arch/ive/ief (2000 - 2005)

La police turque a massacré 5 grévistes de la faim à Istanbul!
by Info-turk Tuesday November 06, 2001 at 11:49 PM
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Sûr du soutien américain en échange de la participation de l'Armée turque à la guerre en Afghanistan, le régime d'Ankara durcit la répression dans le pays et évoque une possible "annexion" du Nord de Chypre dans l'éventualité d'une adhésion chypriote à l'Union européenne.

Les médias parlent également de l'annexion de l'Irak du Nord pétrolifère
Alors que les commandos de l'Armée turque se préparent à l'opération en Afghanistan, la police turque a, de sa part, réalisé une autre opération en Turquie en massacrant cinq grévistes de la faim à Istanbul. Le 5 novembre, les forces de l'ordre sont intervenues pour évacuer une dizaine de personnes qui jeûnaient depuis plusieurs mois dans deux maisons dans le quartier de Kucukarmutlu à Istanbul.
Les forces de l'ordre ont pénétré dans le quartier avec des véhicules blindés, mitrailleuses, bombes et des pelleteuses, détruisant des barricades érigées dans les rues alentour. Cinq corps ont été retirés de maisons occupées par des grévistes de la faim, soutenant le mouvement de prisonniers contre la détention en isolement renforcé.

Voici la liste des victimes, selon l'agence de presse Ozgurluk:

Mme Arzu Güler
M. Haydar Bozkurt
Mme Sultan Yildiz
M. Bülent Durgaç
M. Baris Tas
La grève de la faim des prisonniers politiques ou de leurs proches pour protester contre le nouveau régime carcéral à isolement renforcé avait déjà fait 41 morts, avec le décès de deux grévistes en octobre dernier. D'ailleurs, l'assaut sanglant des forces de l'ordre contre les prisons le 19 décembre 2000 avait fait 32 victimes, dont 30 prisonniers politiques et deux soldats. Avec cette nouvelle opération sanglante, le nombre total des victimes de la résistance s'est élevé à 78.
La police a réclamé que cinq victimes de la dernière opération se seraient suicidées par le feu et par l'empoisonnement de gaz. Les médias ont affirmé que certains dans la maison auraient ouvert le feu contre les policiers.

Ils affirmaient la même chose après l'opération du 19 décembre 2000!

Or, l'agence de presse Ozgurluk diffuse les précisions suivantes d'après des témoins oculaires:
Les centaines de policiers regroupés à l'entrée principale de Kucukarmutlu ont commencé à avancer vers le centre du quartier à environ à 14.30 (heure locale). En raison de l'opération, la police a interdit l'accès à la zone. Pendant deux heures, on a entendu des tirs sans cesse. Les barricades sur des routes ont été démolies avec des bouteurs et les véhicules blindés ont attaqué plusieurs maisons. En même temps beaucoup de gens ont été arrêtés.

Les témoins oculaires confirment que la police a utilisé une quantité excessive de gaz de CS et est entrée dans les maisons avec des armes. En outre, les chaînes TV ont filmé l'attaque sur la maison où se trouvaient les grévistes de la faim. L'utilisation des armes se voyait clairement à ces émissions.

Ill s'agit en effet d'un nouveau bain de sang dans un pays candidat à l'Union européenne.

Le premier ministre Ecevit (DSP), le chef de l'Etat-major des forces armées le général Kivrikoglu --également l'homme fort du Conseil de la Sûreté nationale (MGK)--, les vice-premiers ministres Devlet Bahçeli (MHP, néo-fasciste) et Mesut Yilmaz (ANAP, de droite) ainsi que le ministre de la Justice Hikmet Sami Türk (DSP) sont les responsables principaux de la mort des dizaines des prisonniers politiques dans ce pays au seuil de l'Union européenne.

La raison principale de cette nouvelle audace du régime d'Ankara est sans aucun doute la tolérance des dirigeants américains et européens. Alors qu'ils applaudissent la décision du gouvernement turc d'envoyer des commandos turcs en Afghanistan, ils restent silencieux devant la mort des dizaines de grévistes de la faim.

La Turquie est devenue le 1er novembre le premier pays musulman à fournir un soutien militaire en hommes à la campagne menée par les Américains en Afghanistan, en mettant à disposition 90 soldats des forces spéciales à la demande de Washington.

Cette décision fait également partie des projets "touranistes" des milieux d'extrême-droite, c à d, la réunification des tous les pays turcophones sous l'autorité de la Turquie.

Le principal interlocuteur d'Ankara dans la coalition du Nord en Afghanistan est le commandant Rashid Dostum, un chef de guerre de l'ethnie ouzbek qui contrôlait déjà une partie du nord de l'Afghanistan avant que les talibans n'expulsent ses partisans ouzbeks en 1998. Dostum était un des responsables principaux des atrocités commises à cette période-là en Afghanistan.

Dans les médias turcs, on parle souvent des projets expansionnistes visant l'annexion de l'Iraq du Nord en cas de l'extension de l'opération militaire à cette partie de la région. Avec cette annexion, la Turquie pourrait empêcher la création d'un Etat kurde d'une part, et d'autre part, s'emparer les zones pétrolifères Mousul et Kirkouk.

De plus, sûr du soutien américain en échange de l'engagement de l'Armée turque à la guerre d'Afghanistan, le régime d'Ankara vient de relancer ses menaces et chantages concernant la question chypriote tout en évoquant une possible "annexion" du Nord de l'île dans l'éventualité d'une adhésion chypriote à l'Union européenne. La menace a été formulée d'abord par le ministre des affaires étrangères Ismail Cem et soutenue immédiatement par tous les dirigeants politiques dont le premier ministre Ecevit.

Cette attaque diplomatique est accompagnée par les manœuvres conjointes des troupes turques et chypriotes turques dans le nord de l'île. Quelque 1.200 soldats, incluant une partie des 35.000 soldats turcs occupant le tiers nord de Chypre depuis 1974, participent à l'exercice, baptisé Toros 2001, dans une région montagneuse proche de Nicosie.

Les dirigeants européens préfèrent de rester silencieux devant cette offensive dans tous les azimuts d'un régime gouverné par les milieux néo-fascistes et ultra-nationalistes sous l'autorité absolue de la hiérarchie militaire.