Un témoignage de Porto Alegre by Le Grain de Sable Tuesday January 30, 2001 at 11:36 PM |
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Nous recevons chaque jour des informations du Forum social mondial qu' il est difficile de mettre en forme. La profusion des débats, des idées et des échanges ainsi que l'implication de chacune et de chacun dans ce qui se déroule, empêche pour le moment d'avoir le recul nécessaire. Voici néanmoins un témoignage à propos d'une réunion parmi les centaines qui se déroulent chaque jour.
COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°206)
Mardi 30/01/01
26 janvier 2001, une journée bien pleine.
Cette fois, nous sommes dedans jusqu'aux neurones, conférences ce
matin à 8h30, ateliers l'après midi à 14h et réunion d'organisation à
20h.
Le matin, nous avons le choix entre 4 conférences, l'après midi, entre
une centaine d'ateliers. Ce matin, j'ai choisi une conférence sur la
Société Civile présidée par François HOUTART (Belgique)
Je vous livre ici les idées qui m'ont le plus touchée, les
intervenants étaient vraiment excellents. (quelle chance d'être là !)
- François HOUTART : attention quand on parle de la Société Civile de
ne pas faire d'angélisme ; la Société Civile disons bourgeoise, même
lorsqu'elle dénonce les abus du néolibéralisme, ménage le système et
agit parfois pour amoindrir les Etats.
La Société Civile populaire (je résume et simplifie, forcément)
cherche des alternatives, conquiert de nouveaux espaces publics.
Enfin, les ONG d'assistance (entre guillemets) sont importantes car
l'être humain doit manger, se loger, éduquer ses enfants... s'il est
restreint à sa dimension biologique, il ne peut pas atteindre sa
dimension biographique, construire Sa vie.
- Un Frère, le Frère BETTO, brésilien, nous a parlé avec justesse de
spiritualité. Je porte trois générations d'anticléricalisme et
pourtant il m'a convaincue de l'insuffisance du respect et de la prise
en compte de la spiritualité du peuple par les mouvements de gauche
(ce phénomène parait international) Apres une critique acerbe et fine
du néolibéralisme, il nous a demandé de comprendre la
dé-historisation » actuelle : la culture néolibérale est ICI ET
MAINTENANT, brouille le passé, le présent et l'avenir. Nous devons
nous réapproprier le concept de temps pour établir des projets. Enfin,
il a insisté sur la nécessité de mieux lier les projets sociaux avec
la subjectivité de nos sphères privées.
- Mary CASTRO, sociologue brésilienne nous a parlé des migrations,
avec un regret : seuls deux ateliers sur les 400 prévus en quatre
jours traiteront de l'immigration. C'est pourtant un sujet essentiel
touchant aux droits de l'Homme ; il faut bien constater la fréquente
faiblesse des mouvements de gauche sur ce sujet (en partie parce
qu'ils s'effraient des mouvements xénophobes) Les migrations
s'intensifient de façon spectaculaire ; par exemple, de 1980 à 1991,
le nombre de mexicains vivant aux USA est passé de 2 à 10 millions. Le
migrant, l'étranger, subit une discrimination, il est vulnérable, il
est surveillé, il subit l'arbitraire ; nous devons l'aider à faire
respecter ses droits humains. Mary CASTRO nous propose en particulier
de protester contre la nouvelle loi sur l'immigration en Espagne et
d'agir pour que la convention sur les droits des migrants, signée par
seulement 20 pays à l'ONU, soit défendue.
- Enfin, pendant les échanges de questions/réponses, François HOUTART
a posé avec conviction l'impossibilité aujourd'hui d'un dialogue
DAVOS/PORTO ALEGRE pour transformer la société car le rapport de
forces est trop inégal. Construisons un autre rapport de force avant
d'accepter un dialogue qui autrement, n'est qu'illusion.
Muriel Joly
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