arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les 21 ans du statut de cohabitant
by P.Grcic Sunday September 09, 2001 at 04:00 PM
ldh-cohabitant@tiscalinet.be Tél./Fax : 02/511.45.41

En 1980, suite à une concertation entre les partenaires sociaux et les autorités, décision est prise de réduire le montant des allocations de chômage d'une catégorie nouvelle : les "cohabitants".

Plusieurs éléments expliquent cette décision. Il y a un consensus pour affirmer qu'il est impossible d'indemniser un nombre de chômeurs qui va croissant et qui semble trop élevé.

Il paraît normal aux yeux de plusieurs acteurs d'instaurer une plus forte sélectivité dans l'octroi des allocations, qu'il s'agisse du montant ou de la durée d'indemnisation. On considère donc qu'il faut employer la notion de solidarité, mais à la baisse, afin de réduire les droits de certains chômeurs qui, dit-on, "ont objectivement moins besoin de cette allocation que d'autres". On ne se place pas dans une logique de progrès social mais d'économie budgétaire. Que ce soit voulu ou non, on fait ainsi jouer les catégories de chômeurs les unes contre les autres. Ces cohabitants seront désormais, et progressivement, attaqués sur deux fronts : on réduira le montant de leurs allocations (certains touchent au forfait 13000 francs par
mois, une misère) et on instaurera une procédure d'exclusion automatique de celles et ceux d'entre eux que l'on dit "de longue durée". Une machine à exclure va peu à peu s'installer, qui aboutira à mettre en cause la dignité
des chômeurs.

En effet, dès lors que l'on souhaite exclure des chômeurs sur base de leur situation familiale, cela implique qu'un contrôle de cette situation ait lieu. Le contrôle visera à rechercher les "cohabitants" qui se déclarent isolés ou chefs de ménage pour éviter la perte de revenu ou l'exclusion.
Pendant des années des perquisitions domiciliaires auront lieu au domicile des chômeurs, qui devront s'expliquer sur leurs relations affectives et sur les personnes qui résident occasionnellement avec elles.

L'image du contrôleur qui vérifie le nombre de brosses à dents était révélatrice du degré de violation de l'intimité du chômeur. Des cas graves ont été rapportés, des personnes ont dû montrer le contenu de leurs armoires, etc. De fait, ce statut cohabitant entraînera l'impossibilité pour les chômeurs de mener une vie affective et relationnelle libre, dès lors que celle-ci conditionne leurs droits à prestations sociales. On assistera à des ruptures au sein de couples. Cette situation entravera l'expression de la
solidarité entre le chômeur et qui bon lui semble. Accueillir chez soi quelqu'un qui se trouve dans une situation difficile (par exemple un frère qui est en dépression) peut entraîner une perte de revenu ou l'exclusion.

Et c'est ici que nous atteignons une dimension d'atteinte à la dignité humaine -socle fondamental sur lequel reposent les droits de l'Homme- car on aboutit en somme à une situation où le chômeur n'a plus guère que le droit de chercher du travail. Tous les autres aspects de sa vie sont influencés par son statut de chômeur. L'expression de la solidarité ou de la citoyenneté devient problématique et, dans certains cas, impossible.

Une autre dimension qui doit être rappelée est bien sûr que ce statut cohabitant vise, assez hypocritement, les femmes, qui sont les grandes perdantes.

Fin des années 1990, un mouvement des "sans" est apparu en Belgique, et l'une des revendications des comités de chômeurs, de sans-abri, était, comme mesure de lutte contre la pauvreté et la précarité, la suppression de ce statut cohabitant, comme premier pas dans la voie de l'individualisation des droits.

Plusieurs associations de la société civile, conscientes des effets injustes du statut cohabitant se sont rassemblées depuis lors et forment une Plate-Forme qui a pour objectif la suppression pure et simple du statut cohabitant : Comité de Chômeurs du Tournaisis, Observatoire de la Santé de la Région de Bruxelles-Capitale, Vie Féminine, Université des Femmes, Comité des sans-emploi de Saint-Gilles, Femmes Prévoyantes socialistes, Comité de
défense des minimexés de Bruxelles, Droits et respect!, Ligue des Familles, Solidarités Nouvelles, Emmaüs, Attac Bruxelles, Droits Devant!, Marche Mondiale des Femmes, Marches européennes contre le chômage, l'exclusion et la précarité, Front SDF Wallonie/Bruxelles, Comité de citoyens sans-emploi de Bruxelles, et la section de Bruxelles de la Ligue des droits de l'Homme qui en assure la coordination.

En vue de rappeler notre opposition fondamentale au statut cohabitant
- nous demandons sa suppression pure et simple sans aucune contrepartie
- nous organisons ce samedi 29 septembre une "fête" à laquelle nous invitons toutes les personnes qui entendent défendre le principe d'une sécurité sociale qui permette à toutes et tous de vivre dans la dignité et qui donne à chacun la possibilité d'orienter sa vie sociale, familiale, affective, selon son propre choix de vie ; une sécurité sociale dont le principe de base soit celui de la solidarité et de la vie sociale, et non de la pauvreté et de la résignation.

GRANDE FETE D'ANNIVERSAIRE
Date : samedi 29 septembre 2001
Heure : 16 H 00
Lieu : La Poudrière,
15 rue du Libre examen,
1070 Bruxelles.
Métro Aumale, Bus 47 ou 49 (arrê Aumale), Tram 56

Entrée gratuite

Renseignements : Plate-Forme Cohabitation,
C/O Section de Bruxelles de la Ligue des droits de l'Homme
Rue de Londres, 15
1050 Bruxelles
Tél./Fax : 02/511.45.41
Mail : ldh-cohabitant@tiscaline.be
URL : http://www.liguedh.org/cohabitant.html