Flash Black ! (SHAFT) by @den Wednesday November 29, 2000 at 01:17 PM |
K.-O. debout, sonné par son efficacité, Shaft est un film à voir de toute urgence par ceux qui aiment le genre. Au début des années 70, une vague de blacks foulait au pied un cinéma largement dominé par les blancs. Un nouveau genre cinématographique naissait: la blaxploitation.
Le genre sera vite délaissé. Aujourd'hui, Shaft, privé et héros culte des seventies, reprend du service. Début des années 70, Martin Luther King et Malcom X ont été assassinés. Le mouvement noir américain se radicalise avec l'émergence dans les ghettos du BPP ( Black Panther Party.) Le cinéma ne sera pas à l'abri. Hollywood a toujours délaissé le public noir. Quand un noir apparaissait à l'écran, c'était toujours pour jouer un rôle de larbin ou de brute très dangereuse: " Auparavant, c'était le désert, nous étions forcés de prendre John Wayne ou Sean Connery pour modèles, c'était absurde, mais les héros noirs n'existaient simplement pas." explique Samuel Jackson, interprète du nouveau Shaft. (1) Le premier réalisateur noir a vouloir casser cette logique est Melvin Van Peebles, arrivé à Holywood, on lui propose un boulot de...liftier. Humilié, il sort à la sauvette "Sweet Sweetback'Baadass Song" un film culte qui va lancer le genre. Van Peebles dédie son film " à tous mes frères et sœurs de couleur qui en ont marre du système." (2) D'autres films suivront dont la série des Shaft de Gordon Parks, véritables étendards de la culture afro-américaine. Ces films portent à l'écran, pour la première fois, un environnement et une culture qui n'apparaissaient jamais. Il a fallu attendre ces années là pour voir un noir tuer un blanc à l'écran. Chose impensable auparavant. Autre temps, autre mœurs le Shaft 2000 est beaucoup plus correct politiquement que les films des années 70. Le film est, entre autres, sponsorisé par une grande marque de sport. Alors que le sexe et l'érotisme était un pilier des films du genre, le Shaft 2000 ne nous gratifie d'aucune scène de ce type. La Paramount qui a produit le film, puritanisme oblige, a pesé de tous son poids pour éluder le côté cul du film. Singleton, le réalisateur s'en attriste: " Les films de la Blaxploitation fonctionnaient sur une affirmation crue et festive de la sexualité. Or, à Hollywood, le sexe semble faire plus peur que la violence." (1)
Ces critiques n'empêchent pas de faire de Shaft un film très accrocheur. La police en prend pour son grade ainsi que les racistes de tout poil. Ce qui explique le succès du film dans les ghettos américains.
Pour plus d'informations sur la blaxploitation: http://blaxploitation.com/
(1) Télérama du 8/11/2000
(2) Cité dans Le journal du samedi du
L'auteur du film, Michel Jakar a contacté @den pour nous livrer sa colère. Dans son mail, il rappelle à juste titre le comportement d'Hergé lors des années noires: " La collaboration d'Hergé en tant qu'auteur de bandes dessinées au journal nazi (dit en Belgique Le Soir (volé)), d'octobre 1940 à septembre 1944, est un fait historique archiconnu, que nul ne peut contester. Ce qui l'est moins, c'est qu'il y donna de novembre 1941 à mai 1942 une bande dessinée engagée contenant des caricatures antisémites qui prennent tout leur sens dans le contexte de ce journal ravi à ses propriétaires légitimes et publié sous le contrôle de la Propaganda Abteilung. Les vignettes parues le 11 novembre 1941 sont sans équivoque, comme celles représentant le banquier Blumenstein de New York, ce dernier symbolisant le "ploutocrate", un des classiques de l'antisémitisme. Chacun devrait pouvoir penser et dire ce qu'il veut de la collaboration d'Hergé au Soir (volé). Mais Madame Rodwell ne l'entend pas ainsi. Elle veut imposer éternellement l'image d'un Hergé ni responsable ni coupable, désengagé. Or il aurait pu choisir un autre lieu que Le Soir (volé), repaire de militants du national–socialisme, comme tour d'ivoire !… L'interdiction de fait de "Madame Charles–Quint, vous avez oublié vos pistolets" est un symptôme qui nous laisse penser que la liberté d'expression est loin d'être garantie dans un pays où la télévision de service public s'empresse de répondre, au mépris des droits des auteurs, à la demande de la légataire d'Hergé. Parlant de son travail sous l'Occupation, Hergé a déclaré qu'il n'avait jamais été censuré." Michel Jakar ne peut pas en dire autant en 2000.
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@den, édition du 26/11/2000, n°34, tirage: 2648 adresses électroniques.
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Voici comment @den est arrivé chez vous.
1. L'inscription électronique.
Suite à un passage sur le site d'@den, suite à une intervention sur un forum de notre part, des gens décident de s'inscrire à la mailing list.
2. Le parrainage.
Des lecteurs qui apprécient le contenu d'@den nous filent des adresses d'amis.
3. Le travail militant.
A chaque rencontre dans un concert, dans un bistrot, dans la rue, je récolte des adresses e-mail.
4. La copie conforme et le spam.
C'est évidemment le point le plus délicat. Quand je reçois un mail intéressant avec des copies conformes visibles, j'envoies @den à ces adresses. Je pars du principe que c'est moralement acceptable puisque le but premier d'@den n'est pas commercial. Je m'interdis d'envoyer un mail trop lourd ( jamais de fichier attaché par exemple) afin d'éviter d'encombrer les boites à message et de prémunir chacun contre les désagréments des virus. Je pars du principe que les gens sont assez adultes pour se désinscrire si @den les emmerde. Ce qui arrive souvent. ( C'est rassurant !)
Il paraît qu'il existe une législation qui s'attaque à ce genre d'envoi non demandé. ( le spam) Et bien pourquoi ne pas sanctionner alors les firmes qui nous balancent de la pub dans nos boites aux lettres de rue. C'est le même principe sauf que le but ici est uniquement commercial. Et que je sache, un mail ne gaspille pas la moindre feuille de papier. Alors que ceux qui s'attaquent à ce genre de procédé commence par s'attaquer aux requins de la pub qui nous inondent. C'est clair qu'il est plus facile de se défouler sur un petit mail…
Le manifeste d'@den.
Le 'marron', cet esclave qui à l'époque de la servitude, brisait ses chaînes pour fuir l'ordre établi, et bien, le nègre marron m'a pris à la gorge. Et ce mot que je cherchais pour dire ma révolte de l'ordre culturel et de l'ordre tout court, ce mot qui souligne à merveille ce refus qu'on voudrait balancer à la gueule de ceux qui nous macdonaldisent, qui disneyisent, qui nous transforment en clochards de la culture, je le trouvais sur cette "île inquiète"(1): le marronage ! Aujourd'hui, en Occident, la chaîne n'emprisonne plus l'esclave au pied. Les chaînes de notre servitude sont aussi posées dans notre cerveau. Combien de Français, de Belges abrutis par Jean-Pierre Foucault ? A quoi rêvent encore les hommes écrasés par la Loterie Nationale et les rubriques zodiacales de je ne sais quel canard boiteux ? Pourquoi cet océan de verroteries ??? Le marronage m'apprend à vouloir casser mes chaînes et à prendre le maquis de la contre-culture. C'est là qu'est le vrai but d'@den car marronage signifie subversion et transgression d'un ordre contraire. En conséquence, je vous invite à partir dans la montagne bouter l'incendie de notre inaliénable révolte.
Gilles Martin
(1) La Martinique.