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20.000 à Gand:et maintenant vers le 14 décembre!
by frank sonck Monday October 22, 2001 at 07:04 PM
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Le 19 octobre, à Gand, un bon 20.000 personnes ont manifesté contre le sommet européen «informel» qui s'y déroulait. Tout s'est passé dans une ambiance chaleureuse et combative. Bilan de cette journée avec Lydie Neufcourt, secrétaire du PTB pour la Flandre-Orientale.

Lydie Neufcourt. Je pense que le 19 octobre a été un grand moment de la résistance contre l'Europe antisociale. 20.000 personnes ont participé à cette journée: le matin, 2.000 écoliers, l'après-midi, 7.000 syndicalistes et le cortège de la «Manifête», le soir, a attiré 12.000 personnes. Un beau remue-ménage bigarré, haut en couleur, avec théâtre de rue, groupes de percussions, sonos, notre dragon rouge… L'ensemble était très combatif. Des milliers de jeunes protestaient contre la guerre.

Le mouvement n'aurait pu donner de meilleure réponse à la psychose que le gouvernement avait créée. Verhofstadt et Beke (le bourgmestre SP de Gand) ont fait en sorte de fermer l'unif, les écoles et même le complexe cinématographique Decascoop. Cela ne s'était jamais produit.

Les commerçants ont tous reçu une lettre leur recommandant de fermer boutique. Il y avait 3.500 flics, des tas de véhicules blindés et des hélicos à volonté. Ça n'a pas empêché 20.000 courageux de réclamer leur droit d'exprimer leurs protestations. Sans toute cette campagne de psychose, il y aurait sûrement eu beaucoup plus de monde encore.

A quoi doit-on ce succès?

Lydie Neufcourt. Je pense que l'actualité récente y a grandement contribué. Il y a eu les attentats du 11 septembre, l'horrible guerre contre le peuple afghan et la vague de licenciements et de restructurations qui a suivi. Cela a rendu les gens plus conscients. Cela a surtout rendu les jeunes encore plus réticents vis-à-vis du système actuel. On l'a vu dans la «Manifête».

Plusieurs organisations se sont clairement exprimées contre la guerre. Le Mur contre l'Europe militaire et le tapis de gens couchés sur la place Wilson, c'était une action fantastique.

Une quarantaine d'organisations ont participé à l'organisation. Ce n'est pas négligeable.

Lydie Neufcourt. En soi, ç'a été une source de succès. «O19» (la coordination constituée pour le 19 octobre) a travaillé dans l'esprit de Gênes: l'unité dans la diversité. A l'origine, on avait prévu quatre débats. En fin de compte, ces quinze derniers jours, il y en a peut-être eu vingt-cinq. Des centaines de personnes, surtout des jeunes, y ont participé, ce qui a assuré une dynamique énorme, une culture du débat riche et ouverte, dans laquelle chaque organisation a proposé son alternative d'«une autre Europe dans un autre monde».

Avec le PTB, nous avons participé à presque tous les débats et, chaque fois, nous avons distribué un dépliant d'O19. Pour notre alternative communiste aussi, il y a eu beaucoup d'ouverture. Cela se remarque aux plus de 500 magazines sur l'Europe que nous avons vendus, aux centaines de personnes qui portaient une chasuble «Chénge the world» ou encore à l'enthousiasme des nombreuses personnes qui marchaient derrière le Dragon rouge de nos jeunes du PTB.

Tout le monde est content que les manifestations se soient passés sans violence. Mais que pensez-vous de la déclaration de Verhofstadt qui affirme que « la conscience que la violence est toujours un mauvaise message s'est imposée» (De Morgen, 22.10.01)?

Lydie Neufcourt. Je trouve cette déclaration de Verhofstadt assez gonflée. Même après l'humiliation subie à son propre sommet par Verhosfsatdt où les trois grands (l'Allemagne, la France et la Grande -Bretagne) ont décidé avant ce que fera l'Europe dans la guerre, il ne veut rien entendre des revendications du mouvement. Après chaque manifestation, à Liège le 22 septembre, à Bruxelles, le 7 octobre et maintenant à Gand, ce gouvernement se déclare heureux car il n'y a pas eu d'incidents mais continue sa politique sans se soucier le moins du monde du message du mouvement.

Les 5000 manifestants pacifistes de Bruxelles, à peine rentrés, ont pu entendre le soutien inconditionnel de la Belgique à la guerre en Afghanistan. A l'approche du sommet de Gand, les verts et les écologistes ont fait croire qu'ils allaient pouvoir faire barrage aux Américains. Mais quel est le résultat ?

Les 10.000 manifestants de la Manifête finissaient leur manifestation, que l'Union européenne déclarait son soutien total à la poursuite de la guerre, l'acte de violence le plus grave qui soit. De la même manière pour Sabena ou la SNCB : le gouvernement continue comme si de rien n'était. Les gens sont vraiment en colère et le gouvernement joue ainsi avec le feu.

Qu'est-ce qui va suivre?

Lydie Neufcourt. O19 s'est sans aucun doute mué en une solide incitation à se rendre le 14 décembre à Laeken. Il nous reste deux mois, mais aussi beaucoup de pain sur la planche. Il faut secouer les syndicats, également. A la «Manifête» participaient 800 syndicalistes. C'est probalement le résultat le plus important de cette journée : car ces syndicalistes ont brisé l'aparthied que tentait d'imposer les directions syndicales nationales pour séparer les « antiglobalistes » des syndicalistes.

Ces syndicalistes ont été soufflés par la jeunesse et la dynamique de la manif : « quelle différence avec la procession syndicale de l'après-midi » m'a dit un délégué. Il nous reste à soutenir ces syndicalistes afin qu'ils expliquent clairement aux travailleurs que tout ce qui leur arrive a trait à l'Europe. Ca va être deux mois des plus passionnants.