Un nouvel épisode des aventures de Tintin: "Censure à la RTBF ! " by @den Wednesday November 29, 2000 at 01:15 PM |
Le film de Michel Jakar, "Madame Charles–Quint, vous avez oublié vos pistolets" qui avait été programmé le 1er octobre 2000 à 21 heures sur la deuxième chaîne de la RTBF vient d'être interdit de nouvelle diffusion et de vente par M. Christian Druitte, administrateur général de la RTBF, suite aux exigences de Madame Fanny Rodwell, légataire universelle de Georges Rémi, alias Hergé, en dépit de la position du service juridique de la chaîne.
Le film de Michel Jakar, "Madame Charles–Quint, vous avez oublié vos pistolets" qui avait été programmé le 1er octobre 2000 à 21 heures sur la deuxième chaîne de la RTBF vient d'être interdit de nouvelle diffusion et de vente par M. Christian Druitte, administrateur général de la RTBF, suite aux exigences de Madame Fanny Rodwell, légataire universelle de Georges Rémi, alias Hergé, en dépit de la position du service juridique de la chaîne. Pourquoi ? A un moment du film, une voix off devant la tombe d'Hergé évoque le passé peu glorieux du père de Tintin lors de la seconde guerre mondiale.
L'auteur du film, Michel Jakar a contacté @den pour nous livrer sa colère. Dans son mail, il rappelle à juste titre le comportement d'Hergé lors des années noires: " La collaboration d'Hergé en tant qu'auteur de bandes dessinées au journal nazi (dit en Belgique Le Soir (volé)), d'octobre 1940 à septembre 1944, est un fait historique archiconnu, que nul ne peut contester. Ce qui l'est moins, c'est qu'il y donna de novembre 1941 à mai 1942 une bande dessinée engagée contenant des caricatures antisémites qui prennent tout leur sens dans le contexte de ce journal ravi à ses propriétaires légitimes et publié sous le contrôle de la Propaganda Abteilung. Les vignettes parues le 11 novembre 1941 sont sans équivoque, comme celles représentant le banquier Blumenstein de New York, ce dernier symbolisant le "ploutocrate", un des classiques de l'antisémitisme. Chacun devrait pouvoir penser et dire ce qu'il veut de la collaboration d'Hergé au Soir (volé). Mais Madame Rodwell ne l'entend pas ainsi. Elle veut imposer éternellement l'image d'un Hergé ni responsable ni coupable, désengagé. Or il aurait pu choisir un autre lieu que Le Soir (volé), repaire de militants du national–socialisme, comme tour d'ivoire !… L'interdiction de fait de "Madame Charles–Quint, vous avez oublié vos pistolets" est un symptôme qui nous laisse penser que la liberté d'expression est loin d'être garantie dans un pays où la télévision de service public s'empresse de répondre, au mépris des droits des auteurs, à la demande de la légataire d'Hergé. Parlant de son travail sous l'Occupation, Hergé a déclaré qu'il n'avait jamais été censuré." Michel Jakar ne peut pas en dire autant en 2000.
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@den, édition du 26/11/2000, n°34, tirage: 2648 adresses électroniques.
Comment vous recevez @den.
Voici comment @den est arrivé chez vous.
1. L'inscription électronique.
Suite à un passage sur le site d'@den, suite à une intervention sur un forum de notre part, des gens décident de s'inscrire à la mailing list.
2. Le parrainage.
Des lecteurs qui apprécient le contenu d'@den nous filent des adresses d'amis.
3. Le travail militant.
A chaque rencontre dans un concert, dans un bistrot, dans la rue, je récolte des adresses e-mail.
4. La copie conforme et le spam.
C'est évidemment le point le plus délicat. Quand je reçois un mail intéressant avec des copies conformes visibles, j'envoies @den à ces adresses. Je pars du principe que c'est moralement acceptable puisque le but premier d'@den n'est pas commercial. Je m'interdis d'envoyer un mail trop lourd ( jamais de fichier attaché par exemple) afin d'éviter d'encombrer les boites à message et de prémunir chacun contre les désagréments des virus. Je pars du principe que les gens sont assez adultes pour se désinscrire si @den les emmerde. Ce qui arrive souvent. ( C'est rassurant !)
Il paraît qu'il existe une législation qui s'attaque à ce genre d'envoi non demandé. ( le spam) Et bien pourquoi ne pas sanctionner alors les firmes qui nous balancent de la pub dans nos boites aux lettres de rue. C'est le même principe sauf que le but ici est uniquement commercial. Et que je sache, un mail ne gaspille pas la moindre feuille de papier. Alors que ceux qui s'attaquent à ce genre de procédé commence par s'attaquer aux requins de la pub qui nous inondent. C'est clair qu'il est plus facile de se défouler sur un petit mail…
Le manifeste d'@den.
Le 'marron', cet esclave qui à l'époque de la servitude, brisait ses chaînes pour fuir l'ordre établi, et bien, le nègre marron m'a pris à la gorge. Et ce mot que je cherchais pour dire ma révolte de l'ordre culturel et de l'ordre tout court, ce mot qui souligne à merveille ce refus qu'on voudrait balancer à la gueule de ceux qui nous macdonaldisent, qui disneyisent, qui nous transforment en clochards de la culture, je le trouvais sur cette "île inquiète"(1): le marronage ! Aujourd'hui, en Occident, la chaîne n'emprisonne plus l'esclave au pied. Les chaînes de notre servitude sont aussi posées dans notre cerveau. Combien de Français, de Belges abrutis par Jean-Pierre Foucault ? A quoi rêvent encore les hommes écrasés par la Loterie Nationale et les rubriques zodiacales de je ne sais quel canard boiteux ? Pourquoi cet océan de verroteries ??? Le marronage m'apprend à vouloir casser mes chaînes et à prendre le maquis de la contre-culture. C'est là qu'est le vrai but d'@den car marronage signifie subversion et transgression d'un ordre contraire. En conséquence, je vous invite à partir dans la montagne bouter l'incendie de notre inaliénable révolte.
Gilles Martin
(1) La Martinique.