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A Guy Verhofstadt, sur la mondialisation
by RUDY LURQUIN Wednesday July 11, 2001 at 09:57 PM
LONGLIER

Courrier des lecteurs du Soir, mercredi 11 juillet 2001.

Devant les députés européens à Strasbourg, vous avez évoqué votre incompréhension du mouvement antimondialiste. Si j'ai bien entendu vos paroles, vous parliez d'une prospérité sans précédent, grâce à la mondialisation. Peut-on parler de prospérité à tous ces travailleurs sur la planète, à qui l'on demande toujours plus de rendement, de flexibilité et qui travaillent avec un sentiment de précarité permanent ?

Actuellement, la première priorité pour les grandes entreprises n'est plus de produire de la qualité, mais bien de dégager le plus de bénéfices possible à tout prix, et, malgré le discours de façade, le personnel de ces entreprises n'est plus considéré comme source de richesse pour celles-ci, mais bien comme une entrave à l'augmentation des bénéfices. J'en veux pour preuve le comportement de leurs titres boursiers lorsqu'elles annoncent une vague de licenciements.

Peut-on parler de prospérité à toutes ces personnes et, plus encore, à tous ces enfants des pays en voie de développement, exploités par quelques-unes de ces grandes entreprises afin de réduire encore le coût de la main-d'œuvre et devant travailler plus de 10 heures par jour dans des conditions inqualifiables, au mépris total de leur dignité ?

Peut-on parler de prospérité à toutes ces familles en situation de famine et dont les besoins, jusqu'aux plus essentiels, ne sont pas assurés, celles-ci pourraient bénéficier d'un tout petit peu de nos richesses sans que nous n'en ressentions vraiment l'effort alors que cela améliorerait considérablement leurs conditions de vie ? Sans oublier la précarité de nombreuses familles du monde occidental.

Ne pensez-vous pas que voilà probablement ce qui motive toutes ces manifestations antimondialisation lors des sommets politiques ou économiques, ressentis chaque fois comme une gifle à la face de tous ces gens ?

Ces manifestants ne sont pas contre la mondialisation, ils sont contre « cette » mondialisation qui nous est imposée actuellement. Ne pas comprendre cela, c'est faire preuve d'aveuglement dont j'ai peine à croire qu'il puisse être involontaire...


© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2001