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recherche ennemei désespérement
by *** Friday September 21, 2001 at 12:17 AM

Un texte écrit récemment à propos de l'intensification des rapports capitalistes actuelles. (car le capitalisme c'est la guerre). De léffondrement des minaret du capital à New-York, aux prochains combats militaires en préparation, c'est bien toujours un moment du nouvel ordre mondial. Refuser la guerre c'est refuser ce monde qui la contient et la produit. plus à lire à : http://tranquillou.free.fr/plus/recherche.html et http://tranquillou.free.fr/plus/prolposition.html

Ça y est, la 3e Guerre mondiale est arrivée. C'est l'onde de choc, le traumatisme mondial. Face à cette déclaration de guerre, cette insulte à la démocratie, à la liberté, à la vie humaine, chaque peuple fait bloc autour de son souverain, les bons citoyens offrent leur sang, on prie, on pleure, on compatit, on est choqué, horrifié, en colère, on exige des représailles. Les drapeaux sont en berne, de par le monde un deuil est décrété. Dirigeants et dirigés, exploiteurs et exploités, tous se retrouvent unis face au malheur et à l'inacceptable. Un-front-commun-contre-le-fléau-du-terrorisme. On appelle ça : l'union sacrée. Mais derrière cette orchestration larmoyante, cette mise en scène sacrificielle, ce scénario de politique-fiction plus vrai que nature, que se cache-t-il réellement ? Pour tous les damnés de la terre, tout cela ne présage rien de bon.
Dans les prochains jours, les attaques menées contre les intérêts américains serviront d'alibi au déclenchement d'une offensive militaire de l'OTAN ou des Etats-Unis avec l'appui de l'Europe et de ses alliés arabes. On parle déjà de l'Afghanistan, de l'Irak ou du Pakistan. Et l'on peut être sûr que les propagandistes du nouvel ordre mondial invoqueront, comme par le passé (guerre du Golfe, des Balkans, du Kosovo…) les arguments de la défense du monde libre et de la démocratie pour légitimer leur projet militariste ; en réalité, il ne s'agit de rien d'autre que d'une nouvelle tentative pour les grandes puissances de consolider leurs positions d'hégémonie sur l'échiquier impérialiste, dans le contexte de rivalités entre puissances constituées (les USA, l'Europe) et puissances en voie de constitution. Mais les exploités du monde entier n'ont rien à gagner dans ce jeu sinistre : ni la liberté formelle, source de leur exploitation quotidienne, brandie par les Etats occidentaux, ni la violence aveugle planifiée par une clique de chefs militaro-religieux, ayant pour seule ambition de bouleverser l'ordre international à leur profit et d'instituer de nouvelles formes de domination, ne leur seront d'aucun recours dans leurs luttes pour l'émancipation sociale.
Une militarisation de l'Etat, sur l'ensemble de la planète, trouvant sa justification dans la menace terroriste (renforcement des appareils de contrôle et de coercition de l'Etat) est d'ores et déjà à l'ordre du jour. Ainsi, dès le jour de l'attaque aux USA est annoncée en France la mise en place du plan Vigipirate renforcé (phase 2) ; or nous connaissons bien la nature et le rôle de ces «mesures de sécurité» : derrière l'alibi antiterroriste, ce n'est rien d'autre que l'intensification de la chasse aux pauvres, à commencer par les sans-papiers, la surveillance informatisée de nos moindres faits et gestes, la répression immédiate contre tout écart à la norme sociale fixée par les maîtres de nos existences et, de manière générale, l'instauration d'un climat de peur et de suspicion brisant toute solidarité collective contre l'oppression permanente. Bref, rien de tel pour accoutumer mentalement les esprits à la loi martiale et à l'univers totalitaire que l'on nous prépare dans les coulisses du pouvoir.
Cette militarisation des démocraties, ce contrôle et cette gestion militaires des rapports et des conflits sociaux, permet aussi aux Etats de pouvoir enfin s'attaquer aux spectres de ces ghettos sociaux de plus plus difficiles à contenir.
La logique de guerre omniprésente est à l'œuvre aussi bien dans rapports internationaux entre puissances pour l'hégémonie planétaire – plans d'intervention militaires dans toutes les parties du monde, par exemple le plan Colombie, ou les guerres de basse intensité (Chiapas…), gestion humanitaire des rivalités interétatiques à travers le rôle dévolu aux ONG et aux organismes caritatifs – mais aussi dans les rapports sociaux de chaque Etat (ghettoïsation et ségrégations sociales, gestion carcérale des « nouvelles classes dangereuses », etc.).
En dernière analyse, toutes ces mesures, comme tous les discours et toutes les déclarations dont les médias nous abreuvent jusqu'à la nausée, sont destinées à entretenir l'illusion que sans le sang-froid et l'abnégation de nos bien-aimés dirigeants, leurs polices, leurs armées, leurs espions, leurs légistes, leurs diplomates et leurs bureaucraties, nous nous enfoncerions, livrés à nous-mêmes dans la barbarie. Or, c'est de tout le contraire qu'il s'agit : toutes ces institutions ne sont là que pour perpétuer la barbarie, celle des rapports de production capitalistes.
Au plan idéologique, on nous refait le coup de la guerre froide, avec un nouvel ennemi, plus dangereux que le précédent (l'URSS et le "communisme") car insaisissable, intérieur et extérieur, invisible, disséminé, obscur, nulle part et partout à la fois… A nouveau, le monde se structurerait, à les entendre, en deux pôles antagonistes : le camp des démocraties occidentales, le «monde libre» emporté par les USA contre un monde arabe fanatisé par une caste de dirigeants intégristes… C'est cette présentation des choses, cette absolue falsification idéologique de la réalité qu'il faut dénoncer et combattre. La bipolarisation au niveau mondial ne se fait pas entre les démocraties et les Etats terroristes (et leurs bases avancées), mais entre les exploités du monde entier, d'Occident, d'Orient ou d'on ne sait où, et leur exploitation gérée par la clique de dirigeants politiques et économiques internationaux.
L'opération militaire qui se prépare va faire, comme à chaque fois, un massacre parmi la population civile d'un pays (on ne sait pas encore vraiment lequel, très certainement l'Afghanistan) et l'on nous parlera encore de frappes chirurgicales et de dégâts collatéraux. Là, il n'y aura pas les médias pour nous faire pleurer, pas d'images, pas de cris. Ces morts-là, ces souffrances-là, n'auront pas la même intensité, la même importance aux yeux des Occidentaux. Le non-dit des médias et des politiciens peut se résumer ainsi : « Ce ne sont pas des Occidentaux, ce ne sont pas des civilisés, qu'ils crèvent en silence ! »
De Manhattan à Kaboul, les principales victimes du terrorisme d'Etat sont toujours les prolétaires. Nous ne pouvons que renvoyer dos à dos les auteurs des attentats aux USA et les dirigeants politiques qui vont conduire ou cautionner une opération militaire en Afghanistan où ailleurs. Par contre, nous ne pleurerons pas la mort des mollahs talibans et autres milliardaires saoudiens comme nous n'avons pas pleuré la disparition de militaires au Pentagone et de traders au World Trade Center, tous directement responsables de la mort et de la misère de million de gens. Qu'ils s'entretuent tous!
La riposte à notre misère et notre aliénation ne s'est jamais trouvée et ne se trouvera jamais dans le nationalisme, le religieux, la violence aveugle ou l'idéologie de la démocratie, qui ne sont que des leurres par lesquels se perpétuent la domination et l'exploitation. En Palestine, en Europe, au Proche-Orient, aux Etats-Unis et partout ailleurs, il n'y a qu'un seul combat à mener: celui de tous les prolétaires contre toutes leurs exploitations (capitalisme, Etat, religion…) ; et un seul et unique moyen pour parvenir à une libération totale : la guerre sociale.