arch/ive/ief (2000 - 2005)

Du reste la plupart des sièges d'organisations, ONG, syndicats, partis politiques se trouvent en zone rouge, comme des milliers d'habitants, des petits commerçants, enfin toute une vie, toute la vie de la vieille ville. A partir du 18 tout cela sera coupé du reste du monde, fermé, bloqué, ou presque : il restera encore bien la télévision ou les bruits de la rue.

Pour les téléphones et en particulier les portables c'est une autre histoire. Quelques mésaventures s'accumulent qui finissent par nous faire croire qu'il ne s'agit pas d'une succession de hasards. Arrivé en Italie avec d'autres personnes connues des services qui veulent bien nous connaître, nous nous sommes aperçus que si nos téléphones
captaient bien le réseau italien, il était en revanche impossible de se connecter et de passer un appel. Nous sommes donc retournés en France pour vérifier la chose avec Itinéris (nouvellement Orange) : tout est normal nous dit-on fort aimablement. Nous rappelons une deuxième fois pour vérifier avec une autre personne : oui, tout est normal. De retour en Italie, les téléphones sont de nouveau inutilisables.

Petites tracasseries. Elles se multiplient. Nous n'en sommes bien évidemment pas les uniques victimes. La police est omniprésente en uniforme ou en civil, autour des lieux de réunions ou derrière nos pas dans la ville. Rien de bien méchant, mais visiblement on a décidé de devenir facétieux (une amie ne peut plus appeler son ami à partir de son portable, repérés tous deux : le numéro ne passe jamais. Elle utilise donc d'autres téléphones). Il n'y a pas de véritable nervosité dans l'air, mais sans doute a-t-on décidé de faire succéder les atermoiements aux contradictions, les tracasseries aux taquineries.

Cela n'empêche personne de s'organiser et de travailler. Il ne se passe pas une journée sans une mobilisation pour dénoncer calmement mais fermement l'omniprésence de la police par exemple ou le fait que la zone rouge est anti-constitutionnelle. Dans toute l'Italie des mobilisations se succèdent comme à Bologne où une semaine contre le G8
vient d'avoir lieu, d'information et de débats, comme à Naples où l'European Vision (ce bateau que nous avions rebaptisé Taxe Tobin Vision à son départ de St Nazaire) a été l'occasion de protester, comme à Rome où des manifestations ont accueilli la réunion des Ministres des
finances du G7. A Gênes c'est aussi le Cardinal Tettamanzi, évêque de la ville, qui prend position contre le G8, en faveur de l'annulation de la dette et pour le Genoa Social Forum.

Le Forum, cette coordination de plusieurs centaines d'organisations, a trouvé les endroits où se dérouleront à partir du 15 juillet les différents débats. Un centre de convergence sera aussi mis en place.
(attention : les emplacements de ces deux lieux viennent de bouger : ils sont descendus vers la mer). Les changements sur les cartes en ligne auront lieu très rapidement, d'ici à demain. Mais l'organisation de l'accueil des manifestants aura lieu aussi en France.

Un centre de convergence est en train d'être mis sur pied avant la frontière italienne de Menton-Vintimille, sur l'autoroute, juste après le dernier péage français que vous trouverez facilement une fois passée la ville de Nice : l'aire d'autoroute Beausoleil.

Grâce au travail de groupes italiens à Imperia et français à Nice, nous serons en mesure d'accueillir tous les bus et toutes les voitures qui souhaitent atteindre Gênes et passer la frontière dans de bonnes conditions. Sur cette aire d'autoroute « Beausoleil » nous vous fournirons des informations sur l'état des différentes frontières, sur
celle que vous allez passer plus particulièrement, des plans de Gênes avec un petit guide pour vous aider à vous retrouver et à agir dans ce nouvel environnement, des informations sur votre hébergement et sur ce qui est organisé.

Ce centre de convergence ouvrira le 18 juillet au moment où le gouvernement italien mettra en place des contrôles. La frontière ne sera pas bloquée mais on peut imaginer facilement que les tracasseries administratives et les fouilles seront tatillonnes. Nous ferons donc notre possible pour que tout le monde passe et arrive à Gênes et pour que tout ceci se déroule calmement et au mieux de nos intérêts qui sont d'aller manifester et participer aux mobilisations à Gênes. Du reste des avocats italiens seront présents en plus de militants afin que les négociations éventuelles se déroulent dans les meilleures conditions et dans le respect de la loi. Le poste frontière à cet endroit a en effet la particularité d'être en territoire italien, la
frontière (la ligne) se trouve, elle, au milieu d'un tunnel.

L'ambiance générale est donc excellente malgré les petites
tracasseries policières. L'organisation en particulier de l'accueil des manifestants se met en place de façon satisfaisante.

Laurent Jésover. Rédacteur journal@attac.org