arch/ive/ief (2000 - 2005)

«Zapatismo, Anyone?» / «Leçons zapatistes»
by par Brian Dominick Tuesday November 07, 2000 at 02:36 PM

Zapatism & the struggle against globalisation Le zapatisme et la lutte contre la globalisation

Aug 9 2000

In english:
"Zapatismo, anyone?" (Z magazine)

Not since the Zapatista uprising in January, 1994, has my hope for radical social change been so reinvigorated as by the recent uprisings here in the North around the World Trade Organization, the IMF/World Bank, and the Organization of American States. It's been all the more disturbing, then, that the recent flurry of protest and direct action targeting such global culprits, their policies, and their trade agreements, has almost nowhere been correlated with the Zapatistas' highly successful attempt to address globalism, and NAFTA in particular.

A huge influx of fresh, energetic activists is now filling the collective "ranks" of progressive and radical social movements. Unfortunately, it seems few among them have anything resembling a solid understanding of the Zapatistas, their plight, their teachings, and their strategy and vision.

Have we forgotten our indigenous neighbors to the South? Have we overlooked the fact that no one is more responsible for awakening and inspiring the anti-corporate globalization movement we're already beginning to take for granted? Indeed, are we even aware that for the people of Chiapas, as throughout the Global South, the violence of Seattle is a regular experience?

I think it's time we begin to seriously revisit zapatismo. After all, it's primary instruction with regard to North Americans and Europeans in particular revolves around the Zapatistas' desperate need for parallel resistance in the North. They told us early on that without our solidarity their is little hope of success in liberating their communities and their cultures from the grasp of multinational capital and its demand for a docile, exploitable peasant class in the Third World.

So while we're patting ourselves on the back for successes in Windsor, Washington and Seattle, we should be looking south for more lessons, and more inspiration. The Zapatistas reinvented anti- corporate globalism. We've merely followed their lead, without crediting them for the shove.

So what are the lessons of zapatismo as they pertain to First World activists? The first is that solidarity with the Third World doesn't stop at sending material aid, teachers or observers to impoverished villages in Latin America, Africa, Asia, and the Pacific.

True solidarity means educating our own communities in the struggles of peoples throughout the world. It means raising a consciousness among working people -- especially people of color and marginalized ethnicities -- that they are not alone in their experiences of and resistance to class struggle and racism.

Solidarity also means rising up here at home to raise the social costs of pursuing such peoples' exploitation -- both domestically and abroad -- to a level corporations and the institutional agents which facilitate their pursuits cannot accommodate. That implies distracting multinational institutions from their quest for profits by forcing them on the defensive. It also requires removing the US military from foreign soil, and extinguishing the funds which equip the enemies of our brothers and sisters with the requisites of war. The goal is to send US troops marching North, homeward, demoralized, eager to lay down their weapons once and for all.

Zapatismo also teaches us that all resistance must be informed and animated by deeply-rooted ties to community and culture. Indigenous people in the Western Hemisphere have had 500 years to develop cultures of resistance from what were once cultures of existence, and to define community and identity in relation to a common oppressor. Most of the rest of us are only now beginning to form cultural bonds within a struggle for liberation, and we're caught between two communities: one in explicit, if periodic, resistance; the other absorbed and manufactured by the dominant culture.

Finally, Zapatismo teaches us that democracy -- within and among our movement groups, as well as between them and "civil society" - - is an integral element of revolutionary strategy. There's no substitute for participatory leadership and direction of social movements.

Organizing for truly direct democracy within grassroots groups is hard enough; more difficult still is the task of making concrete connections between our movements and the public they purport to serve and represent. However, if we are to speak for "the people," we must be embraced and eventually joined by "the people." The EZLN and FZLN have had no easy time achieving that end, so we should expect nothing less here at home. But until we take their cue seriously, we will be operating bereft of a confident, coherent vision and without substantial support.

There is plenty more to learn from the Zapatistas and other Third World warriors around the globe. But if there is any one lesson with which we cannot dispense, it is that until we begin looking to and acknowledging the teachings and solidarity of other incarnations of the anti-corporate globalization movement, we can expect to be devoured by our own isolation, ignorance and arrogance.

In addition to being an irregular Commentator, Brian carries out Interactivity Development and Member Support at ZNet. He is a member of On the Ground, a direct action affinity group based in his hometown of Syracuse, NY, and has been working on Zapatista solidarity since January, 1994.


En français:
"Leçons zapatistes" (traduit par Jean-René David)

Les récents soulèvements contre l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le Fond Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et l'Organisation des États Américains (OEA) ont ranimé à un niveau inégalé depuis le soulèvement zapatiste en janvier 1994 mon espoir en des changements profonds de notre société. Cette vague de protestations et d'action directe ciblait des coupables globaux, leurs politiques et leurs accords commerciaux. Il a donc été d'autant plus troublant qu'à aucun moment le parallèle n'ait été fait avec le soulèvement zapatiste. Les zapatistes se sont attaqué à la question de la globalisation, et de l'ALÉNA en particulier, et leur tentative a eu beaucoup de succès.

Des militants énergiques viennent maintenant gonfler les rangs des mouvements progressifs et révolutionnaires. Malheureusement, il semble que très peu d'entre eux ait une solide compréhension des zapatistes, de leurs difficultés, de leurs enseignements, de leur stratégie et de leur vision.
Avons-nous oublié nos voisins indigènes du sud? Avons-nous ignoré le fait qu'ils ont, plus que personne, éveillé et inspiré le mouvement contre la globalisation que nous sommes déjà en train de prendre pour acquis? Sommes-nous même conscient du fait que pour les gens du Chiapas, comme pour le reste des pays du Sud, la violence de Seattle est une expérience régulière?

Je pense qu'il est temps que nous réexaminions sérieusement le zapatisme. Après tout, la principale leçon à tirer du zapatisme, particulièrement en ce qui concerne les Nord-américains et les Européens est qu'ils ont désespérément besoin d'une résistance parallèle dans le Nord. Ils nous ont dit très tôt que sans notre solidarité, il y a peu d'espoir de libérer leur communauté et leur culture de l'emprise du capital international et de sa demande pour une classe paysanne docile et exploitable dans le Tiers-monde.

Alors pendant que nous applaudissons nos succès à Windsor, Washington et Seattle, nous devrions nous tourner vers le sud afin de trouver encore plus d'inspiration et de leçons. Les zapatistes ont réinventé l'action anti-globalisation. Nous leur avons simplement emboîté le pas sans les remercier d'avoir ouvert la voie.

Quelles sont donc les leçons à tirer du zapatisme pour les militants des pays industrialisés? La première est que la solidarité avec le Tiers-Monde ne s'arrête pas à l'envoi d'aide matérielle, d'enseignants ou d'observateurs dans des villages pauvres d'Amérique Latine, d'Afrique, d'Asie ou du Pacifique.

La véritable solidarité signifie éduquer nos propres communautés aux luttes des peuples à travers le monde. Elle signifie éveiller la conscience des travailleuses et travailleurs (et tout spécialement les personnes de couleur et les ethnies marginalisées) au fait qu'elles et ils ne sont pas seuls dans leurs expériences difficiles et leur lutte contre le racisme et la classe dominante.

La solidarité signifie aussi protester ici même dans nos propres communautés. Nos protestations doivent faire monter le coût social de la poursuite de l'exploitation de ces personnes (ici et à l'extérieur) à un niveau inacceptable pour les corporations et les agents institutionnels qui les supportent. Ceci implique de faire dévier les institutions multinationales de leur quête de profits en les mettant sur la défensive. La solidarité exige aussi que les militaires américains évacuent les territoires étrangers et que nous bloquions les fonds qui arment les ennemis de nos surs et nos frères. Le but est que les troupes américaines reviennent à la maison, démoralisées et pressée de déposer les armes une fois pour toute.

Le zapatisme nous enseigne aussi que toute résistance doit être informée et nourrie par des liens profondément enracinés dans la communauté et la culture. Les peuples autochtones de l'hémisphère occidental ont eu 500 ans pour développer une culture de la résistance à partir de ce qui était jadis une culture de l'existence. Ils ont pu définir leur communauté et leur identité en relation à un oppresseur commun. La plupart d'entre nous commençons à peine à former des liens culturels dans notre lutte pour la libération. Nous sommes pris entre deux communautés : une en résistance explicite, bien que périodique; l'autre absorbée et fabriquée par la culture dominante.

Finalement, le zapatisme nous enseigne que la démocratie - à l'intérieur de notre mouvement et entre nos groupes autant qu'entre nos groupes et la " société civile " - fait partie intégrante d'une stratégie révolutionnaire. Il n'y a pas de substituts à la démocratie et à un leadership participatif pour la direction de mouvements sociaux.

S'organiser de façon vraiment démocratique à l'intérieur de nos groupes communautaires est déjà assez difficile. La tâche de créer des liens entre nos mouvements et le public qu'ils prétendent servir et représenter est encore plus difficile. Pourtant, si nous voulons parler au nom " du peuple ", nous devons être accueilli et éventuellement être joint par " le peuple. " Le EZLN et le FZLN ont eu de la difficulté à atteindre cet objectif. Nous devrions nous attendre à la même chose ici. Tant que nous ne prendrons pas leur exemple au sérieux, nous agirons sans vision solide et cohérente, et sans support significatif.

Il y a bien davantage à apprendre des zapatistes et d'autres guerriers du Tiers-Monde de par le monde. Mais s'il y a une leçon dont nous ne pouvons pas nous passer, c'est que jusqu'à ce que nous commencions à reconnaître les enseignements et la solidarité d'autres incarnations du mouvement anti-globalisation, nous pouvons nous attendre à être dévorés par notre propre isolation, notre ignorance et notre arrogance.

En plus de contribuer de façon sporadique au programme de membres de soutien, Brian développe les sections interactives de Znet et fait du support aux membres. Il est un membre de On the Ground, un groupe d'affinité d'action directe basé dans sa ville natale de Syracuse, New York. Il travaille à faire connaître la cause zapatiste depuis janvier 1994.

© Copyright Éditions de l'Épisode, 2000