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Argentine: le calme après la tempête
by Indymedia Argentine (trad. Manu) Saturday December 22, 2001 at 06:33 PM

Argentine, le premier jour sans De la Rua

Près du Congrès, descendant l'av. Entre Rios, les taxis vides évitent les cendres des feux de joie. Les gares sont désertes, malgré l'arrêt de la grève des transports. Le centre ville s'est réveillé brisé, montrant les blessures que l'histoire a laissées au passage. À l'intérieur, des familles humbles pleurent leurs fils morts pour un peu de nourriture. Peu à peu la liste se complète; plus de quinze personnes ont été assassinées dans les pillages, et sept vies ont été arrachées par la répression policière à la bataille de la Plaza de Mayo; une bataille qui a commencé par une mobilisation spontanée de milliers de personnes le mercredi, et qui après la répression s'est étendue durant toute la journée d'hier. L'histoire, comme toujours durant tout gouvernement radical, s'est écrite une fois de plus avec du sang.
Pendant toute la journée, la police a fait courir la rumeur entre les petits commerçants que des "hordes de pilleurs" s'approchaient et qu'ils ne pourraient pas "agir", répandant une vague de paranoïa et de peur qui ne se sont jamais justifiées.
Aujourd'hui nous vivons le calme après la tempête.
Le pays entier, l'Argentine qui durant les deux derniers jours s'est levée de ses entrailles, se débat aujourd'hui entre l'expectative, l'attente, la réflexion. Personne ne parle d'autre chose; dans chaque maison et dans chaque rue on discute de ce qui s'est passé et ce qui vient. Dans ces pages aussi (sur Indymedia Argentine), nous avons plus de 400 publications: articles, photos et commentaires de ces deux derniers jours: tout un record.
Pendant toute la journée, le Congrès a discuté du nouveau gouvernement. Dans les allées ébranlées du pouvoir, le Partido Justicialista s'est approprié le contrôle du gouvernement. Le nouveau président, Rodriguez Saa, gouverneur de San Luis et connu pour son passé de corruption, se chargera de la présidence jusqu'aux élections, qui pourraient se tenir en 60 jours ou en 2003. Sur l'économie pèse l'incertitude; les rumeurs et les déclarations vont et viennent, et tant les dollarisateurs que les dévaluationistes se disputent la direction en la matière.
Mais personne ne doit se méprendre. Quelque chose de profond a éclaté hier en Argentine.
Nos vies ont changé et rien ne sera jamais pareil.