L'adversaire: Guerre totale contre un péril diffus by Ignacio Ramonet Wednesday October 03, 2001 at 10:06 AM |
C'ÉTAIT le 11 septembre. Détournés de leur mission ordinaire par des pilotes décidés à tout, les avions foncent vers le coeur de la grande ville, résolus à abattre les symboles d'un système politique détesté.
Très vite : les explosions, les façades qui volent en éclats, les effondrements dans un fracas d'enfer, les survivants atterrés fuyant couverts de débris. Et les médias qui diffusent la tragédie en direct...
New York, 2001 ? Non, Santiago du Chili, 11 septembre 1973.
Avec la complicité des Etats-Unis, coup d'Etat du général Pinochet contre le socialiste Salvador Allende, et pilonnage du palais présidentiel par les forces aériennes. Des dizaines des morts et le début d'un régime de terreur long de quinze ans..
Par-delà la légitime compassion à l'égard des innocentes victimes des attentats de New York, comment ne pas convenir que les Etats-Unis ne sont pas - pas plus que nul autre - un pays innocent ? N'ont-ils pas participé à des actions politiques violentes, illégales et souvent clandestines en Amérique latine, en Afrique, au Proche-Orient, en Asie... ? Dont la conséquence est une tragique cohorte de morts, de « disparus », de torturés, d'embastillés, d'exilés...
L'attitude des dirigeants et des médias occidentaux, leur surenchère proaméricaine ne doivent pas nous masquer la cruelle réalité. A travers le monde, et en particulier dans les pays du Sud, le sentiment le plus souvent exprimé par les opinions publiques à l'occasion de ces condamnables attentats a été : « Ce qui leur arrive est bien triste, mais ils ne l'ont pas volé ! »
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