arch/ive/ief (2000 - 2005)

******** 5 octobre 2000 ********

- « Révolution » en Serbie

Ce matin, la Cour constitutionnelle serbe annule les élections du 23 septembre et déclare qu’un nouveau scrutin aura lieu à l’issue du mandat normal de M. Milosevic en 2001.

Des milliers de manifestants affluent de la province serbe vers Belgrade

pour manifester leur hostilité au gouvernement (Reuters -

http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=206573&section=default

Selon Free B92 le parlement et la tour de la télévision d’Etat sont en flammes (http://www.freeb92.net/). La radio annonce que des négociations ont lieu pour éviter une intervention de l’armée. Filippa Fletcher de Reuters dans la soirée annonce que le régime de M. Milosevic est tombé :

http://dailynews.yahoo.com/h/nm/20001005/ts/yugoslavia_leadall_dc.html

La police a pénétré dans la grande mine de charbon en grève de Kolubara près de Lazarevac (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=206394&section=default)

Les élections dans les Balkans se suivent et se ressemblent. Le leader du Parti de l’Opposition démocratique albanaise à Tirana Sali Berisha a déclaré mardi que les élections municipales ont été « grossièrement manipulées » par se adversaires ex-communistes, mais, comme en Albanie, les ex-communistes sont alliés des Etats-Unis, l’ambassadeur américain à Tirana Joseph Limprecht a appelé « tous les partis » à respecter le résultat des élections (Central Europe Review - http://www.centraleurope.com/media/cereview.php3?id=206581)

En juin 1999 le gouvernement suisse a fait geler les avoirs de M. Milosevic et 4 inculpés du TPI à la demande de ce dernier (le président de Serbie Milan Milutinovic, son premier-ministre, le ministre de la défense et celui de l’intérieur) . La liste s’était rallongée depuis lors. Cette fois ce sont 30 proches de M. Milosevic qui ont leur compte bloqué ce qui porte le total à une centaine – (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=205934&section=default)

Un intense jeu diplomatique se déploie en Europe autour de la question yougoslave, dans lequel Moscou joue un rôle important. Les déclarations de M. Poutine lundi ont déçu les Occidentaux car il n’adhère pas à la thèse selon laquelle M. Kostunica aurait remporté 50 % dès le premier tour. M. Poutine a déclaré qu’il recevrait MM. Milosevic et Kostunica à la veille du second tour (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=205536&section=default) . Le président Milosevic a déclaré dans un discours à la nation qu’il était naturellement candidat au second tour (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=205549&section=default)

http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=205548&section=default

L’opposition lance une campagne de désobéissance civile et grève générale (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=205175&section=default)

L’alliance DOS envoie à Moscou ses propres résultats électoraux aux élections présidentielles pour pousser la Russie à abandonner M. Milosevic (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=204625&section=default)

• Democratic Opposition of Serbia (DOS) - 10 sièges
• Serbian Radical Party (SRS) - Vojislav Seselj - 2 siège s
• Socialist Party of Serbia (SPS) - Yugoslav Left JUL - 7 sièges
• Serbian Renewal Movement (SPO) - Vuk Draskovic - 1 seat.

Ainsi la gauche est majoritaire grâce à l’apport des socialistes monténégrins et au boycott de Djukanovic (Serbia Info - http://www.serbia-info.com/news/2000-09/29/20755.html )

Pour l’élection présidentielle, Novosti donne comme résultat officiel Milosevic 32,68% Kostunica 48,96% (http://www.novosti.co.yu/29-09 )

Selon la télévision d’Etat serbe, la commission électorale fédérale a publié mardi les résultats suivants : Kostunica 48.22 %, Milosevic 40.23 % sur 10 153 des 10 500 bureaux de vote pour un taux de participation de 64.16 % (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=203606&section=default voir aussi http://www.serbia-info.com/news/2000-09/27/20727.html ).

http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=204098&section=default

Selon Zoran Djindic a obtenu 49,6 % des voix, et S. Milosevic 36,8 %. L’alliance Opposition démocratique de Serbie donne 57 % à M. Kostunica et 33 % à M. Milosevic sur un échantillon de la 45 % des bureaux de vote (cf http://www.dos.org.yu/) . M. Kostunica se donne à lui même sur un échantillon de 1 237 bureaux sur 10 000, 54.05 % et 33.81 % au profit du président sortant. Le SPS accorde au contraire à M. Milosevic 44 % contre 41 à son adversaire principal, la JUL accorde 56,3 des voix à M. Milosevic et 31,4 à M. Kostunica. Le Parti radical accorde 40.44 à M. Milosevic et 49,55 % à M. Kostunica. Le CESID donne 56.82 % à Kostunica. Seule certitude : le Kosovo a voté pour le président sortant et M. Milosevic raffle 90 % des voix au Montenegro. Les partisans du gouvernement de Podgorica avaient boycotté le scrutin : la participation serait autour de 30 % selon les socialistes, 24 % selon Djukanovic. En Serbie au contraire le taux de participation bat tous les records (aux alentours de 78 %) (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=202475).

Yougoslavie. Au parlement, nous avons rencontre la commission de supervision des élections qui nous a expliqué les regles. En fait, elles ressemblent tout à fait à ce qu’on voit dans les pays occidentaux: vote secret, bulletins controlés, dans tous les bureaux de vote, commissions de contrôle ouvertes à tous les partis. » écrit Michel Collon, observateur belge, qui estime que la campagne sur la « fraude électorale » de M. Milosevic n’est en fait qu’un moyen pour les Occidentaux de préparer l’opinion publique à de nouveaux bombardements (LAI - http://www.lai-aib.org/lai/article_lai.phtml?section=A1ABBBAG&object_id=1822)

http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=202295).

Soit M. Milosevic falsifie les résultats (scénario du « big steal »), soit il reporte la publication des résultats (en provoquant un faux coup d’Etat par exemple), soit il accepte les résultats mais reste au pouvoir pour tranférer tous les pouvoirs de la fédération vers la Serbie, soit il laisse le Montenegro faire sécession, ce qui réduit à néant les effets de la victoire de l’opposition puisque la Fédération n’existera plus) (Reuters - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=202290)

Le premier-ministre Momir Bulatovic a déclaré que la constitution autorisait M. Milosevic, en cas de défaite, à rester à la présidence jusqu’en 2001 et à désigner un nouveau premier-ministre (BBC - http://news.bbc.co.uk/hi/english/world/europe/newsid_936000/936780.stm)

Les Etats-Unis ont prévu des manœuvres navales conjointes avec les Croates les 25 et 26 septembre dans l’Adriatique (BBC - http://news.bbc.co.uk/hi/english/world/europe/newsid_936000/936780.stm).

Justin Raimundo (droite libertarienne pacifiste) estime que les Etats-Unis combattront probablement Kostunica comme ils ont combattu Milosevic et dénonce l’alarmisme de ceux qu’il appelle le « Fan Club de Milosevic » : Jared Israel, Max Sinclair, Peter Maher, Karen Talbot, Michel Chossudovskyet Niko Varkevisser (Antiwar - http://www.antiwar.com/justin/j092200.html )

La KFOR n’escortera pas les urnes électorales pour les élections fédérales au Kosovo (AFP - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=201896&section=Kosovo). Oliver Ivanovic et de nombreux observateurs au Kosovo mettent en cause la fiabilité du scrutin fédéral dans les 283 bureaux de vote de cette province : rien ne pourra empêcher le double-vote déclarent-ils, en outre, il est probable que des Albanais radicaux voteront Milosevic pour accéler le processus d’indépendance comme ils l’auraient fait, dit-on, par le passé (AFP - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=201895&section=Kosovo)

Dans le cadre de l’autre campagne électorale (celle des élections municipales au Kosovo, des supporters du PDK de M. Thaci lapident une maison serbe et mettent à sac les bureaux de la LDK à Lipljan (10 km au sud de Pristina) (AFP - http://www.centraleurope.com/yugoslaviatoday/news.php3?id=201904&section=Kosovo).

200 observateurs (dont Michel Collon pour la Belgique) de 50 pays arrivent en Serbie pour surveiller les élections. Le gouvernement yougoslave a refusé la présence d’observateurs désignés par les pays de l’OTAN ou de l’OSCE (qui est sous contrôle de l’OTAN). Le Conseil de l’Europe lundi, comme les Etats-Unis, a fait un procès d’intention aux autorités yougoslaves en déclarant que les élections ne seront « selon toute probabilité pas libres et pas justes » ("will not be, in all probability, free and fair."). Kostnuica a accusé le gouvernement de trafiquer les résultats en jouant sur les un million d’Albanais du Kosovo inscrits sur les listes. Vojislav Mihailovic pour sa part déclare que la Serbie doit s’allier à l’Europe (« We can neither forgive nor forget the NATO bombardments, but we must turn toward Europe,toward America, and find partners there, as we have done with Russia. ») (AFP - http://www.FreeRepublic.com/forum/a39c8ff1166f5.htm)

Politika du 19 septembre reprend des infos pubiées sur Internet (notamment sur le site de Jared Israel, dont des extraits d’auditions du Sénat américain à l’automne dernier où les congressmen ont proposé l’encerclement de la Serbie) et cite les personnalités et organes de presse yougoslave bénéficiaires de l’aide américaine. Le Nouvel Observateur, lui, rappelle que l’Union européenne, qui a mis au point un programme d’aide aux organes d’information indépendants en Serbie, au Monténégro et au Kosovo, leur a déjà versé, en 1998 et 1999, près de 60 millions de francs. A l’initiative d’une demi-douzaine d’institutions et d’organisations non gouvernementales européennes, des bourses ont en outre été attribuées à 336 journalistes (http://www.nouvelobs.com/evenement/monde1_3.html)

Muhamedin Kullashi, maître de conférence à Paris VIII et ami de I. Kadaré, qui a essayé de discréditer à l’automne les article d’Elisabeth Lévy sur les mensonges de l’OTAN se réjouissait dans Le Monde du 5 septembre 2000 de l’effondrement de la « troisième yougoslavie » dû selon lui à la réforme consititutionnelle de M. Milosevic (et non aux millions de dollars versés au Montenegro pour qu’il s’éloigne de Belgrade – d’ailleurs M. Kullashi compare la sécession monténégrine à celle des Albanais, ce qui n’est pas nécessairement faire honneur au gouvernement de Podgorica) (Le Monde - http://www.lemonde.fr/article/0,2320,dos-3673-91223-QUO-1--,00.html). Ceci n’empêche pas en tout cas le président Milosevic en campagne au Montenegro de continuer à mobiliser les foules dans cette République (BBC - http://news.bbc.co.uk/hi/english/world/europe/newsid_933000/933107.stm).

Allant toujours plus loin dans le délire antiserbe, le Nouvel Observateur (N°1872) titre : « Le nationalisme est toujours vivant dans la tête des Serbes. Beaucoup veulent se débarrasser de Milosevic parce qu’il n’a pas été le sauveur qu’ils espéraient. Et ce qu’ils appellent de leurs voeux, c’est un nouveau sauveur... ». Il s’agit en réalité d’un extrait d’une interview de l’écrivain serbe Vidosav Stevanovic (Le Nouvel Obs sait qu’il encourrait un procès pour incitation à la haine raciale s’il omettait les guillemets), mais on sait ce qu’une telle phrase en ras, avec photos à l’appui, signifie. Vidosav Stevanovic vient de publier une biographie de Slobodan Milosevic, publiée par Fayard (un éditeur qui publie aussi des nationalistes albanais extrémistes comme Ismaïl Kadaré qui fait un éloge vibrant de son éditeur dans son « Journal de Guerre »). Stevanovic incarne la haine de soi, et un réservoir d’autoflagellation serbe dans lequel l’Occident peu puiser ses sources de légitimation. Au palmarès des sottises proférées par M. Stevanovic dans son interview on retiendra : « Kustunica marche dans cette propagande perverse du pouvoir qui fait croire aux Serbes que le TPI est dirigé contre eux ! » (apparemment M. Stevanovic n’a jamais étudié de près l’action du TPIY) et encore : « Le remède est celui employé pour l’Allemagne après la deuxième guerre mondiale. Le peuple allemand a été très bien soigné. En Serbie aussi, il faut les dollars d’un plan Marshall et les rigueurs d’un Nuremberg. Le TPI, c’est un pas en avant pour l’humanité et une grande chance pour tous les pays des Balkans, l’occasion de dénoncer nos criminels et de nous débarrasser de tous les extrémistes. » En cinq lignes M. Stevanovic cautionne l’analogie Serbie=Allemagne nazie, et l’idée que le TPI est une institution vertueuse. Difficile de faire plus idiot… (Nouvel Observateur - http://www.nouvelobs.com/evenement/monde1_3.html)