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Les militaires turcs, cinquième colonne des Américains
by Mao Ning Friday November 09, 2001 at 04:40 PM
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Au-delà de simples enjeux pétroliers, se joue actuellement en Asie centrale le prochain " nouvel ordre mondial ". C'est dans cette optique que l'administration américaine abat son joker : les généraux de l'armée turque.

Les dessous de la stratégie américaine
Les militaires turcs, cinquième colonne des Américains
Au-delà de simples enjeux pétroliers, se joue actuellement en Asie centrale le prochain " nouvel ordre mondial ". C'est dans cette optique que l'administration américaine abat son joker : les généraux de l'armée turque.
Commentaires de Mao Ning

Nul n'ignore plus que ce sont les USA qui ont embrigadé jadis comme 'combattants de la liberté' ceux qui figurent aujourd'hui au hit parade des terroristes les plus recherchés, tels Ben Laden et les Talibans. Ces derniers, qui ont été financés via les Emirats du Golfe et entraînés au Pakistan, sont les représentants d'une idéologie qui se réclame du " panislamisme ", qui revendique en gros la fondation d'un Etat islamique partout où vivent les musulmans.
En marge de ce courant intégriste, s'est développé une pensée rivale de la première : le rêve d'une " Grande Turquie ", qui s'étendrait depuis les Balkans, jusqu'au XingJiang chinois. Ces projets de rassemblement, qui vivent principalement dans la tête des hommes forts de l'Etat turc, se sont vus dopés par le démembrement de l'Union soviétique. Rapidement, la Turquie a tenté de s'accaparer le monopole de l'influence dans les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale et du Caucase.

L'étau

Ces deux mouvements, le premier contournant l'Iran par le sud et le second par le nord, constituaient voilà dix ans le marteau et l'enclume dont Washington entendait bien se servir pour asseoir sa domination du Proche-Orient jusqu'en Chine. C'était sans compter les têtes brûlées que comportaient tous ces mouvements extrêmistes. En effet, le rêve panturc s'apparente à un impérialisme nationaliste basé à Istambul, alors que le panislamisme cherche à rassembler les fidèles autour d'un Etat purement religieux, et sans frontières nationales… Le choc entre ces deux vautours e l'impérialisme américain ne pouvait qu'être violent, et c'est en Afghanistan qu'il a pris place.
Mieux organisé et mieux financé, les islamistes ont remporté la première manche, avec l'éviction du commandant Massoud et de ses hommes et de l'avènement à Kaboul des Talibans. Or aujourd'hui, ces derniers n'en font plus qu'à leur tête et refusent la subordination au parrain d'hier. C'est donc la guerre, et surtout une occasion inespérée pour un retour en grâce des militaires Turcs.

Manoeuvres

Malgré la crise économique qui embrasse indéfiniment le pays, l'armée turque a de grands desseins dans le monde. Il s'agit d'abord pour elle de trouver une occasion dorée pour annexer le nord de l'Irak, peuplé majoritairement de Kurdes. La Turquie accéderait alors enfin au rang de pays producteur de pétrole. Ensuite, ce serait probablement le tour des républiques d'Asie centrale, mais les adversaires locaux, Russes, Américains et Iraniens demeurent encore de trop gros clients que pour tenter une sortie. Par contre, là où Big Brother Bush reste enthousiaste par rapport à l'appétit d'Ankara, c'est le XingJiang chinois.

En effet, si le gouvernement turc ne tolère aucune manifestation culturelle identitaire, telle celles des Kurdes ou des Alévis, il soutient sans réserves les mouvements terroristes en Chine. Le très respecté magazine américain Far Eastern Economic Review ne manque d'ailleurs pas de souligner le soutien inconditionnel du gouvernement turc, qui permet même à ces terroristes de parler sur la chaîne de télévision nationale.(1)

Ce beau monde se réunit au sein de la fondation " East Turkestan ", et milite pour l'indépendance du XingJiang chinois, au nom de l'identité ouïghoure. En réalité, cette province chinoise constitue une mosaïque de populations : aux côtés des Ouïghours se trouvent Tadjiks, Ouzbeks, Kazakhs, Mongols, Tibétains, Russes et Hans s qui cohabitent là depuis deux mille ans. La position stratégique qui surplombe tous les sommets infranchissables de l'Himalaya jusqu'au désert de Gobi, suscite les convoitises de l'impérialisme américain et turc. Le sous-sol riche de la région renforce encore plus l'attrait de ce coin perdu des steppes, à tel point que la fondation East Turkestan est dirigée par Mehmet Riza Bekin, qui ne cache pas être… un général de l'armée turque ! En marge de cette fondation indépendantiste, existe une " Association des Réfugiés du East Turkestan ", dirigée par Arslan Alptekin. Ce autre monsieur n'est pas non plus un inconnu. C'est le propre fils de Yusuf Alptekin, secrétaire général de la province du XingJiang jusqu'en 1949, c'est à dire lorsque la Chine était encore sous la botte de Tchang Kaï-Chek !(2)

Les bons et les méchants

La question revient actuellement aux devant de la scène internationale essentiellement pour deux raisons. Primo, les indépendantistes, entretiennent des liens tant en Turquie mais aussi avec les Talibans, aujourd'hui honnis par l'Amérique. L'Alliance du Nord, qui combat les Talibans dans le nord de l'Afghanistan, affirme pour sa part " avoir capturé des militants ouïghours se battant dans les rangs Talibans. " (3) Il s'avère qu'en réalité, la Chine ait été une cible privilégiée des campagnes américaines, toutes idéologies confondues…
Secundo, la présence de commandos turcs aux côtés de l'armée américaine, confirme un retour en force des Turcs dans la région. La volonté de provoquer une guerre ethnique en Chine et dans toute la région se précise aussi.

En agissant ainsi, l'impérialisme américain veut porter un coup décisif au cœur du " Groupe de Shanghaï ", qui regroupe les pays d'Asie centrale (Russie, Chine, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Turkménistan) contre le terrorisme et le trafic de drogue. Car ce que craint en premier lieu la Maison Blanche, c'est de voir la région se pacifier, de retrouver ainsi les capacités de développement, et de pouvoir jouir indépendamment de l'Occident des richesses pétrolières locales. Le couloir ouvert vers l'Asie centrale via le Pakistan et l'Afghanistan, qui a coûté 20 ans d'investissements américains , se refermerait immédiatement.

Aujourd'hui, plus que jamais, l'Amérique craint plus que le reste du monde, une aggravation de la crise économique. 'Exporter les répercutions' de la crise en provocant des conflits armés ailleurs demeure la seule solution des pays capitalistes, comme ce fut le cas durant les deux grandes guerres mondiales. Aujourd'hui, le pôle de croissance à abbattre dans cette optique américaine apocalyptique porte un nom, c'est la Chine.

Apocalypse now

Une agitation récente s'est déjà fait sentir d'ailleurs dans les traditionnels foyers antichinois, tous à la botte des capitalistes. Par exemple, à Taiwan, le " dissident " Wang Dan, jure dans un grand quotidien, détenir la preuve que la Chine est l'allié d'Oussama Ben Laden. (4) Au Pentagone, on dit savoir que la Chine armerait l'Irak en matière de défense aérienne par un réseau ultra-sophistiqué en fibres optiques. (5) Récemment, un militant indépendantiste actif, a déclaré à un grand quotidien, que " l'Amérique s'est toujours fait entendre par le biais de la religion (sic ! !). La majorité d'entre nous aimons l'Amérique. C'est parce que nous haïssons la Chine. Le premier combat est contre la Chine. Les problèmes religieux, on s'en préoccupera après. " (6) Voilà qui est clair. Il s'agit clairement d'une volonté des Américains de reconduire un scénario à l'afghane.

L'Espoir

Une lueur d'espoir subsiste tout de même. Après plusieurs action suicides, les attentats en Chine (très meurtriers : plusieurs centaines de victimes) ont cessé. La populations locale ne soutient guère ces mouvements centrifuges, et pour une raison bien précise. Le Parti Communistes Chinois mène une politique très judicieuse dans ces contrées habitées par de nombreuses minorités nationales. La liberté de culte est partout garantie en Chine, mais le culte et la politique sont clairement distinguées. La culture des minorités nationales, aussi réduites soient elles, sont reconnues comme identité nationale. La culture ouïghoure ou tibétaine sont des représentants à part entière de la Chine d'aujourd'hui, prise toute entière.
Enfin, le gouvernement mène depuis plus de 20 ans maintenant une modernisation économique très accélérée dans la région. De milliers de kilomètres de voies ferrées et de routes ont été bâties. Le revenu moyen a plus que décuplé ces dix dernières années. L'enseignement et les soins de santé dans ces régions demeurent un sujet de préoccupation de premier plan. Aussi, dit-on en Chine, le XingJiang est une région riche du pays. Elle a gardé son folklore, ses traditions, a développé ses industries. Beaucoup reste à faire, mais seul le socialisme peut offrir à cette partie du monde un réel avenir.

Notes :
1. Far Eastern Economic Review, 13/05/2000
2. Idem
3. The New York Times, 05/10/2001
4. The Taïpei Times, 23/10/2001
5. Hong Kong Imail, 08/10/2001
6. The Washington post, 13/10/2001