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La FEF se mobilise contre un « procès politique »
by I. L. - Le Soir (posted by Fred) Sunday November 26, 2000 at 07:08 PM
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Ce lundi 27 et ce mardi 28 novembre 2000, à 9h, devant le palais de justice, rassemblement contre le procès "politique" fait à des anciens étudiants

La FEF se mobilise contre un « procès politique »
Des étudiants manifestants au tribunal

C'était le 25 octobre 1995. Douze mille professeurs et étudiants foulaient une nouvelle fois les pavés bruxellois pour s'opposer au plan d'économie du gouvernement de la Communauté française.

Dans la foule : Michaël Lambert, étudiant en 2e candi en philo romane à l'ULg. Il n'en est pas à sa première manif. En 1986, il suivait son père, instit, qui dénonçait l'indigence de l'école.

Aujourd'hui, après un détour par l'école normale, il enseigne lui même le français et l'histoire.

Le 25 octobre 1995, la manifestation est pacifique. Pas de blessés, pas de casse, mais quelques « travaux de peinture » : une cabine téléphonique, la façade du PS, des panneaux routiers, des véhicules de gendarmerie et... quelques gendarmes badigeonnés au latex. Comme celui qu'utilisent les supporters du Tour de France pour écrire « Virenque champion » sur la chaussée - une peinture qui part à l'eau, précise Michaël Lambert, délégué étudiant à l'époque.

Rien de bien méchant. Et pourtant, cinq ans après les faits, huit étudiants et un professeur de l'académie des beaux-arts de Liège comparaîtront lundi et mardi pour répondre de ces faits. Parmi les neufs inculpés, quatre émargent actuellement au CPAS et n'auront pas d'avocat pour les défendre.

Michaël Lambert est l'un de ces inculpés. Il raconte : Lors de mon interrogatoire, les gendarmes ont prétendu qu'ils détenaient des photos de moi commettant des infractions. J'ai nié. Puis on m'a accusé « d'avoir vivement encouragé » les autres. Personnellement, je plaiderai l'acquittement. Si je suis condamné, j'aurai un casier judiciaire et ne pourrai plus enseigner.

C'est au tribunal correctionnel de trancher sur la culpabilité des inculpés.

Mais la FEF (Fédération des étudiants francophones) s'inquiète. Par la voix de son président de l'époque, Fabrizio Bucella, elle avait appelé à la manifestation en 1995. Par la voix de son président actuel, François Scheuer, elle soutient les étudiants inculpés.

C'est inquiétant pour la démocratie, s'indigne Scheuer. Il y a une tendance actuellement à criminaliser les mouvements sociaux. Ici, on poursuit pour des faits peu lourds. Je tiens à préciser le rôle délibérément politique joué par la justice. Ainsi, il n'y a pas de poursuites des gendarmes suite à l'épisode de la « trémie » à Liège. Pour rappel, en novembre 1995, des gendarmes avaient violemment réprimé une manifestation étudiante qui s'était détournée de son itinéraire initial.

On veut casser la contestation, conclut Scheuer. Il ne baisse pas les bras pour autant et appelle à un rassemblement devant le tribunal correctionnel de Bruxelles lundi et mardi à partir de 9 heures.

I. L.
Le Soir du samedi 25 novembre 2000
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2000