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Meeting International des Etudiants pendant le sommet de Laeken
by Sille Moens & Benjamin Pestieau Friday December 21, 2001 at 03:18 PM
bpestieau@swing.be

Le 14 décembre, après la grande manifestation de l'après midi, différentes organisations estudiantines européennes se sont rassemblées pour échanger leurs expériences de lutte contre les réformes de l'enseignement dans le cadre du processus de Bologne et des accordes du GATT.

Meeting International des Etudiants pendant le sommet de Laeken

Organisateurs : Eustudents et jeunes de D14

Compte-rendu : Sille Moens & Benjamin Pestieau

Le 14 décembre, après la grande manifestation de l'après midi, différentes organisations estudiantines européennes se sont rassemblées pour échanger leurs expériences de lutte contre les réformes de l'enseignement dans le cadre du processus de Bologne et des accordes du GATT. Il a été décidé de mettre sur pied un réseau européen pour répondre à l'attaque européenne faite à l'encontre des droits des étudiants, réseau accompagné d'une protestation au niveau européen. Au total, 150 étudiants étaient présents, venu entre autres de Grèce, d'Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, de France, de Grande-Bretagne et d'Autriche. Il a en outre été proposé de travailler à une alternative, un texte plate-forme qui doit exprimer le type d'enseignement dont les écoliers et étudiants européens ont besoin. Une représente néerlandaise de l'ESIB était présente à la rencontre.

Protestations dans différents pays

Différents exemples ont été exposés pour montrer combien il devient de plus en plus difficile d'étudier dans des conditions normales et humaines. Dans certains pays, les étudiants ne peuvent plus payer leurs études à cause de l'instauration de droits d'inscription (ou de la suppression du salaire étudiant) (voir Autriche, Grèce, Angleterre : ici de 10 à 15%). On a l'intention de privatiser tout le système, de faire de l'enseignement un produit rentable. En Grèce, des écoliers du système général (enseignement primaire) sont déjà orientés vers des filières techniques spécialisées. Grâce à la grande protestation du mouvement enseignant, le gouvernement n'a pas encore instauré le système de master et de bachelor. En Angleterre, ce sont les instituteurs qui ne peuvent plus donner cours à cause du manque de matériel.

Une étudiante de Vienne a raconté que les étudiants devaient pour la première fois payer des droits d'inscription (auparavant, l'enseignement était gratuit) et que les réformes se succédaient à un rythme effréné. A cause des nombreuses protestations estudiantines, les différents gouvernements sont obligés de trouver toutes sortes de chemins détournés pour une privatisation totale.

Les subtilités du processus de Bologne

La question du processus de Bologne a été l'occasion d'une information et de discussions. Le processus de Bologne vise à mettre en place les outils nécessaires pour intégrer l'enseignement supérieur dans un système concurrentiel à l'échelle de l'Europe. Chaque «offre» d'enseignement devra être «compétitive» et «attractive». C'est par l'organisation de la lutte concurrentielle dans «l'espace européen de l'enseignement supérieur» que les ministres européens veulent développer un enseignement européen compétitif sur la scène mondiale.

Ce processus est couvert par une rhétorique positive: les mots «mobilité» et «qualité», tous deux présents massivements dans les textes européens concernants l'enseignement, en sont un exemple. Cependant, si le processus de Bologne développe une plus grande mobilité c'est surtout vrai pour les futurs étudiants consommateurs riches ou compétitifs qui pourront grâce à Bologne acheter le produit le plus compétitif du marche. C'est surtout vrai pour les chercheurs et professeurs les plus compétitifs qui pourront facilement travailler dans les universités les plus compétitives qui pourront les attirer à l'aide de gros salaires et du meilleur environnement de recherche. Pour les étudiants normaux, le processus de Bologne signifiera avant tout l'immobilité et l'obligation de se rabattre sur les offres d'enseignement qui leur sont accessible financièrement, des offres de deuxième ou troisième classe.

Si nos ministres européens voulaient vraiment augmenter la mobilité, ils supprimeraient le frein majeur au manque de mobilité : le coût des études et des transports. Si l'on veut vraiment augmenter la mobilité pour les étudiants, pourquoi ne pas décréter l'enseignement et les transports gratuits partout en Europe ?

Bologne nous met tout à fait sur les traces d'un enseignement « made in USA ». Bologne crée de nombreuses différences entre les étudiants et va créer un enseignement de première, deuxième et troisième classe (lisez «qualité»). Les systèmes de qualité, qu'engendreront le processus de Bologne, vont avant tout servir à marquer les différences entre les offres d'enseignement, ils serviront à hiérarchiser les différentes offres d'enseignement. Le processus de Bologne prépare, en fait, l'Europe à l'implémentation des AGCS sur le vieux continent. Le processus de Bologne prépare le terrain. Les AGCS (Accords généraux des commerces et des services) qui veulent étendre tous les jours leurs sphères d'influence et libéraliser ainsi tout ce qui est possible ont des conséquences fatales en particulier dans les pays dits du tiers-monde. Mais dans les pays dits riches, les secteurs sociaux qui ne sont normalement pas soumis aux AGCS se rétrécissent sans cesse. Par exemple, le fond d'investissement Merrill Lynch pense par exemple que l'enseignement sera privatisé dans les 10 prochaines années et générera alors des gains incroyables.

La plupart des étudiants présents lors du meeting se sont complètement distanciés du processus de Bologne. Ils trouvent très utile d'agir au niveau international, comme en témoignent de nombreuses actions dans différents pays européens (Allemagne, Grèce, Angleterre, Autriche, Espagne, Belgique, France). Cependant, la conviction était aussi que le mouvement étudiant ne réussissait pas encore actuellement à contrer les réformes de l'enseignement issues de la déclaration de Bologne. C'est justement pour cela que ces étudiants ont décidé de se concerter et de réunir et de coordonner les différents mouvements de protestation.

Vers un réseau des étudiants en Europe

Le mouvement étudiant se trouve à une période dans laquelle il joue beaucoup mais dans laquelle il peut aussi gagner beaucoup. La lutte n'est pas encore unie, ni sur le plan national, ni sur le plan international. Il y a de très nombreuses protestations contre la démolition de l'enseignement, dont les plus importantes ont eu lieu à Madrid en décembre (200.000 étudiants). Les étudiants doivent comprendre que toutes les réformes de l'enseignement sont décidées au niveau européen et qu'il n'est pas possible de s'opposer à toutes ces lois individuellement. Il est très clair que les étudiants doivent politiser et unifier leur lutte. Un réseau européen ne pourra que nous aider à nous défendre contre les politiques des gouvernements et des multinationales européennes.

Les étudiants présents des différents pays étaient aussi très sensibles aux mouvements de protestation contre la guerre et l'implication de l'Europe dans cette guerre.

La conviction des participants étaient que la participation guerrière se décide au niveau européen ce qui ne peut que renforcer l'opposition à l'Europe actuelle. Nous avons décidé de rester très généraux dans la protestation contre les réformes de l'enseignement que l'Europe nous impose. Cela parce que les systèmes d'enseignement et donc les réformes et les problèmes diffèrent de pays en pays. Cependant, tous les problèmes nationaux serviront d'avertissements aux pays qui sont moins loin dans l'implémentation des réformes engendrées par le processus de Bologne. Ce sont des bons exemples pour l'avenir qui nous attend au cas où ne nous n'arriverions pas à nous unir dans notre protestation.

Un participant belge a insisté sur l'importance de développer nos propres visions, pour que nous soyons moins dépendants des décisions gouvernementales et pour que nous nous battions avec nos idées et nos visions. Les représentants français ont insisté de leur côté sur l'importance de constituer une fédération syndicale étudiante internationale.

Un groupe de travail a été mis en place pour rédiger un texte plate-forme qui devra être approuvée dans les différents pays. Celui-ci devra être voté avant le sommet européen de Séville, pour que nous puissions former un front uni lors de ce prochain sommet. En outre, nous voulons continuer les protestations, nous allons passer à l'offensive et travailler à une alternative pour l'enseignement européen.

Nous avons entendu que de nombreux étudiants étaient en examen durant le sommet de Séville et qu'il serait peut-être plus sensé d'organiser des actions pendant le sommet Européen en mars à Barcelone.

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