Manifeste de free Lance

Nous, photographes travaillant pour la presse, assistons aujourd'hui à la multiplication de pratiques contractuelles illégales, inacceptables et attentatoires au libre exercice de notre profession. Ces pratiques remettent en cause les équilibres existant depuis plus de soixante ans entre les éditeurs de presse et les photographes.

Depuis plusieurs mois, la plupart des grands groupes de presse, tant en France qu'à l'étranger, veulent nous imposer des contrats redéfinissant nos conditions de collaboration avec leurs titres. Ces contrats remettent en cause les droits reconnus aux photographes par la loi (Code de la Propriété Intellectuelle, Code du Travail), les usages professionnels et les conditions de l'exercice de notre profession.

C'est pourquoi nous refusons catégoriquement ces contrats, par lesquels ces titres prétendent s'approprier nos images, notamment en raison des points suivants :

* Cession intégrale et exclusive des droits d'auteur pour toute réutilisation dans la presse, sur les supports numériques et la publicité.
* Absence de rémunération supplémentaire pour toute nouvelle exploitation de ces images.
* Transfert de toute la responsabilité de l'éditeur de presse sur le seul photographe en cas de litige relatif au sujet photographié.
* Confiscation du libre choix du photographe quant au partenaire et au mode de diffusion de son travail.

Tous ces points impliquent une perte de contrôle de l'utilisation de ses images par l'auteur et leur association à des produits ou des pratiques commerciales sans qu'il puisse s'y opposer. Ils sont en totale contradiction avec la déontologie du photographe de presse.

Nous refusons que nos photographies soient assimilées à de simples marchandises. Les éditeurs de presse, en restreignant notre liberté de création, notre liberté d'information, en pratiquant un chantage à l'emploi et en refusant de payer un prix équitable pour nos images, mettent en péril le rôle de notre profession et notre capacité à l'exercer dans des conditions décentes.

Nous en appelons à tous les photographes, à toutes les agences, à l'ensemble des organisations professionnelles, à tous nos partenaires du monde de l'image , ainsi qu'aux pouvoirs publics, afin qu'ils prennent conscience que laisser cette dégradation se produire et perdurer serait condamner à terme la richesse et la diversité de l'expression photographique.

Il est urgent de réagir ensemble. Ensemble refusons de signer ces contrats inéquitables et illégaux.
Cet appel vous concerne. Signez-le et faites-le circuler.

arch/ive/ief (2000 - 2005)