arch/ive/ief (2000 - 2005)

Communiqués du Secours Rouge/APAPC
by Secours Rouge/APAPC Sunday December 23, 2001 at 01:55 PM
SR_APAPC@hotmail.com

1. Liberté pour Pierre Carette 2. Soutien aux travailleurs de Clabecq 3. Solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim en Turquie 4. Non à la criminalisation de la solidarité avec les sans papiers expulsés

ENSEMBLE, METTONS FIN À 16 ANS DE PRISON, D'ISOLEMENT ET DE RÉPRESSION D'EXCEPTION CONTRE PIERRE CARETTE !

Le 17 septembre, la Commission de libération présidée par le magistrat B. Fabry refusait d'envisager la libération de Pierre Carette et renvoyait son dossier — répondant pourtant à toutes les obligations légales — devant la Conférence de la prison de Louvain. Cela signifie qu'au lieu d'y chercher une issue, la Commission a seulement cherché comment prolonger une détention déjà extraordinaire. Ce renvoi devant la Conférence de la prison n'apporte qu'une chose : la garantie de douze à quinze mois de prison supplémentaires, l'éventualité de deux ou trois ans. Après quoi, la Commission examinera pour la troisième fois un dossier identique pour l'essentiel, — avant une quatrième, une cinquième fois ? Et à coup sûr, toujours en parfaite indépendance, comme l'a avoué avec imprudence un quotidien bruxellois (la DH, 14/09) : « La Commission va recevoir l'avis du ministre Verwilghen avant de rendre sa décision… »

Pierre Carette et ses camarades des Cellules Communistes Combattantes ont été arrêtés fin 1985. Ils ont été d'emblée soumis pendant trois ans à cette forme de torture qu'est l'isolement carcéral total, et n'en sont sortis qu'au prix de deux longues grèves de la faim. Le procès de 1988 fut une parodie de justice où des faux de la gendarmerie et d'autres manipulations ont conduit à la condamnation annoncée : la perpétuité pour tous, en bloc. Les prisonniers des CCC ont toujours dépendu d'un comité occulte composé de membres du ministère de la justice, du cabinet, du Groupe Interforces Antiterroriste et de la Sûreté de l'Etat. C'est un responsable de ce comité, M. Vandenbroucke, directeur de l'Anthropologie pénitentiaire, qui dicte sa loi à la Conférence de la prison de Louvain.

Pierre Carette est le dernier membre des CCC emprisonné : ses camarades ont été libérés il y a plus d'un an. Il est en prison depuis seize ans et légalement admissible à la libération depuis six ans. Il dépasse de plus de quatre années la moyenne des peines effectives des condamnés à perpétuité de droit commun. Il ne connaît même pas les conditions de détention d'un détenu en début de peine : toutes les demandes de permis de visite lui sont refusées. Cela parce qu'il reste un militant révolutionnaire exemplaire refusant le chantage au reniement. Cela parce qu'après l'avoir présenté comme le "dirigeant historique" des Cellules Communistes Combattantes, le ministère en fait un exemple destiné à terroriser ceux et celles qui oseraient engager une lutte révolutionnaire aussi radicale et déterminée que fut celle des CCC au début des années ‘80.

La répression exceptionnelle contre Pierre Carette concerne tous les révolutionnaires. Si, par sectarisme, en raison de leurs désaccords avec la ligne des CCC, certains laissent faire le régime, ils le laissent tresser la corde qui les pendra lorsque eux mêmes l'affronteront. Mais cette répression concerne également tous les authentiques démocrates qui doivent voir comme autant de violation de leurs principes le fait que le caractère politique des faits incriminés soit considéré comme la pire des circonstances aggravantes, ce fait que la détention d'un prisonnier devienne un outil d'intimidation politique de la part du régime, et que, pour ce faire, les lois soient à ce point contournées ou ignorées.

Mobilisons-nous pour la libération de Pierre Carette, prisonnier politique communiste !

Secours Rouge / APAPC, Bruxelles, décembre 2001

Pierre CARETTE : Centrale gevangenis, Geldenaakse Vest 64, 3000 Leuven


STOP AU PROCÈS CONTRE LES 13 MILITANTS OUVRIERS DES FORGES DE CLABECQ !

Les Forges de Clabecq ont été fermées par le patronat et la région wallonne le 20 décembre 1996. Cette fermeture a provoqué une révolte populaire sans précédent dans le Brabant wallon contre le chômage et la misère. Les 2.000 métallos des Forges et le mouvement de solidarité qu'ils ont suscité ont mené ce combat qui a culminé lors de la manifestation de 70.000 personnes en février 1997 et qui a abouti à la réouverture des Forges en février 1998.

La fermeture des Forges était une nouvelle preuve de la logique destructrice et antisociale du capitalisme qui, subordonnant tout au profit, plonge des régions entières dans la misère. Cette fermeture a aussi été une nouvelle preuve de la servilité totale de la classe politique, tous partis confondus, à l'égard de cette logique. Et le plus odieux est peut-être le discours accompagnant cette servilité et la justifiant par un prétendu réalisme de la "seule politique possible". Incapable d'envisager un horizon autre que celui du capitalisme et de l'économie de marché, elle en vient à trouver logique la fermeture d'une usine contribuant à produire des biens dont on manque cruellement au quatre coins du monde.

La bourgeoisie (patronat et pouvoir politique) a d'abord mené une contre-attaque avec la complicité des directions syndicales en n'acceptant la réouverture des Forges qu'en divisant les travailleurs de l'usine, en les isolant de leurs représentants les plus dévoués et les plus combatifs : elle a exclu de l'embauche 400 travailleurs (dont tous les candidats aux élections sociales de 1995) pour des raisons d'opinion politique et syndicale. Et elle passe maintenant le relais a sa justice de classe en organisant un procès politique sans précédent contre 13 travailleurs et délégués des Forges de Clabecq. De la direction de la FGTB qui a exclu 6 délégués jusqu'à cette intelligentsia qui adorait les ouvriers lorsqu'ils encaissaient les coups mais qui les a vomit quand ils ont commencé à les rendre, la capitulation de la "gauche" a été de plus en plus honteuse au fur et à mesure de la radicalisation de la lutte.

Le procès a commencé au tribunal de Nivelles en novembre 1998. Après 14 mois de procès, le tribunal a été révoqué pour irrégularité. Le deuxième tribunal désigné s'est déclaré incompétent pour traiter ce dossier. La cour d'Appel et la cour de Cassation se sont acharnées et ont décidé de recommencer le procès pour la deuxième fois depuis le début, le 21 janvier à Bruxelles.

Le Secours Rouge/APAPC s'associe sans restriction aux quatre grandes revendications des militants ouvriers poursuivis : l'arrêt du procès ; la réintégration au travail et dans la FGTB des travailleurs exclus ; la fin de l'intervention des tribunaux dans les conflits sociaux ; la prise en charge politique et financière du procès par les organisations syndicales.

Contre l'intervention des tribunaux dans les conflits sociaux, contre la répression du mouvement ouvrier en Belgique, soutenons les 13 militants ouvriers des Forges de Clabecq !

Secours Rouge / APAPC, Bruxelles, décembre 2001


SOUTENONS LES PRISONNIERS RÉVOLUTIONNAIRES EN GRÈVE DE LA FAIM EN TURQUIE !

Au cours des années 1999 et 2000, s'inspirant des méthodes mises au point en Europe contre les prisonniers révolutionnaires, l'Etat fasciste turc a mené à bien un programme de construction de prisons spéciales (de type F) conçues sur le principe de l'isolement maximal, méthodique, permanent et de longue durée. L'isolement comme mode de détention (plutôt que comme mode de punition temporaire) est une forme de torture blanche pratiquée tant pour ses effets à court terme (le retrait des prisonniers de la vie politique) que pour ses effets à long terme (la destruction de la santé mentale des prisonniers). De plus, l'isolement met les prisonniers à la merci des tortionnaires, alors que la détention en groupe limitait les exactions dans les prisons.

Il y a 9000 prisonniers politiques en Turquie, pour moitié issus du mouvement de libération nationale du Kurdistan, pour moitié issus des organisations communistes révolutionnaires. 800 prisonnières et prisonniers appartenant à trois organisations révolutionnaires, le Parti-Front Révolutionnaire de Libération du Peuple, le Parti Communiste de Turquie Marxiste-Léniniste, et le Parti Communiste des Travailleurs de Turquie, ont commencé le 20 octobre 2000 une grève de la faim au finish pour s'opposer aux transferts dans les premières nouvelles prisons d'isolement.

Tout a été fait pour briser cette lutte. Les 19, 20 et 21 décembre 2000, la gendarmerie et les commandos de l'armée ont attaqué à l'explosif, au gaz de combat, à la grenade incendiaire et à l'arme automatique les dortoirs de vingt pénitenciers où s'étaient barricadés les prisonniers révolutionnaires. 32 prisonniers et prisonnières ont trouvés la mort dans ces assauts (probablement 42 puisqu'il y a dix "disparus"), les autres, le plus souvent cruellement blessés, bras et jambes cassés, ont été jetés sans soin dans les cellules-cachots des prisons de type F.

La lutte s'est alors étendue. Les militants des autres organisations communistes révolutionnaires de Turquie l'ont rejointe : ils sont aujourd'hui plus de 1500 à prendre part au mouvement, et 300 parents des prisonniers sont eux aussi entrés en grève à l'extérieur. 33 prisonniers et prisonnières et parents de prisonnier ont déjà trouvé la mort dans la grève, 122 prisonniers sont sur le point de perdre la vie, ils souffrent d'attaques cardiaques, de perte de la mémoire (syndrome de Korsakoff), de coma. Par la torture, l'alimentation forcée et la répression, les autorités turques tentent de briser la détermination des grévistes et du mouvement de soutien : 43 fils et filles de prisonniers âgés de 5 à 10 ans ont été emprisonnés ! Voilà l'œuvre d'un Etat membre de l'OTAN et que l'Union européenne, le FMI et la Banque Mondiale subventionnent à coup de milliards. Et cela dans le silence complice des médias occidentaux prompts à dénoncer les violations des droits de l'homme… seulement dans les pays rétifs au Nouvel Ordre impérialiste mondial.

Vive la lutte héroïque des prisonniers et prisonnières révolutionnaires en Turquie !

Secours Rouge / APAPC, Bruxelles, octobre 2001

Devrimci Halk Kurtuluþ Cephesi — Bureau d'information : 190 rue Stevin, 1000 Bruxelles. http://www.dhkc.org


NON A LA CRIMINALISATION DE LA SOLIDARITÉ AVEC LES SANS PAPIERS EXPULSÉS !

19 militants du Collectif Contre les Expulsions (CCLE) font l'objet de trois dossiers d'inculpations qui devraient déboucher sur des procès dans les mois à venir. Derrières des charges telles que « entrave méchante à la circulation », « menace par geste » et « destruction de clôture », sont visées des actions comme les blocages de fourgons cellulaires transportant des sans papiers à l'aéroport en vue de leur expulsion, l'aide à l'évasion de 25 sans papiers du Centre 127bis et différentes autres manifestations.

Non seulement l'Etat mène une politique criminelle à l'égard des sans papiers (pensons à l'assassinat de Semira Adamu par des gendarmes obéissant scrupuleusement aux ordres du Ministère de l'intérieur) mais sa justice s'emploie à criminaliser les militants qui dénoncent cette politique. Par son attitude prétendument réaliste à l'égard des sans papiers, l'Etat ne fait que gérer le fruit de sa politique migratoire. En s'appuyant sur un discours démagogique associant l'immigration au chômage — comme si c'était les travailleurs immigrés qui avaient provoqué la fermeture des Forges de Clabecq et de Marks et Spencer, et comme si le travail des migrants n'étaient pas une source de richesse sociale — l'Etat refuse toute forme d'immigration légale et contraint par là les migrants à recourir aux procédures d'asile ou aux filières clandestines.

Cette politique est hypocrite en ce sens que l'exploitation du tiers-monde par l'impérialisme y provoque une telle misère que les politiques migratoires les plus intolérantes et les plus répressives ne freineront en rien l'afflux de migrants, mais les pousseront simplement davantage dans la clandestinité et la précarité, les livrant pieds et poings liés aux exploiteurs du travail en noir. Cette catégorie de travailleurs non-protégés, non syndiqués, exploitables au dernier degré, est un moyen de pression sur le prolétariat pour baisser les salaires et dégrader les conditions de travail. Il est donc de l'intérêt du prolétariat de se solidariser avec les travailleurs illégaux, de les aider à sortir de leur situation de non-droit et, à plus long terme, de combattre le système impérialiste seul responsable de toute cette "misère du monde".

C'est pour avoir dénoncé et combattu cette politique inhumaine et hypocrite — et particulièrement ses manifestations les plus odieuses telles que la déportation d'enfants — que les militants du Collectif Contre les Expulsions sont poursuivis. Ils assument cette position de rupture : « Nous savons que le combat ne se situera pas au niveau des preuves : nous avons fait ces actions, nous les avons revendiquées ouvertement et nous n'éprouvons "ni regret ni remord". Aux yeux de certains, cela suffit largement à faire de nous des coupables. Aux nôtres ces procès n'ont aucune légitimité : ils visent à sortir nos actions du cadre politique pour les placer dans le cadre judiciaire, les vider de tout sens et effacer les questions que nous posons. En agissant de la sorte, nous pouvons affirmer que le Pouvoir nous fait un procès politique. » Ce procès sera effectivement un procès politique, il nous appartient d'en faire le procès de l'Etat et non celui de la solidarité.

Vive la solidarité entre les peuples ! Vive l'internationalisme prolétarien !

Secours Rouge / APAPC, Bruxelles, septembre 2001


CCLE (Collectif contre les expulsions) : 35 rue Van Elewijk, 1050 Bruxelles

Le Secours Rouge/APAPC est la section belge de la Commission pour un Secours Rouge International, qui a pour but de soutenir les militants révolutionnaires, ouvriers, antifascistes et anti-impérialistes confrontés à la répression de la bourgeoisie impérialiste. Ce soutien n'est pas humanitaire mais politique : il se comprend comme partie et moment de la lutte des classes, de la lutte pour la révolution prolétarienne, de la lutte pour le socialisme. La solidarité est une arme ! Adresse de contact : BP 6, Saint-Gilles 1, 1060 Bruxelles, Belgique. Permanence (mercredi et jeudi de 14 à 18 H., vendredi et samedi de 10 à 18 H.) : Librairie AURORA, 34 rue Jean Volders, 1060 Bruxelles. Compte Solidarité communiste : 034-1827469-51. E-mail : SR_APAPC@hotmail.com — Site de la Commission pour un Secours Rouge lnternational : http://www.aufbau.org — Editeur responsable : Louis Sassoye, 32 rue de Bosnie, 1060 Bruxelles.