arch/ive/ief (2000 - 2005)

Genova - Petite chronique (de ce qui se passe déjà) [2]
by Laurent Jésover Friday July 13, 2001 at 10:54 AM

Tiré du courriel électronique d'Attac- Le Grain de sable

Alors que les différentes organisations du Genoa Social Forum se mettent d'accord sur leur présence non-violente dans la rue et sur le déroulé des différentes journées, les autorités italiennes finissent la semaine par la démonstration, une nouvelle fois, de leur mauvaise volonté quand ce n'est pas de leur courte vue.

Nous déplorons d'abord que les parents de notre camarade Florino Iantorno, représentant d'ATTAC Italie auprès du GSF, ait dû accueillir la police à 06h ce matin pour une perquisition. Inutile de dire que celle-ci n'a rien donné. Et pour cause, il n'est pas question de fabriquer une bombe dans la cuisine, un missile dans les toilettes où de cacher une arme dans sa chambre. A moins que les tracts, les
numéros de téléphone soient un délit, les policiers sont entrés sans réelle raison.

D'autre part nous avons appris qu'un autrichien s'était fait refouler à la frontière. D'après la dépêche de http://hns.samizdat.net/ : «Aujourd'hui, 11 juillet, à la frontière de Chiasso/Brodega, un militant autrichien et trois allemands ont été bloqués alors qu'ils voyageaient à bord d'une voiture. L'autrichien apparaissait dans une
fantasmagorique liste d'indésirables et il s'est vu apposer un timbre sur son passeport et recevoir un document du Ministère de l'Intérieur italien, département police des frontières, qui affirmait qu'il était refoulé car "trouvé dans les conditions prévues par l'art. 4 alinéa 6 de la loi n° 40/98". Il n'a reçu aucune réponse à sa demande relative
à la nature de la liste... Source/auteur : C.S.O.A Il Mulino. Mis en ligne le mercredi 11 juillet 2001 »

Il ne faut pas verser dans la paranoïa. Néanmoins il semble clair que la tactique de la police italienne est bien d'irriter et de provoquer. Il faudrait pourtant que les fins stratèges qui sont à sa tête commencent réellement à évaluer les conséquences de leurs actions. Le climat de suspicion et de défiance qui s'installe est peu propice à l'
organisation et à l'accueil de dizaines de milliers de personnes dans une semaine. A moins que, quelque chose de plus machiavélique soit à l'oeuvre de leur côté. Les cibles visées, évidemment, ne sont pas celles qui peuvent troubler l'ordre public en provoquant des violences, or soit la police est vraiment mal renseignée soit elle tente d'atteindre un autre but. Mais en ce cas c'est sans compter sur notre capacité à informer. En ce sens l'importance des médias alternatifs en particulier n'est plus à démontrer.

A Gênes du reste, rue Batisti, un centre médias est en train d'être installé, afin de donner la possibilité de communiquer à tous les médias écrits, vidéos ou radios qui agissent en particulier par l'intermédiaire du réseau Internet. Ce soir, les tentes du centre de convergence commencent, elles aussi, à être installées sur le parking
en bas de la grande avenue qui part de la gare de Brignole et qui va vers la mer. Ce centre jouxte le quartier général des forces de l'ordre. On ne peut pas être à la fois plus ouvert et marquer par la topographie notre volonté d'user de nos droits simplement.

Si la police ne peut pas les garantir, nous aviserons. En attendant nous continuons de nous coordonner. Ainsi une réunion fleuve qui dura jusqu'à 07h du matin a permis de mettre les choses au point sur la journée du 20 et du 21.

Le 20 débutera pas un rassemblement unitaire et un défilé tous ensemble à partir du centre de convergence vers la gare de Brignole.
Là, sur la place Verdi, une action commune aura lieu. A la suite de quoi le cortège se partagera les points de rassemblements pré-définis pour y agir comme il l'a prévu. Sur le sud de la zone rouge à cet endroit, diverses places (piazza) seront occupées par des organisations ou des groupes affinitaires en fonction de leur mode d'action. ATTAC sera normalement sur la piazza Dante et comme nous l'
avions indiqué utilisera les airs. Les Cobas, Tutte Bianche et Giovani Communisti iront au début de l'avenue du 20 septembre (un peu les Champs Elysées de Gênes ou la 5ième Avenue comme on voudra.) pour y « pousser » les limites de la zone rouge. Au nord-ouest divers groupes agiront autour des grilles et barrières en les décorant pour en détourner l'aspect « mur de Berlin » et en organisant des « die-in »
devant les points d'entrée, autant de Check Point Charlie. A l'ouest un cortège syndical se dirigera vers la zone rouge lui aussi. On parle pour ce jour-là, de 20 000 personnes présentes, peut-être plus.

Les mouvements les plus « actifs » dans la rue ont pris la décision de n'utiliser aucun objet pouvant endommager le mobilier urbain, la ville ou blesser les personnes. Plus encore, les fameux Tutte Bianche reconnaissables par leur combinaison blanche lors des manifestations, pourraient y renoncer afin de ne pas se démarquer et exprimer leur unité avec le reste des mouvements, notre unité.

Sur le même thème la journée du 21, celle de la manifestation où plus de cent mille personnes sont attendues, se terminerait par des actions communes sur le lieu de fin en solidarité et évidemment en fonction de ce qui ce sera passé la veille.

Il ne s'agit donc pas de s'affoler mais bien de continuer à s'organiser et à se coordonner. Les premières actions de la police donnent le ton sur leur incapacité voulue ou non à garantir les droits de toutes et tous les citoyen(ne)s. Nos premières actions démontrent au contraire notre pouvoir d'agir ensemble et de créer ensemble non pas cet autre monde, mais en tous les cas les propositions qui y amèneront sans doute et notre capacité à les affirmer.

Laurent Jésover

Rédacteur journal@attac.org
Pour plus d'informations sur les différentes journées et sur ce qui se passe à Gênes, des photos même déjà : http://attac.org/genes2001 Si vous lisez ou déchiffrez l'italien nous vous conseillons le site http://www.carta.org où vous trouverez entre autre le communiqué de presse du GSF à propos de la perquisition chez Fiorino.