nous reste plus qu'à nous rendre à l'idée que ces actes terroristes n'ont d'autre but que de nous faire peur. Et dès lors, c'est à la peur qu'il ne faut pas céder, nous dit-on. On peut à juste titre se demander si, dans ce contexte, «  céder à la peur » ne revient pas simplement à céder à la prudence. Si c'était le cas, qui sait, terrés dans leurs résidences, peut-être que plusieurs pourraient trouver l'occasion de réfléchir sur les événements. Mais voilà le fond du problème : il ne faut pas céder à la peur - qui incidemment nous ferait peut-être réfléchir - , parce qu'il faut continuer de vivre comme si rien ne s'était passé. La peur altère notre mode de vie « libre » d'une manière insupportable pour nos représentants politiques.

Pourtant, au nom de la lutte antiterroriste, les gouvernements votent des lois qui restreignent les libertés individuelles et donnent de plus en plus de pouvoirs discrétionnaires aux policiers. On nous prépare aussi, à coups de ballons d'essais médiatiques prenant la forme de sondages d'opinions favorables, à une série de mesures de sécurité contraignantes : gardes armés, cartes d'identité, prise d'empreintes digitales, photographie de la pupille. Au nom de la défense de la liberté, on nous demande de sacrifier (temporairement ?) une partie de nos libertés.

N'y a-t-il pas là une contradiction ? Bien sûr que non, mais il faut tout de même dissiper un malentendu pour s'en rendre compte. À cette fin, on peut se rappeler ce que George W. Bush a évoqué comme l'essence de ce que peuvent espérer et doivent maintenant réaliser les hommes libres, les hommes qui reconnaissent la liberté comme le vecteur du mode de vie occidental. Sur le ton de l'injonction, le président, décidé à faire sortir les hommes libres de leur torpeur, les interpelle ainsi : « take the plane, go to our great destination spots, go to Disney World, go shopping ». À partir de là, tout devient limpide. Selon Bush, notre liberté est d'abord celle de dépenser de l'argent dans une forme ou l'autre d'affairement consommateur. Et ceux qui ont le malheur d'espérer avec trop d'enthousiasme que la liberté puisse ouvrir un horizon un peu plus immatériel que l'horizon des vitrines, ceux qui prétendraient pouvoir invoquer l'inscription juridico-politique de leur propre idéal au cas où les Bush de ce monde l'oublieraient, qu'ils se le tiennent pour dit : dans cette nouvelle «  théologie de la libération du consommateur », il n'y a plus de place pour le petit idéalisme du démocrate classique.


Il s'agissait de la misson 8 contre l'opération américaine « liberté immuable ».

Ce texte a été écrit par un auteur qui tient à rester anonyme et qui ne doit pas être confondu avec Stéphane Bureau. Il oeuvre pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : http://www.critiqueimmuable.org.