arch/ive/ief (2000 - 2005)

Israël veut-elle la peau d'Arafat?
by Bert De Belder Tuesday December 04, 2001 at 09:14 AM

Hier, les roquettes israéliennes ont transformé le quartier général de Yasser Arafat à Gaza en un amas de décombres. Il y a des dizaines de victimes. C'est l'expression la plus claire de la politique d'Israël tendant à liquider l'Autorité palestinienne. Le processus de paix ? Les droits de tout un peuple ? Israël écrase tout ça sous ses bombardements.

Après les attentats du week-end dernier, Yasser Arafat, le président de l'Autorité palestinienne, décrétait l'état d'urgence dans les territoires palestiniens. Mais les politiciens israéliens, y compris ceux du parti du Shimon Peres, exigeaient aussi l'expulsion de Yasser Arafat des territoires palestiniens. Aujourd'hui, l'armée israélienne, en bombardant le quartier général de l'Autorité palestinienne, veut manifestement se débarrasser d'Arafat aussi, comme elle l'avait déjà fait plus tôt avec le dirigeant du FPLP, Abu Ali Mustapha ainsi qu'avec un dirigeant du Hamas islamique.

L'expulsion d'Arafat de la Palestine figurait déjà au programme électoral d'Ariel Sharon. Le Premier ministre d'extrême droite d'Israël ne reconnaît pas les conclusions de l'accord de paix d'Oslo (1993) allouant aux Palestiniens une forme très réduite d'autorité sur une partie tout aussi limitée du territoire palestinien.

Sharon veut en revenir à une occupation israélienne complète de la Rive occidentale du Jourdain et de la Bande de Gaza, il veut en outre poursuivre et étendre l'implantation de colonies juives. Pour ce faire, il doit rompre avec l'Autorité palestinienne et détruire tout ce qui ressemble à un embryon d'Etat palestinien. Par conséquent, il charge l'armée israélienne non seulement de s'en prendre à des objectifs tels le Hamas et le FPLP, mais également aux sièges gouvernementaux de l'Autorité palestinienne, et même au quartier général de ce qui devrait être le président d'un Etat indépendant.

Sharon veut remplacer Arafat par une marionnette qui instaurerait également l'ordre israélien sur le territoire palestinien. Le ministre de l'Intérieur, Yishai, très proche de Sharon, annonce sans détour que le gouvernement israélien doit décider si oui ou non il va renverser l'Autorité palestinienne. Le ministre israélien d'extrême droite de l'Infrastructure, Lieberman, estime qu'il est grand temps de s'y mettre. Il propose de " diviser les territoires (occupés) en quatre cantons, chacun sous l'autorité d'un commandant local qui ne recevra pas ses ordres d'Arafat ".

Bush soutient fermement Sharon

George Bush, le président presque élu des Etats-Unis, soutient sans hésiter les bombardements contre le gouvernement palestinien, " parce qu'Israël a le droit de se défendre ". Il s'avère donc que ses discours des semaines précédentes en faveur d'un Etat palestinien n'étaient que du blabla afin de rallier les gouvernements arabes à la cause de sa furieuse guerre mondiale contre le " terrorisme ".

La dernière " mission de paix " des Etats-Unis au Moyen-Orient était d'ailleurs dirigée par Anthony Zinni, général et ancien commandant des troupes américaines dans le Golfe. Son partenaire de conversation est le major-général israélien Dagan qui, naguère, se trouvait à la tête des troupes d'occupation au Liban ainsi que d'unités spéciales entraînées à l'enlèvement et à l'assassinat de dirigeants palestiniens. Les deux hommes n'avaient discuté que de problèmes de sécurité. De négociations politiques sur la date à laquelle Israël allait enfin se décider à appliquer les accords d'Oslo et les résolutions des Nations unies concernant la Palestine, il n'avait pas été question.

Et maintenant, Yasser Arafat ?

Arafat se trouve aujourd'hui devant un choix. Il a fait arrêter des dizaines de militants. Dans le temps, il avait déjà mis hors-la-loi l'aile militaire du Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP). C'est ainsi qu'il croyait s'affirmer comme " dirigeant responsable " aux yeux des Etats-Unis, de l'Europe et d'Israël. Mais aujourd'hui, c'est lui en personne que vise la terreur israélienne. C'est la faillite des accords d'Oslo tant détestés par les masses palestiniennes. Va-t-il maintenant persévérer dans la capitulation ou choisir la voie prônée par le FPLP, l'aile marxiste-léniniste de l'OLP (le front des organisations de libération de la Palestine) ?

Le FPLP invite à " briser le mur d'illusions qui sépare l'Autorité palestinienne de parties entières de notre peuple. Ces illusions consistent à tout attendre des initiatives internationales qui concordent avec le nouveau programme (de Sharon) et qui s'écartent encore un peu plus des résolutions de l'ONU concernant la Palestine ". Le FLPL n'attend qu'une chose de la communauté internationale, c'est qu'elle envoie une force de protection qui rassemblera temporairement les troupes israéliennes pendant que l'on construira l'Etat palestinien.

Comme objectif politique direct, le FPLP propose de transformer l'Autorité palestinienne en un gouvernement provisoire et de proclamer la Palestine Etat souverain sur tout le territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël (la Rive occidentale du Jourdain et la Bande de Gaza). " Quand bien même il n'y en aurait encore que 10 pour-cent réellement aux mains de cet Etat palestinien ", nous dit un porte-parole du FPLP, " conformément au droit international, nous pourrions considérer les 90 pour-cent restants en territoires occupés et aller débattre de ce problème des survivances du colonialisme devant les Nations unies. "

Le FPLP est très actif dans l'Intifada et mène une résistance armée contre l'occupant. Tout comme la population palestinienne, le FPLP se considère depuis 1967 dans une phase de résistance légitime et nationale légale. Il recourt ici à une autre sorte d'actions armées et à d'autres objectifs que le Hamas. Le FPLP entreprend des actions de guérilla contre les trois piliers de l'occupation israélienne : l'armée, les autorités et les colons.

Hamas, par contre, se bat pour un Etat islamique. Il recourt pour ce faire à des attentats suicides contre les militaires et les civils israéliens en guise de " représailles d'un peuple qui est massacré jour et nuit et dont la dignité est humiliée par la machine de guerre israélienne ". Les commandos suicides, souvent très jeunes – ceux des attentats de samedi dernier avaient 20 et 17 ans – sont recrutés sur base de leur expérience directe des humiliations, de la misère et de la répression que représente l'occupation israélienne. Mais on les prépare aussi idéologiquement à mourir pour Allah.

Leurs actions montrent qu'Israël ne pourra jamais se sentir en sécurité aussi longtemps que le peuple palestinien n'aura pas ses droits. Mais ils donnent à Sharon toute latitude d'organiser des représailles impitoyables et ils présentent aux yeux de l'opinion publique internationale une image déformée de la résistance palestinienne, que l'on catalogue ainsi de " terrroriste ".

Aujourd'hui, la chose se confirme une fois de plus : les vrais terroristes au Moyen-Orient, ce sont Israël et les Etats-Unis, qui protègent Israël et lui accordent des milliards de dollars d'aide militaire. Pendant ce temps, la dernière Intifada, depuis septembre 2000, a déjà tué plus de 900 Palestiniens. Ceux-ci n'ont plus que leur engagement et leurs pierres. C'est pourquoi, aujourd'hui, le peuple palestinien opprimé et combattant mérite tout notre soutien.

L'armée israélienne doit se retirer immédiatement et complètement des territoires palestiniens. L'Union européenne doit immédiatement reconnaître l'Etat palestinien dans les frontières de 1967. L'ONU doit envoyer des troupes neutres afin de protéger la population palestinienne de la terreur israélienne et de permettre aux dirigeants palestiniens de bâtir leur propre état.

Versez votre contribution sur le compte n° 001-1951388-18 de l'asbl Médecine pour le Tiers-Monde, rue de la Caserne 68, 1000 Bruxelles, en mentionnant " 25.000 EUROS POUR LA PALESTINE " ou " 122001 ". Plus plus d'infos, tél. au 02/504.01.49 ou http://www.g3w.be