arch/ive/ief (2000 - 2005)

Pourquoi la conference surl'eau de Vancouver etait exemplaire et importante ?
by Jean-Philippe Joseph Tuesday July 24, 2001 at 12:44 AM
jeanphi@altern.org

"De l'eau pour les gens et la nature" Vancouver 5-8 Juillet 2001 compte rendu et impressions

<null bgcolor="white"> <div align="right"> <font size="6" face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular"><b>"De l'eau pour les gens et la nature",</b></font><font size="5" face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular"><b><br> </b></font><font size="5" face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular">une tribune sur la conservation et les droits de la personne<br> </font><font size="4" face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular">5-8 juillet 2001, Vancouver, Canada</font><font size="5" face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular">.<br> Compte rendu<br> </font></div> <p><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular"><br> <br> <br> Ce texte comporte quelques impressions personnelles sur la conf&eacute;rence co-organis&eacute;e par le <a href="http://www.canadians.org">Conseil des Canadiens</a>, <a href="http://www.cupe.ca">CUPE</a> (syndicat canadien de la fonction publique), <a href="http://www.checkyourhead.org">Check your head</a> ("organisation de jeunesse") et <a href="http://www.world-psi.org">Public Services International</a>.<br> <br> </font></p> <p><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular">Pour avoir acc&egrave;s au contenu voir<br> - Le <a href="http://www.canadians.org/blueplanet/conf-2001-f.html">programme</a> et des <a href="http://www.canadians.org/blueplanet/pubs.html">textes de base</a> (dont the Final frontier et l'Or bleu)<br> - L'int&eacute;gralit&eacute; des <a href="http://vancouver.indymedia.org/front.php3?article_id=2359&group=webcast">conf&eacute;rences</a> en mp3 ! (merci Indymedia)<br> - Les manifestes (<a href="http://www.canadians.org/blueplanet/cochabamba-f.html">declaration de Cochabamba</a>, <a href="http://www.canadians.org/campaigns/campaigns-waterpub05fr.html">Eaux aguets</a>, Rien n'est sacr&eacute;)<br> <br> <hr> </font><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular" size="4"><b>Sur le sujet</b></font><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular"><br> <br> Impossible de sortir de cette conf&eacute;rence sans se demander comment cela se fait que la question de l'eau et de sa privatisation ne soit pas un enjeu en France (mais qu'est-ce qui est un enjeu, &agrave; ce jour, &agrave; part la "malbouffe" ?). Peut &ecirc;tre est-ce le fait que 77% de notre eau soit d&eacute;j&agrave; privatis&eacute;e, contrairement aux Etats Unis et au Canada o&ugrave; elle est toujours tr&egrave;s majoritairement publique. C'est vrai que nous vivons sur le berceau des deux leaders (VivendiWater et Ondeo, ex Suez-Lyonnaise) et qu'on est d&eacute;j&agrave; arriv&eacute; &agrave; nous faire croire &agrave; tous que l'eau est un "service" ou un "besoin".<br> <br> Reste que la th&eacute;matique de l'eau prend aux tripes quiconque s'y plonge un peu. Avec la terre, l'air, les relations sociales et leurs manifestations, elle est si fondamentale, si constitutive de notre humnit&eacute; et de nos vies que l'on ne peut parler de son avenir sans &ecirc;tre profond&eacute;ment touch&eacute;. Comme le disait Jamie Linton ce qui concerne l'eau concerne les larmes des enfants, le liquide amniotique, le bapt&egrave;me. Pour les <a href="http://www.interioralliance.org">Nations premi&egrave;res</a> (que nous appelerions les "tribus indiennes du Canada") c'est une force de vie (ils parlent du Cr&eacute;ateur) dont le respect nous est impos&eacute;.<br> <br> Elle ouvre un lien tr&egrave;s fort avec l'histoire, la culture, les valeurs (et c'est vrai qu'entendre un chef indien l&agrave; dessus &ccedil;a remue). Le r&eacute;seau international est l&agrave; ; c'&eacute;tait l'objet de cette conf&eacute;rence que de le r&eacute;veler. Le Sommet de la Terre arrive en 2002 &agrave; Johannesbourg et il est s&ucirc;rement temps, ici, que se rencontrent ceux qui luttent pour la remunicipalisation de l'eau partout en France (et qui n'ont pas toujours conscience de la menace que constituent des accords comme l'AGCS , l'Union europ&eacute;enne ou le partenariat Euromed), les &eacute;cologistes qui d&eacute;fendent les &eacute;cosyst&egrave;mes et la continuit&eacute; des cours d'eau et ceux qui contestent la domination industrielle et commerciale.<br> <br> <b> <hr> </b></font><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular" size="4"><b>Sur la conf&eacute;rence<br> </b></font><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular"><br> Je voulais rendre compte m&ecirc;me bri&egrave;vement et de fa&ccedil;on incompl&egrave;te de cette conf&eacute;rence parce qu'elle me para&icirc;t exemplaire. Elle est exemplaire par le niveau de ses interventions, par les m&eacute;langes qui s'y sont op&eacute;r&eacute;s et , finalement, par l'esprit dans laquelle elle s'est d&eacute;roul&eacute;e, ces trois aspects &eacute;tant bien s&ucirc;r li&eacute;s et indissociables.<br> <br> Pour ce qui concerne les<b> interventions</b>, je n'ai pu assister qu'&agrave; celles du samedi. Je vous rencoie &agrave; nouveau vers leurs enregistrement en vous engageant &agrave; les &eacute;couter et &agrave; les relayer. Michal Kravcik, Steven Shrybman (sur les proc&egrave;s faits par les entreprises aux &eacute;tats, au nom des accords de libre &eacute;change) &eacute;taient tr&egrave;s clairs. Sur les barrages Lori Pottinger a fait une pr&eacute;sentation assez compl&eacute;te et &eacute;difiante de leur impact et des campagnes en cours. Ces interventions se sont conclues par l'objectif de soutien aux recommendations de la Commission mondiale sur les barrages (WCD). J'ai eu de tr&egrave;s bons &eacute;chos de celle des N&eacute;o Z&eacute;landais du vendredi (notamment une d&eacute;monstration d'un piratage de canalisation en direct), de Vandana Shiva et de Maude Barlow. Lorsuqe j'ai eu &agrave; prendre la parole j'ai essay&eacute; de t&eacute;moigner de la privatisation de l'eau en France, de la concentration de pouvoirs qu'elle avait entra&icirc;n&eacute; et par extensions des menaces que faisait peser ce pouvoir sur d'autres "services" (environnement, &eacute;ducation, sant&eacute;, culture...).<br> <br> Un intervenant Colombien, Kimy Pernia Domico, manquait. Il a &eacute;t&eacute; arr&eacute;t&eacute; par les para-militaires 15 jours avant la conf&eacute;rence. Une personne partie &agrave; sa recherche a &eacute;t&eacute; assassin&eacute;e.<br> <br> Le <b>m&eacute;lange</b> entre des repr&eacute;sentants des Nations-Premi&egrave;res, des Sud Africains, des syndicalistes, des ONG et des "mouvements de jeunesse" (c'est ainsi que se pr&eacute;sente Check Your Head par exemple) a permis d'insufler &agrave; cette conf&eacute;rence une &eacute;nergie, une chaleur et une exigence dans les interventions et les positions que j'ai rarement vues. Attach&eacute;s &agrave; livrer les m&eacute;thodes qu'ils acqui&egrave;rent au quotidien dans leurs "workshops", Check your head faisait se lever le public entre deux interventions et demandait aux personnes par cinq de se pr&eacute;senter, proposait des chant , ramenant chaques moments techniques ou th&eacute;oriques &agrave; l'expression, &agrave; l'action et &agrave; l' &eacute;change. Ainsi, l'ancrage et les rappels de valeurs des peuples premiers, les exigences, la chaleur et l'&eacute;nergie de mouvements de jeunes ont radicalement modifi&eacute;<b> l'esprit</b> de cette conf&eacute;rence. On sait comme la volont&eacute; d'int&eacute;grer d'autres communaut&eacute;s dans ce genre de lutte participe souvent &agrave; un d&eacute;tournement de leur culture et de leurs objectifs propres, notamment lorsqu'on cherche &agrave; les "rallier" &agrave; des combats dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. Pour autant il est fondamental de laisser un espace disponible par lequel ils puissent montrer la sp&eacute;cificit&eacute; de leur rapport &agrave; l'eau (par exemple). Lorsqu'ils s'en saisissent, comme ce f&ucirc;t le cas &agrave; Vancouver, la nature m&ecirc;me des d&eacute;bats et de l'&eacute;coute est radicalement transform&eacute;e. Toucher la n&eacute;cessit&eacute; de cette pr&eacute;sence fait appara&icirc;tre plus cruellement notre incapacit&eacute;, en France &agrave; laisser une place libre dans nos projets &agrave; des communaut&eacute;s qui vivent "&agrave; c&ocirc;t&eacute;" de nous (et toujours &agrave; c&ocirc;t&eacute;) ou &agrave; des groupes qui d&eacute;veloppent des m&eacute;thodes diff&eacute;rentes d'organisation et d'action. De fait, cette conf&eacute;rence m'a r&eacute;v&eacute;l&eacute; aussi clairement l'inefficacit&eacute; et l'imposture de nos pseudo forums ou "tous ensemble" reste un slogan sans volont&eacute;.<br> <br> Je retiendrais aussi que, chaque journ&eacute;e, les tons des premi&egrave;res interventions orientent de fa&ccedil;on d&eacute;cisive la conf&eacute;rence mais que des interludes et des transitions faites par des gens exigents et impliqu&eacute;s permettent de relancer constamment le niveau d'attention et de participation.<br> <hr> </font><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular" size="4"><b>Sur les organisations</b></font><font face="Arial,Helvetica,Geneva,Swiss,SunSans-Regular"><br> <br> Le <b>Conseil des Canadiens</b> est une organisation vieille de 17 ans qui tire exclusivement ses ressources de cotisations d'adh&eacute;rents (100 000 &agrave; 35 dollars). Aucun financement public, ni des entreprises (combien d'associations ne touchent d'argent ni de "fondations " Carrefour ou Vivendi, ni des r&eacute;serves parlementaires, ni de l'Union europ&eacute;enne ?). Assez radicale &agrave; Qu&eacute;bec pour ne pas suivre la marche des syndicats mais soutenir ceux qui se sont attaqu&eacute;s au Mur de la Honte, elle est &agrave; l'origine de cette conf&eacute;rence et de cette ouverture vers les communaut&eacute;s (les mouvements indig&egrave;nes et "de jeunesse") et des approches diverses (parler de l'eau en terme,&eacute;conomique, politique, philosophique, historique...). Elle est &eacute;galement &agrave; l'origne du refus de la Communaut&eacute; d'agglom&eacute;ration du Grand Vancouver (GVRD) de <a href="http://vancouver.indymedia.org/front.php3?article_id=2282&group=webcast">renoncer &agrave; la privatisation</a> de l'eau, refus motiv&eacute; explicitement par la crainte des accords de libre-&eacute;change (ZLEA et AGCS). Pas mal ! <a href="http://www.gvrd.bc.ca/services/water/projects/seymour/Seymour_DBO/adobe%20files/list_of_st1_proponents.pdf">Vivendi</a> &eacute;tait sur les rangs...<br> <br> <b>Check your head</b> se d&eacute;finit comme un "mouvement de jeunesse" dont l'objet est essentiellement de faire de l'&eacute;ducation &agrave; la mondialisation dans les &eacute;coles de Vancouver. Par leur <a href="http://www.checkyourhead.org/workshops.html">activit&eacute;</a> et leur public, ils ont d&eacute;velopp&eacute; toute une s&eacute;rie d'outils qui dynamisent et r&eacute;veillent des expos&eacute;s techniques. Ils s'ancrent dans ce mouvement nord-am&eacute;ricain qui d&eacute;veloppe des outils de formation (&agrave; l'action directe non violente comme l'a fait le DAN &agrave; Seattle ou Prague). Outils et m&eacute;thodes qui int&egrave;grent la cr&eacute;ativit&eacute;, la participation et l'appropriation par les participants des th&egrave;mes, objectifs et des modes d'action. Chacune de leurs interludes et de leurs propositions ont relanc&eacute; la conf&eacute;rence. Leurs propositions (temps de bilan et d'&eacute;change quotidiens assis en cercle dans l'herbe, initiative d'un passage &agrave; l'acte par une marche pour la lib&eacute;ration de Kimi) ont syst&eacute;matiquement repos&eacute; des exigences d'actions et d'engagement. Ils sont tr&egrave;s demandeurs de contacts en France et persuad&eacute;s (c'est une opinion r&eacute;pandue au Canada) que la France et l'Europe joueront un r&ocirc;le cl&eacute; dans leur lutte. Oui, je sais, j'ai bien essay&eacute; de leur expliquer mais bon.<br> <br> Au sujet de la marche, on peut &agrave; nouveau constater que lorsqu'une action est imporvis&eacute;e, m&ecirc;me lorsqu'elle int&egrave;gre des syndicalistes, des chansons et des panneaux sont cr&eacute;&eacute;s sur lesquels apparaissent des id&eacute;es et pas des logos d'organisations.<br> <br> <hr> </font> </null>