arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le Forum de Davos par lui-même
by coordination anti-OMC Friday December 22, 2000 at 04:06 PM
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La mission première de cette Fondation est de constituer une " communauté globale, un partenariat global entre les leaders économiques, politiques, universitaires et médiatiques ".

Le Forum de Davos par lui-même

Formellement, il s’agit du meeting annuel du World Economic Forum (WEF), juridiquement une Fondation de droit privé dont les membres sont les 1’000 premières firmes globales du monde, " celles qui mènent l’économie mon-diale. "*

La mission première de cette Fondation est de constituer une " communauté globale, un partenariat global entre les leaders économiques, politiques, universitaires et médiatiques ". A cette fin, elle organise une série de meetings (ou Forums) régionaux (Asie, Amérique latine, Europe de l’Est, etc.), où sont mis en contact la " communauté internationale des affaires " et les " leaders politiques " de certains pays (avec des scientifiques pour faire sérieux, des intellectuels ou syndicalistes pour faire bonne mesure et des journalistes ? triés sur le volet ? pour en faire un spectacle de plus) ; le WEF est l’institution où les multinationales peuvent influencer directe-ment les leaders poliques. Pour la préparation et le suivi de ses manifestations, sans oublier un appui financier précieux, le Forum peut donc compter sur ses " Partenaires stratégiques" , réunissant quelques compagnies par-mi les plus influentes: BP, Amoco DuPont (pétrole et chimie), Ascom, Swisscom (télécom.), Audi et VW (ba-gnoles), DHL (cour-rier rapide), Sun, Cisco, Compaq, Novell (informatique), ABN-AMRO, Crédit Suisse, Deuts-che Bank, Deutsche Boerse, Morgan Stanley, UBS (banques et services financiers), PepsiCo, Coca-Cola, America Online, Swissair, ABB, etc., ainsi que les plus grosses boîtes de " consultants " (les jésuites de la rentabilité): Andersen Consul-ting, AT Kearney, Booz Allen & Hamilton, Deloitte Touche et Price Waterhouse. Outre ces entreprises, citons quelques habitués du Forum : les présidents de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale, Kofi Annan, Bill Ga-tes, George Soros, les pd-g de Nestlé, Shell, McDonald’s, Rio Tinto, etc.

Le Forum de Davos est le meeting annuel de la Fondation, " le sommet des sommets ". S’y rencontrent les " 2’000 global leaders for tomorow ", comme ils se nomment eux-mêmes, soit un milliers de " top business leaders ", 250 leaders politiques, les 250 premiers experts académiques ? parmi lesquels certains prix Nobel ? ainsi que quelques 250 " leaders des media ". Toutes ces huiles sont chargées " d’établir l’agenda global. Ensemble, ils définissent la clé des problèmes économiques, politiques et de société dans une optique progressiste et orientée vers l’action. " Ainsi, le Forum se targue d’avoir " joué un rôle clé dans l’identification de nouvelles tendances dans les domaines économique, politique, social et culturel, et dans la mise en place d’actions et de stratégies pour que les multinationales et les pays puissent intégrer ces changements et ainsi maximiser leurs potentiels. "

Eh oui, la constition par le Forum de cette " communauté globale " n’a qu’un but: permettre à l’élite d’assumer au mieux cette responsabilité évidemment très globale: " améliorer l’état du monde ". En effet, toute cette activité est sous-tendue par l’idée que la communauté des " décideurs globaux " a un rôle déterminant à jouer dans la conduite du monde: " Notre philosophie est que les grands défis auxquels l’humanité sera confrontée au XXIème siècle ne peuvent être relevés que par des efforts conjoints des gouvernements et du monde des affaires. " (Klaus Schwab, président et fondateur du Forum)

Ces efforts doivent, toujours selon M. Schwab, avoir comme point commun l’esprit d’entreprise. En effet, " nous savons que l’esprit d’entreprise est la base de tout progrès économique et, par conséquent, social. " Mais, ajoute-t-il, " l’esprit d’entreprise doit prendre place dans un réseau de responsabilités sociales. " A l’attention de ceux et cel-les pour qui cela n’est pas très clair, les responsables du Forum ne cessent de rappeler leur devise: " L’esprit d’entreprise dans l’intérêt public global. "

On voit que le Forum ne se contente pas de réunir tous ces leaders, experts, ou décideurs globaux, ni de leur servir des petits fours. Il participe activement à la teneur des discussions, dont on devine la tonalité générale.

Ainsi, à l’occasion de chaque sommet, un " programme de travail " est concocté par le Forum ? appuyé par ses " Partenaires stratégiques" ? à l’attention de ses convives, qui prédéfinit ces " nouvelles tendances ", " problèmes " et autres " challenges " au menu de " l’agenda global ". Pour prendre quelques exemples récents, le thème du Forum 1991 était: " Une nouvelle direction pour le leadership mondial "; celui de l’année suivante: " Coopération mondiale et mégacompétition "; en 1993: " Rallier toutes les forces pour la reprise éco-nomique mondiale ", en 1996: " Soutenir la mondialisa-tion ", et en 1999: " La respon-sabilité globale: gérer l’impact de la mondialisation ". En 2000, on a eu droit au très énigmatique : " Nouveaux départs : faire la diff-érence "…Pour 2001, le thème prévu était (avant que le Forum ne disparaisse…) quelque chose comme " combler les fossés : dessiner une carte routière pour le futur global ".

En plus de la définition et de la diffusion de concepts idéologiques, le WEF affiche à son actif quelques réalisations concrètes ? et pas des moindres; le WEF se targue en effet d’avoir " joué un rôle de leader dans le processus de mondialisation économique. " Outres de multiples " business opportunities " (contrats juteux, projet de mégafusions, etc.), on lui doit notamment d’avoir relancé, au début des années quatre-vingts, le cycle de négocia-tions sur le commerce mondial, " l’Uruguay round " qui devait déboucher sur la constitution de l’OMC ? c’est pouquoi le Forum a déjà an-noncé qu’il ferait tout son possible, lors du prochain sommet, pour relancer les négo-ciations, bloquées depuis Seattle, à l’OMC, son " bébé ". C’est là-bas aussi qu’ont été mises en place les condi-tions qui permirent la créa-tion de la zone de libre-échanges en Amérique du Nord, l’ALENA. C’est également à lui que revient le succès des négociations sur la libéralisation des services financiers, " à travers la mise sur pied de réunions privées entre les acteurs clés lors du Meeting annuel de Davos de 1997 ".

Le WEF s’attribue également un rôle majeur dans la détente entre la Grèce et la Turquie en 1988; dans le rapprochement entre l’Allemagne de l’Ouest et de l’Est en 1990 (en effet, les chefs qui, comme on le sait, ont tout maîtrisé, se sont rencontrés à Davos...); dans la mise sur pied du Sommet de la Terre à Rio en 1992; dans la signature de l’accord " Jéricho-Gaza " entre l’OLP et Israël; dans le processus de réconciliation aux Balkans en 1996...

C’est ce type de " succès " qui leur fait dire: " Nous croyons que le progrès n’est possible que lorsque les gouvernements et le monde des affaires peuvent discuter de manière libre et constructive des problèmes et travailler ensemble aux meilleures solutions. "