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La guerre, c'est la paix sociale !
by cerclesocial@altern.org Monday October 08, 2001 at 03:27 AM
cerclesocial@altern.org

La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets, et l'objet de la guerre n'est pas de faire ou d'empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société. 1984, George Orwell

La guerre, c'est la paix sociale !
[et inversement]


La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets, et l'objet de la guerre n'est pas de faire ou d'empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société.
1984, George Orwell

Après la guerre dite " du Golfe ", en 1991, la prétendue " guerre humanitaire [1] ", au Kosovo et en Yougoslavie, en 1999 - dont la propagande d'État fit approuver la légitimité même par des " anarchistes " -, voici la troisième guerre mondiale de la décennie.

Bush et ses homologues européens l'ont annoncé, c'est une guerre différente. Elle a pour théâtre le monde entier, pour cibles tous les adversaires du capitalisme. Elle sera sans fin. C'est un état de guerre permanent qui est décrété aujourd'hui. Du coup, les maîtres du monde peuvent renoncer aux précautions de langage. Oui, dit Bush, nous tuerons, et nous mentirons sur nos crimes. Sans doute l'ont-ils toujours fait, mais le prétexte des victimes de New-York leur permet d'assumer cette vérité du monde unidimensionnel, qu'Orwell énonçait dans 1984 : la guerre est l'état normal de la paix sociale. La guerre, c'est la paix !

Bush recommande aux Américains de prier, et d'adorer l'Économie. Applaudi par le patronat, Jospin reprend la balle au bond : " Lutter contre le terrorisme ce n'est pas seulement l'affaire des juges, des policiers, des services secrets, des États. Il y a aussi une réponse que peuvent donner les chefs d'entreprise, les investisseurs et les consommateurs. [.] Faisons preuve, tous ensemble, de patriotisme économique. " [Le Monde, 28 sept. 2001]

Huit jours après les attentats du World Trade Center, la Commission des communautés européennes publie une proposition " relative à la lutte contre le terrorisme ". En résumé, il s'agit de traiter comme terroristes, et donc selon les dispositions judiciaires anti-terroristes d'exception (davantage de garde à vue, moins d'avocats), toute espèce d'activité contestataire : " La décision-cadre prévoit que lorsque [les infractions] sont commises intentionnellement par un individu ou un groupe contre un ou plusieurs pays, leurs institutions [.], en vue de les menacer et de porter gravement atteinte aux structures politiques, économiques ou sociales de ces pays ou de les détruire, elles doivent être considérées comme des infractions terroristes.
" Il s'agit notamment du meurtre, des dommages corporels, de l'enlèvement, de la prise d'otages, de l'intimidation, du chantage, du vol simple ou qualifié ; de la fabrication, la possession, l'acquisition, le transport ou la fourniture d'armes ou d'explosifs ; de la capture illicite d'installations publiques, de moyens de transport publics, d'infrastructures, de lieux publics et de biens (publics ou privés) ou des dommages qui leur sont causés.
Cela pourrait couvrir des actes de violence urbaine, par exemple. " Par exemple.!

Alors les gogos d'Attac ! Heureux ? Vous demandiez plus de flics, plus de juges, plus de lois répressives pour " moraliser " le système capitaliste. Vous allez les avoir : aux fesses ! À moins que vous ne mettiez en avant vos états de service policiers. Voyez Passet, qui se vante sur France-Culture d'avoir, à Gênes, négocié avec les responsables policiers la modification du trajet d'une manifestation, pour mieux faire coincer les militants
radicaux. Il est toujours membre de votre " conseil scientifique ", non ?

La première mesure de l'état de guerre, c'est une autre proposition de la Commission, sera la création d'un mandat d'arrêt européen, applicable sans recours dans le pays destinataire. Un juge de Gênes pourra faire arrêter un manifestant parisien ou barcelonais, soupçonné de violence (terroriste) à agent. Un magistrat espagnol ou irlandais pourra faire traîner devant lui un écrivain français coupable d'insulte (terroriste) à la religion, d'injure (terroriste) à chef d'État, etc. Peu importent les législations locales : Nul n'est censé ignorer la guerre !
Telle est la nouvelle règle européenne.
Un crétin (ou pire ?) a récemment été condamné à Lure (Haute-Saône-France) à un an de prison ferme pour avoir crié " Vive Ben Laden " ! Nul n'est censé ignorer Ubu ! Nul ne peut mesurer à l'avance la criminelle connerie des magistrats ! Nul ne sait combien peut " coûter " aujourd'hui un Crève Jospin !

Pour un monde sans argent ni frontières:
ni mollahs ni marchands, ni maîtres ni ministres!
À bas l'économie, Dieu et les patries !
Nous sommes tous-toutes du Black Block !

Claude Guillon
Paris, le 4 octobre 2001