arch/ive/ief (2000 - 2005)

Hier au KKK, aujourd'hui fan d'Eminem.
by @den Monday March 26, 2001 at 04:21 PM
gilamaison@skynet.be

Avant, les petits blancs " sudistes ", racistes écœurés par la victoire de l'abolitionnisme refusaient d'adhérer à une Amérique multiculturelle. En échange, ils adhéraient au KKK comme piétaille des riches propriétaires terriens sudistes qui les utilisaient pour attiser la haine entre travailleurs noirs et blancs.

Avant, les petits blancs " sudistes ", racistes écœurés par la victoire de l'abolitionnisme refusaient d'adhérer à une Amérique multiculturelle. En échange, ils adhéraient au KKK comme piétaille des riches propriétaires terriens sudistes qui les utilisaient pour attiser la haine entre travailleurs noirs et blancs. Aujourd'hui ces " sudistes " écoutent du rap et achètent les disques d'Eminem. Eminem est le symbole de cette Amérique blanche : ces textes très violents s'en prennent aux femmes, aux homosexuels, aux Blacks. Bref, Eminem est un poète. Ce qui m'emmerde plus, c'est qu'un gars à l'idéologie aussi séduisante soit pris en main par la multinationale ‘ Universal' (contrôlée par Jean-Marie Messier.) et diffusé comme un vulgaire savon de Marseille : Eminem, véritable petite graine de SA, a déjà vendu plus de 20 millions d'album dans le monde. Aux USA, ou beaucoup de gens comprennent l'anglais paraît-il, de nombreuses associations progressistes se mobilisent à chaque concert du bonhomme. Chez nous, c'est le calme plat. Le style musical plaît. Il donne un petit air rebelle et séduit des wagons complets de jeunes. Les critiques journalistiques ne font rien pour informer ces clients potentiels : ils sont plein d'éloges. Une des chansons d'Eminem raconte comment il tranche la gorge d'une fille qu'il emballe : " Pisse ton sang maintenant, pisse-le, salope ! " Philippe Val, dans Charlie Hebdo, s'est fendu d'une très belle analyse à ce propos : " Si on enlève les petites provocations sanglantes et les gros mots, qu'est-ce qu'il reste ? Il reste le discours électoral de Bush et les tendances profondes de l'Amérique bien-pensante : la haine des pédés, le mépris des femmes, une passion pour les armes et le règlement des conflits par la violence. (…) Les chansons d'Eminem, c'est le credo de la droite américaine la plus répressive, mais comme il dit des trucs choquants, il est défendu par la gauche la plus permissive, et Universal gagne sur tous les tableaux puisque leur force consiste à posséder et à produire eux-mêmes leur propre contestation et à s'enrichir avec. "(1)

(1) : Charlie Hebdo , 14/03/2001

@den, édition du 26/03/2001, n°40, tirage: 4300 adresses électroniques.


Le manifeste d'@den.

Le 'marron', cet esclave qui à l'époque de la servitude, brisait ses chaînes pour fuir l'ordre établi, et bien, le nègre marron m'a pris à la gorge. Et ce mot que je cherchais pour dire ma révolte de l'ordre culturel et de l'ordre tout court, ce mot qui souligne à merveille ce refus qu'on voudrait balancer à la gueule de ceux qui nous macdonaldisent, qui disneyisent, qui nous transforment en clochards de la culture, je le trouvais sur cette "île inquiète"(1): le marronage ! Aujourd'hui, en Occident, la chaîne n'emprisonne plus l'esclave au pied. Les chaînes de notre servitude sont aussi posées dans notre cerveau. Combien de Français, de Belges abrutis par Jean-Pierre Foucault ? A quoi rêvent encore les hommes écrasés par la Loterie Nationale et les rubriques zodiacales de je ne sais quel canard boiteux ? Pourquoi cet océan de verroteries ??? Le marronage m'apprend à vouloir casser mes chaînes et à prendre le maquis de la contre-culture. C'est là qu'est le vrai but d'@den car marronage signifie subversion et transgression d'un ordre contraire. En conséquence, je vous invite à partir dans la montagne bouter l'incendie de notre inaliénable révolte.

Gilles Martin