Les patrons n'ont rien à craindre de la taxe des Verts sur le CO2 by DIDIER BETTE / Solidaire Thursday November 23, 2000 at 10:38 AM |
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Bien que les carburants soient toujours très chers, le secrétaire d'Etat à l'Energie, Olivier Deleuze (Ecolo), veut y appliquer de nouvelles hausses: +1,5 F pour l'essence sans plomb, +1,4 F pour le gasoil et +2,8 F pour le mazout de chauffage. Même le charbon et le gaz naturel augmentent. Cette taxe sur le CO2 doit devenir le remède miracle contre l'effet de serre.
Les patrons n'ont rien à craindre de la taxe des Verts sur le CO2
Deleuze (Ecolo) veut augmenter le prix des carburants
Bien que les carburants soient toujours très chers, le secrétaire d'Etat à l'Energie, Olivier Deleuze (Ecolo), veut y appliquer de nouvelles hausses: +1,5 F pour l'essence sans plomb, +1,4 F pour le gasoil et +2,8 F pour le mazout de chauffage. Même le charbon (+1.558 F/tonne) et le gaz naturel (+28,8 F/GJ) augmentent. Cette taxe sur le CO2 - car c'est de cela qu'il s'agit - doit devenir le remède miracle contre l'effet de serre. Tous solidaires pour l'avenir de la Terre?
DIDIER BETTE
La conférence des Nations unies sur le climat se déroule actuellement à La Haye (Pays-Bas). Les représentants de 180 pays s'y creusent les méninges pour savoir comment ils vont aborder ensemble le problème de l'effet de serre. Défi important car ce phénomène entraîne un réchauffement progressif de notre planète, perturbant ainsi la nature. A moins que l'on ne prenne des mesures draconiennes, notre planète risque de devenir inhabitable d'ici peu.
L'une des principales causes de cet effet de serre réside dans le rejet de dioxyde de carbone (CO2). Ce gaz provient de la combustion du charbon, du mazout et du gaz de chauffage, des transports, de la production d'électricité et des procédés industriels. Il importe donc d'établir des conventions internationales susceptibles de faire diminuer les rejets de CO2.
Pour ces raisons, le secrétaire d'Etat à l'Energie, l'écolo Olivier Deleuze, entend prélever une taxe CO2 supplémentaire sur les carburants et combustibles. Ca sonne bien, en théorie. Mais qui peut faire des économies de chauffage? Aucune famille ouvrière ne consomme du chauffage par plaisir, surtout aux prix actuels.
Deleuze veut appliquer des déductions fiscales aux technologies économisant l'énergie (chaudières à haut rendement, capteurs solaires, double vitrage...), mais ici, les locataires n'ont pas droit au chapitre. De plus, tout le monde n'a pas les moyens d'investir là-dedans. Et c'est pareil pour les prix de l'essence et du mazout. Bien des gens sont obligés d'acheter un véhicule à des fins professionnelles parce que les transports publics ne leur offrent pas d'autre choix.
Au contraire de l'industrie, qui peut encore investir dans des mesures d'économies énergétiques visant à éviter partiellement la taxe sur le CO2, les familles ne pourront échapper à cette nouvelle ponction. C'est ce qui ressort également des prévisions de Deleuze. D'après ses chiffres, en 2010, l'industrie aura réduit ses rejets de CO2 de 11,5%, contre seulement 4,3% pour les familles.1
La taxe sur le CO2 est plus qu'une simple mesure environnementale. Car, prétend Deleuze, qui entend avant tout rassurer les patrons, «la taxe sur l'énergie ne peut se solder par une hausse de la pression fiscale ou parafiscale, mais doit être compensée par une réduction des charges sur le travail».2En d'autres mots, cette nouvelle mesure ne doit nullement affecter les entreprises. Pour la population, par contre, elle se traduira par une nouvelle hausse des taxes.
Bien que les entreprises portent incontestablement la plus grosse part de responsabilité dans le rejet de CO2 - à l'échelle mondiale, 122 entreprises prennent à leur compte 80% du rejet total de ce gaz - c'est une fois de plus la population qui va en payer la facture. Et ce sont en tout premier lieu les Belges moins nantis qui vont en sentir les effets dans leur portefeuille. Evidemment, si l'on parle de solidarité...
1. Proposition d'un plan national concernant le climat, p.4. • 2 De Financieel-Economische Tijd, 9 novembre.
Grands maux, grosses factures
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère n'ont jamais été aussi élevées, et elles pourraient encore bien se multiplier par cinq. Les conséquences possibles pour l'environnement et l'être humain sont dantesques.
Sur un point au moins, Olivier Deleuze a raison: des mesures urgentes et énergiques sont nécessaires afin de réduire nos rejets de CO2. Personne ne le contestera. Elles devraient même aller plus loin que le plan de Deleuze, qui vise une diminution de 7,5% pour l'an 2010, alors que des spécialistes affirment qu'une diminution d'au moins 50% est nécessaire pour empêcher cet effet de serre.
En attendant, les calottes glaciaires des pôles Nord et Sud sont en train de fondre. Il a même plu au pôle Nord, pour la première fois depuis...160.000 ans. Dans l'océan Pacifique, les températures ont augmenté de presque 1°C et le niveau des mers monte lentement mais sûrement.
Dans notre pays aussi, les hivers «ne sont plus ce qu'ils étaient». Les huit années les plus chaudes depuis les premières mesures effectuées à Uccle, en 1833, sont postérieures à 1989. Et pour l'an 2100, la température moyenne dans notre pays aura augmenté de 4°C. Chouette, pensez-vous? Erreur! Il y aura davantage de pluie, en été comme en hiver. Fini, le ski dans les Ardennes!
Les conséquences de ce changement climatique irréversible sont encore imprévisibles mais les tempêtes qui viennent de ravager l'Europe, sont déjà un avant-goût de ce qui nous attend. Dans les années 90, il s'est produit en moyenne trois fois plus de catastrophes naturelles dans le monde que trente ans plus tôt. Quant aux pertes économiques, elles sont huit fois plus élevées. Annuellement, de nos jours, 3 millions de personnes sont confrontées à des inondations. Nous pouvons nous attendre à d'importants flux de réfugiés, à des récoltes pourries et à des pénuries alimentaires.
Votre assurance-incendie plus chère aussi!
Les changements climatiques vont provoquer une hausse spectaculaire du nombre d'inondations, de tempêtes et d'affaissements de terrain. Les compagnies d'assurances prennent déjà leurs précautions. C'est ce que déclare Wauthier Robbijns, de l'Association professionnelle des Courtiers d'Assurances: «Les compagnies d'assurances peuvent continuer à prendre en charge les risques d'inondations, mais elles vont tellement faire monter la prime qu'elle va devenir hors de prix pour le consommateur moyen. Cet automne, à la Chambre des Députés, une proposition de loi va être votée garantissant une indemnisation de base pour les dégâts provoqués par les inondations. La nouvelle loi, qui peut entrer en vigueur d'ici janvier 2002, stipule que tout le monde soustraira une fraction supplémentaire pour son assurance-incendie, mais qu'une indemnité de base pourra toujours être versée en cas d'inondations.»1 En d'autres termes: vous paierez plus pour votre assurance-incendie, mais en cas de dégâts, on ne vous versera qu'une «indemnité de base».
1. De Morgen, 7 novembre.