La crise en Argentine by Julio C. Gambina Thursday December 20, 2001 at 08:15 PM |
Article écrit en septembre 2001 et qui permet de contextualiser les événements actuels en Argentine.
La crise en Argentine
L'Argentine vit depuis plus de trois ans dans la récession et sa crise est prise en considération par tous les analystes de l'économie internationale. Pire que cela, certains se demandent quand sera annoncée la " cessation de paiement " d'une dette publique qui tourne autour de 147.000 millions de dollars à la fin de l'année 2000 et qui consomme 22% des dépenses publiques pour en payer les intérêts (11.000 millions de dollars). Le montant de la dette dépasse les 50% du PIB, lorsqu'un peso vaut un dollar, mais une dévaluation augmenterait le pourcentage indiqué et attiserait les problèmes externes et leurs impacts locaux. La réalité fait contraste, puisqu'en plus avec 31% de chômeurs plus les sous-employés et avec 14% de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté, les grandes entreprises font des profits plus importants qu'avant. Tel est le cas de Repsol-YPF, les entreprises de services publics privatisés, les gigantesques centres commerciaux et les grandes banques transnationales qui sont propriétaires des Administrations de fonds de retraite et des pensions (AFJP : Administradoras de Fondos de Jubilación y Pensión), ceux qui constituent le secteur dominant de l'économie et qui cumulent des gains importants, la richesse et le pouvoir.
Le pays est devenu fortement dépendant des revenus des capitaux internationaux depuis la Loi sur la convertibilité (avril 1991), qui établit qu'un peso équivaut à un dollar. A cause de ce mécanisme, le gouvernement ne peut émettre de la monnaie ; dès lors, la seule forme de se financer est l'endettement et l'accueil d'investissements, peu importe le but de ces derniers, sont devenus la manière de se financer. Les privatisations des entreprises publiques et l'achat d' entreprises locales furent l'objectif de nombreux capitaux provenant principalement d'Europe et des Etats-Unis, mais également d'Amérique latine dont le Chili. L'Etat argentin a favorisé ce processus et par conséquent l'endettement externe a financé le déficit commercial privé, aussi bien celui des biens que celui des services, et la fuite des capitaux. Selon des calculs officiels, près de 100.000 millions de pesos argentins circuleraient en dehors du pays. De cette façon, la décennie 1990 a connu un flux important de capitaux, aussi bien du côté des entrées que des sorties et curieusement financés par l'Etat et crédité au compte du budget national qui payent des impôts de caractère régressif, puisque le principal tribut est l'IVA qui affecte principalement les secteurs des entrées fixes. Á cause de la privatisation des retraites, l'Etat remettra entre 4.500 et 7.000 millions annuels dans les mais des AFJP, étant avec les intérêts de la dette, les deux principales causes du déficit fiscal. Sans un de ces phénomènes, les comptes publics seraient excédentaires.
Pour récupérer la capacité d'attirer des capitaux externes, le gouvernement accorda en décembre dernier, ledit " blindaje financiero", (prêt financier) consistant en un prêt de 39.000 millions de dollars pour 2001 et 2002, avec le soutien des organisations financières internationales, des banques privées et quelques gouvernements de pays développés. Il a, par la suite, accepté un " mega canje" (échange financier), soit une dette de quelques 30.000 millions de dollars à des taux des plus élevés ( entre 12 et 14 %), en renégociant le délai de remboursement à moyen (2008) et long terme (2031). Il est en train de négocier avec le FMI une augmentation des crédits entre 6.000 et 9.000 millions. La principale entrave pour " l' aide " provient des Américains, qui ne se souvient plus des politiques nourries par le FMI depuis la crise mexicaine, en passant par la crise asiatique, russe et brésilienne, entre 1994 et 2000. Cette position a entraîné la démission anticipée de Stanley Fisher, le Vice Directeur du FMI et le représentant du gouvernement des Etats-Unis dans cet organisme.
L'utilisation de fonds des contribuables nord-américains pour soutenir " l'absence de capitalisme " dans les pays comme l'Argentine, doit être délimitée. Cette phrase provient d'un article publié par l' Heritage Fondation en avril dernier (Ana Eiras et Bret D. Schafer), suggérant que soit échangée l'aide financière par un appui conséquent à des mesures de déréglementation économique parmi lesquelles on peut trouver : la dollarisation, la diminution des dépenses publiques, la sortie du MERCOSUR et la participation dans la ZLEA, la réforme de la justice, tout cela en faveur de la sécurité juridique du droit de propriété et des investissements internationaux. L'administration Bush suggère aussi " que l'Argentine soit aidée dans l'adoption des réformes nécessaires ", y compris avec l'aide des spécialistes " du FBI et du département de la Justice des Etats-Unis ".
L'Argentine paye les pots cassés d'un processus de restructuration régressive du capitalisme local initié lors de la dictature militaire de 1976, et accéléré depuis 1991. La continuité de ces politiques est aujourd'hui en jeu, impliquant encore une réduction de la qualité de vie pour une majorité de personnes, la culmination des privatisations, des banques et des organismes publics de la santé, de l'éducation ou des organismes sociaux. Pour que cela devienne la réalité, le processus d'ajustement devra être naturalisé et pour cela il faudra compter sur un pouvoir exécutif qui aura sous sa botte le pouvoir parlementaire et judiciaire.
Jusqu'à présent, la résistance sociale qui s'est développée n'a pas encore été subordonnée. C'est là que se joue tout le destin de l' Argentine.